Zoonymie et classification.
Zoonyme: nom vernaculaire d'un animal.
Vernaculaire: nom qui est propre à une région ou à un pays ou à ses habitants.
La liste rouge de l'UICN.
L'UICN est une organisation non gouvernementale mondiale consacrée à la conservation de la nature.
Le sigle UICN signifie: Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
La Liste rouge nationale dresse un bilan objectif du degré de menace pesant sur les espèces en métropole et en outre-mer. Elle permet de déterminer le risque de disparition de notre territoire des espèces végétales et animales qui s’y reproduisent en milieu naturel ou qui y sont régulièrement présentes.
La Liste Rouge ne signifie pas que toutes les espèces répertoriées sont menacées.
Ainsi, la quasi totalité des turdidés chassés en France métropolitaine, sont classés LC (Préoccupation mineure), la grive mauvis est, quand à elle, classée NT (quasi menacée).
Donc, quand une association animaliste et anti-chasse (aujourd'hui c'est devenu un pléonasme !) souligne que telle ou telle espèce figure sur la liste rouge cela ne signifie pas obligatoirement que cette espèce est menacée.
RG
♣
La Liste rouge de l’UICN est un indicateur privilégié pour suivre l’état de la biodiversité dans le monde. Grâce à cet état des lieux, on sait aujourd’hui qu’une espèce de mammifères sur quatre, un oiseau sur sept, plus d’un amphibien sur trois et un tiers des espèces de conifères sont menacés d’extinction mondiale.
QU’EST-CE QUE LA LISTE ROUGE ?
La Liste rouge de l’UICN constitue l’inventaire mondial le plus complet de l’état de conservation global des espèces végétales et animales. Elle s’appuie sur une série de critères précis pour évaluer le risque d’extinction de milliers d’espèces et de sous-espèces. Ces critères s’appliquent à toutes les espèces et à toutes les parties du monde.
Fondée sur une solide base scientifique, la Liste rouge de l’UICN est reconnue comme l’outil de référence le plus fiable pour connaître le niveau des menaces pesant sur la diversité biologique spécifique. Sur la base d’une information précise sur les espèces menacées, son but essentiel est d’identifier les priorités d’action, de mobiliser l’attention du public et des responsables politiques sur l’urgence et l’étendue des problèmes de conservation, et d’inciter tous les acteurs à agir en vue de limiter le taux d’extinction des espèces.
La Liste rouge permet de répondre à des questions essentielles, telles que :
• Dans quelle mesure telle espèce est-elle menacée ?
• Par quoi telle ou telle espèce est-elle spécialement menacée ?
• Combien y a-t-il d’espèces menacées dans telle région du monde ?
• Combien a-t-on dénombré de disparitions d’espèces ?
QUELQUES CHIFFRES CLEFS:
Dans la dernière édition de la Liste rouge mondiale (version 2021.3), sur les 142 577 espèces étudiées, 40 084 sont classées menacées.
Parmi ces espèces, 41% des amphibiens, 13% des oiseaux et 26% des mammifères sont menacés d’extinction au niveau mondial. C’est également le cas pour 37% des requins et raies, 33% des coraux constructeurs de récifs et 34% des conifères.
Dans cet état des lieux, la France figure parmi les 10 pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées : au total, 1 889 espèces menacées au niveau mondial sont présentes sur son territoire, en métropole et en outre-mer.
COMMENT LA LISTE ROUGE EST-ELLE ÉTABLIE ?
Le système mis au point pour l’établissement de la Liste rouge est le résultat d’un vaste processus de concertation, d’élaboration et de validation de plusieurs années, mené par les experts de la Commission de sauvegarde des espèces de l’UICN.
Avec le système de la Liste rouge de l’UICN, chaque espèce ou sous-espèce peut être classée dans l’une des neuf catégories suivantes :
- Éteinte (EX),
- Éteinte à l’état sauvage (EW),
- En danger critique (CR),
- En danger (EN),
- Vulnérable (VU),
- Quasi menacée (NT),
- Préoccupation mineure (LC),
- Données insuffisantes (DD),
- Non évaluée (NE).
La classification d’une espèce ou d’une sous-espèce dans l’une des trois catégories d’espèces menacées d’extinction (CR, EN ou VU) s’effectue par le biais d’une série de cinq critères quantitatifs qui forment le cœur du système.
Ces critères sont basés sur différents facteurs biologiques associés au risque d’extinction : taille de population, taux de déclin, aire de répartition géographique, degré de peuplement et de fragmentation de la répartition.
Sources:
- UICN, Comité Français.
Etablie conformément aux critères de l'UICN, la Liste Rouge des espèces menacées en France vise à dresser un bilan objectif du degré de menace pesant sur les espèces de la faune et de la flore à l'échelle du territoire national.
- Statut LC: préoccupation mineure, espèce pour laquelle le risque de disparition de France métropolitaine est faible.
- Statut NA d: espèce non soumise à évaluation car régulièrement présente en métropole en hivernage ou en passage, mais pour laquelle le manque de données disponibles ne permet pas de confirmer que les critères d'une présence significative sont remplis.
- Statut DD: données insuffisantes.
- Statut NE 2: espèce non évaluée, non confrontée aux critères de la Liste Rouge mondiale.
- Statut NT: espèce quasi menacée, proche du seuil des espèces menacées ou qui pourrait être menacée si des mesures de conservation spécifiques n'étaient pas prises.
- Tendance: →: stable.
Statuts établis en 2016 pour les oiseaux nicheurs et en 2011 pour les oiseaux hivernants et de passage.
Citation des résultats UICN France, MNHN, LPO, SEOF & ONCFS (2016). La Liste Rouge des espèces menacées en France - Chapitre Oiseaux de France Métropolitaine? Paris. France
♦
→ Remarque au sujet de la grive mauvis: statut NA d (France, passage) et NT (liste rouge mondiale).
"La grive mauvis est, des 5 espèces concernées, celle qui se reproduit le plus au nord. La Russie accueille 75% des effectifs européens et les 3 Pays scandinaves en rassemblent 22%. Plus que toute autre, l’avenir de cette espèce notamment en ce qui concerne ses habitats de reproduction dépend donc de 4 pays. Elle est considérée en légère diminution et représente 14 % des prélèvements."
Source: Effectifs Européens et tendances de 2004 à 2015 des populations de merle noir et de 4 grives chassables. Dr J-C RICCI, Directeur scientifique IMPCF, Septembre 2017
♦
Pour information: La Grive à gorge noire (Turdus atrogularis), qui figure dans le tableau plus haut, si elle est très commune en Russie est une espèce rare en France.
Grives et taxinomie.
Non, la taxinomie n'est pas une nouvelle épidémie qui viendrait frapper nos chers turdidés !
Il s'agit, en fait, du système de classification des êtres vivants.
Définitions:
"Le mot taxinomie désigne la science des lois de la classification des êtres vivants..." (oiseaux.net).
ou encore:
"La taxinomie ... est la science qui a pour objet de décrire les organismes vivants et de les regrouper en entités appelées taxons afin de les identifier puis les nommer et enfin les classer. Elle complète la systématique qui est la science qui organise le classement des taxons et leurs relations..." (Techno-Sciences.net)
Ainsi, par exemple, la hiérarchie taxinomique de la grive musicienne est la suivante:
- Règne: Animalia
- Embranchement: Chordata
- Sous-embranchement: Vertebrata
- Classe: Aves
- Ordre: Passériformes
- Famille: Turdidae (Turdidés)
- Genre: Turdus
- Espèce: Philomélos
Remarques:
g. & h. en taxinomie, genre et espèce sont toujours écrits en latin et en italique.
f. La seule famille des turdidés compte 172 espèces réparties entre les 17 genres suivants:
Cataponera |
Catharus |
Chlamydochaera |
Ciclochpsis |
Cochoa |
Entomodestes |
Geokichla |
Grandala |
Hylocichla |
Ixoreus |
Myadestes |
Neocossyphus |
Ridgwayia |
Sialia |
Stizorhina |
Turdus |
Zoothera
|
Certains genres ne comportent que peu d'espèces (ex: Grandala, Cataponera, Cichlopsis, Hylocichla ou Ixoreus (une seule espèce chacun) alors que le genre Turdus en comporte plus de 85.
En France, le genre Turdus est représenté par 6 espèces:
- La grive draine (Turdus viscivorus)
- La grive litorne (Turdus pilaris)
- La grive musicienne (Turdus philomelos)
- La grive mauvis (Turdus iliacus)
- Le merle noir (Turdus merula)
- Le merle à plastron (Turdus torquatus)
↔
En de rares (voire même très rares) occasions, on a pu observer en France les espèces suivantes:
- Grive de Naumann (Turdus naumanni), hivernante occasionnelle.
- Grive obscure (Turdus obscurus), rare/occasionnel
- Grive à ailes rousses (Turdus ruficolis), présent et/ou nicheur
- Grive à gorge noire (Turdus astrogularis), présent et/ou nicheur
- Grive à gorge rousse (Turdus eunomus), rare/occasionnel
- Grive de Sibérie (Geokichla sibirica), rare/occasionnel
- Grive à dos olive (Catharus ustulatus), rare/occasionnel
- Grive à joues grise (Catharus minimus), rare/occasionnel
- Grive dama (Zoothera dauma), rare/occasionnel
- Grive dorée (Zoothera aurea), migration accidentelle
↔
La notion de sous-espèce:
La sous-espèce est un rang taxonomique intermédiaire, immédiatement inférieur à l'espèce, dans la classification classique des êtres vivants qui permet de distinguer des populations présentant de légères variations génétiques au sein de l'espèce, accentuées ou acquises au cours du temps.
Le nom des sous-espèces comporte trois parties : le nom générique, le nom spécifique et le nom sub-spécifique, formé selon les mêmes règles que le nom spécifique.
Pour l'espèce-type, le nom sub-spécifique est identique au nom spécifique.
Ex. la grive mauvis type: Turdus iliacus iliacus
La sous-espèce a une nomenclature trinomiale, c'est-à-dire formée de trois noms : le générique, le spécifique et le sub-spécifique.
Ex.:
- la grive mauvis d'Islande et des iles Féroé: Turdus iliacus coburni
- la grive musicienne. Outre l'espèce type, on connaît trois sous-espèces:
- Turdus philomelos philomélos (c'est l'espèce type). Centre et est de l'Europe, Anatolie, Caucase.
- Turdus philomélos hébridensis, ouest Ecosse et ouest Irlande.
- Turdus philomélos clarkei, ouest de l'Europe.
- Turdus philomélos nataliae, centre et ouest de la Sibérie à l'Altaï.
- la grive draine: 3 sous-espèces:
- Turdus viscivorus viscivorus, Europe, ouest Sibérie et Iran
- Turdus viscivorus deichleri , nord-ouest Afrique, Corse et Sardaigne
- Turdus viscivorus bonapartei, sous-continent Asiatique, Turkmenistan et Népal
- la grive litorne: Pas réellement de « sous-espèces » identifiées, l’espèce étant considérée comme monotypique,
- le merle noir: la taxinomie de cette espèce est assez complexe. 7 sous-espèces selon Oiseau.net:
- Turdus merula merula, Europe
- Turdus merula azorensis, Açores
- Turdus merula cabrerae, Madère et Canaries
- Turdus merula mauritanicus, nord-ouest Afrique
- Turdus merula aterrimus, Sud est Europe, Turquie, Caucase et nord Iran
- Turdus merula syriacus, iles sud Grèce, sud Turquie, sud Iran, nord Irak et Egypte
- Turdus merula intermedius, montagnes de l'Asie Centrale et nord Afghanistan
- mais, selon Avibase, il existerait 14 à 16 sous-espèces de Turdus merula et 15 selon Peter Clement !!!!
ψ
Sources: Avibase, Oiseaux.net, Ornithomédia, Le livre Thrushes de P. Clement et R. Hathway, Rechno-sciences.net et INPN-MNHN (Inventaire National du Patrimoine Naturel)
Origine des noms de grives et de merles.
Origine du nom "grive":
Aux origines des mots, des noms vernaculaires (mots employés seulement à l'intérieur d'une communauté, en général réduite).
Le nom de la grive n'a pas d'étymologie sûre.
Grive serait le féminin de l'ancien français griu, « grec », c'est-à-dire l'oiseau de la Grèce, la grive étant un oiseau migrateur qu'aux approches de l'hiver on voyait s'éloigner en direction de l'Orient.
(C'est pour une raison analogue que les Vénitiens ont nommé l'hirondelle cipriote.)
Çà, c'est la première explication. Il en existe une seconde:
On a supposé que cet oiseau avait été dénommé d'après son cri. C'est un fait assez fréquent. Ainsi la plupart des langues européennes donnent au coucou un nom qui évoque son cri. Parfois le caractère onomatopéique de ces noms s'est effacé au cours des temps. Ainsi pigeon n'est nullement évocateur, alors que son ancêtre latin, pipio, rappelait le pépiement de l'oiseau. Huppe n'a guère retenu du caractère expressif du latin upupa.
Mauvis:
Mauvis a été confondu, un temps avec mauviette (alouette).
Le Dictionnaire de l'Académie, édition de 1778, donne : « MAUVIS, petite espèce de grive, la meilleure de toutes à manger. »
Merle:
Le nom du merle vient du latin merula. Le mot latin était féminin, et merle a conservé ce genre en ancien français et dans beaucoup de patois de l'Est de la France. On voit mal pourquoi il est passé au masculin
Le merle est un oiseau siffleur. De là l'expression « siffler comme un merle ». D'autre part, le plumage du merle est normalement noir. On appelle ironiquement merle blanc un personnage doué de qualités exceptionnelles
Une trace de l'ancien genre féminin se trouve dans le diminutif féminin merlette, qui désigne, dans la langue du blason, un oiseau représenté schématiquement.
Au contraire, on dit « connu comme le loup blanc ». Le loup blanc est un vieux loup, dont le poil a blanchi et que les bergers ont fini par connaître à cause des ravages qu'il a fait parmi leurs troupeaux.
Faute de grives, on mange des merles:
Ce proverbe bien connu, qui invite à savoir se contenter de ce qu'on peut avoir, atteste combien on appréciait la chair des petits oiseaux. Ce goût, qui a disparu des grandes villes, survit encore dans certaines régions.
Grive et représentations dans l'esprit populaire:
Le nom de la grive est associé à plusieurs représentations dans l'esprit populaire:
- La couleur de l'oiseau est à l'origine du dérivé grivelé qui se dit du mélange de gris et de brun dans un plumage.
- La grive passe pour un oiseau pillard. De là l'ancien verbe griveler, qui a signifié, au XVIIe siècle, « commettre des malversations ». Ce verbe a disparu. Mais le code connaît encore son dérivé grivèlerie. Le délit de grivèlerie est celui que commet une personne qui consomme dans un restaurant ou dans un café en sachant bien qu'elle n'est pas en mesure de payer. Il a été étendu aux personnes qui se font conduire en taxi dans les mêmes conditions.
- La grive aime picorer les raisins, au point de s'enivrer.
Elle sert de terme de comparaison dans l'expression « saoul comme une grive ». Déjà les Romains avaient remarqué cette particularité. Sur le nom latin de la grive (Iurdus, d'où l'italien et l'espagnol tordo) ils avaient fait, à l'époque tardive, un verbe exturdire, qui a donné notre verbe étourdir. Le verbe français a signifié d'abord « avoir le cerveau confus (comme une grive qui s'est gorgée de raisins) », puis « faire perdre au cerveau sa sensibilité ». Le participe étourdi est devenu adjectif et a qualifié une personne qui agit sans réfléchir et est incapable de fixer son attention.
D'autres oiseaux ont servi aussi à illustrer ce défaut de l'esprit. C'est d'abord la linotte, qui doit son nom à son goût pour la graine de lin. C'est aussi l'étourneau (du latin vulgaire sturnellus, diminutif du latin classique sturnus, qui a donné en italien storno).
La ressemblance des deux premières syllabes d'étourneau et d'étourdi a pu, sinon provoquer, du moins favoriser le développement du sens figuré d'étourneau.