Armes et munitions
Les cartouches "non-toxiques" pour fusils.
La disparition prochaine du plomb s’annonce plus compliquée avec les cartouches pour fusils qu’avec les munitions pour carabines…
Depuis l’interdiction en 1991 aux Etats-Unis du plomb pour la chasse en zones humides, les cartouches « non-toxiques » pour fusils ont beaucoup progressé. Elles demeurent néanmoins toujours en retrait des munitions à grenaille de plomb. Pour certaines, en efficacité, pour d’autres en respect des armes, pour d’autres encore en coût, voire en cumul de deux de ces critères ou même des trois. Mais les innovations se poursuivent…
- Les premiers temps:
L’acier est initialement le seul matériau utilisé en remplacement du plomb. Nettement moins efficace et maltraitant rudement les canons des fusils (sa dureté Brinell est de 120 contre 15 pour le plomb durci), il inquiète à son arrivée en Europe. Les fabricants de munitions de notre continent lui transfèrent toutefois immédiatement la haute maîtrise qu’ils ont développée au fil des décennies avec le plomb. Beaucoup de chasseurs s’équipent de fusils éprouvés pour les cartouches « hautes performances » bien sûr plus efficientes que les munitions « standard ». Ils s’habituent à tirer des billes plus grosses d’un à deux numéros par rapport aux dimensions qu’ils utilisaient avec le plomb. Enfin, ils se familiarisent avec les corrections de visée à réaliser sur les oiseaux en vol : moindres qu’avec le plomb, jusqu’à 20-25 mètres en raison de la vitesse initiale plus élevée de la gerbe, supérieures ensuite avec le freinage plus important de l’acier lié à sa faible densité (7,8 contre 11,0 pour le plomb durci). L’acier reste cependant moins performant que le plomb…
- De nombreuses alternatives au plomb apparaissent au fil des années:
Le très malléable bismuth allié avec un peu d’étain pour améliorer sa tenue à l’impact (dureté Brinell de 10 contre 15 pour le plomb durci) convient à toutes les armes. L’intérêt qu’il suscite à ses débuts reflue toutefois rapidement en raison de son efficacité inférieure à ce que suggère sa densité (9,6) et il n’occupe plus qu’une place marginale.
Le zinc mêlé d’un peu d’étain pour atténuer sa fermeté, d’une dureté (18) analogue à celle du plomb extra-durci nickelé, est utilisable dans toutes les armes en bon état. Sa faible densité (7,2) le rend cependant encore moins efficace que le bismuth et il est aujourd’hui quasiment abandonné…
Le tungsten matrix, agrégat de poudre de tungstène et de résine synthétique, approche le plomb durci en dureté (12 contre 15) et en densité (10,8 contre 11,0). Mais il déçoit par ses billes moins régulières que les grains de plomb et, étant de surcroît très onéreux, son devenir apparaît limité…
Le sphero tungsten, dont les billes à haute densité (12,0) sont formées d’un noyau en tungstène entouré d’une couche de fer puis d’une pellicule d’étain, constitue le substitut au plomb le plus performant, avec une efficacité même supérieure. Plus dur encore que l’acier (150 contre 120), il ne convient toutefois qu’à des fusils extrêmement robustes et son tarif très élevé dissuade.
Le plus récent substitut au plomb est le cuivre. Plus dur que le plomb (35 contre 15) il l’est cependant beaucoup moins que l’acier (35 contre 120) et il respecte donc infiniment mieux les armes. Il y ajoute des performances observées supérieures à ce que sa densité (8,9) laisse a priori imaginer. Ce double avantage, associé à un coût élevé mais acceptable par une large part des chasseurs, lui ménage certainement un réel devenir.
D’autres substituts parfois assez étranges, tel l’alliage aluminium - bismuth - zinc - étain, tentent aussi leur chance, mais ils manquent d’arguments. Quant aux chargements mixtes acier et bismuth, acier et cuivre ou acier et tungsten matrix, ils connaissent une certaine vogue… probablement éphémère en raison de leur rapport efficacité - prix peu attractif.
L’acier devrait donc – hormis auprès des possesseurs de fusils de grande valeur qui continueront vraisemblablement à utiliser le bismuth, voire le tungsten matrix – largement s’imposer, avec le cuivre en alternative « haut de gamme ».
- Retour aux sources:
Les premières armes à feu utilisées au 15e siècle pour le tir du petit gibier étaient toutes chargées avec de la grenaille de fer rudimentaire, en fait de menus déchets de forge opportunément recyclés pour cet usage. Les grains de plomb, de forme assez aléatoire à leurs débuts d’où alors leur appellation de dragées, n’ont commencé à les remplacer qu’au milieu de 16e siècle. L’emploi de billes d’acier dans nos fusils actuels constitue donc un étonnant retour aux origines des armes de chasse !
Source : Chasse & Nature, 5 octobre 2021, Texte de Francis Grange
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Nomenclature des armes de chasse à canon lisse, calibres 12 mm, 36 et .410.
Novembre 2021
Je reprends ici un post que j'avais publié, il y a plus de 6 ans, sur un forum de chasse spécialisé.
L'article ci-dessous reprend et complète les articles précédents consacrés aux carabines de jardin (https://des-grives-aux-merles.blog4ever.com/les-carabines-de-jardin) et au calibre 32 (https://des-grives-aux-merles.blog4ever.com/le-calibre-32-vu-par-un-americain-1).
Cet article est le premier d'une série consacrée à l'inventaire de tous les calibres d'armes de chasse à canon lisse existant, en voie de disparition ou totalement disparus.
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Un calibre de fusil se détermine par le nombre de balles que l’on fabrique par livre de plomb. Ainsi:
cal 12 =12 balles; cal 20 = 20 balles; cal 24 = 24 balles; cal 28 = 28 balle, etc, etc...
Mais, alors, quid du calibre 410 = ???, 410 balles de plomb ?, mais ce serait un calibre encore plus petit que celui d’une carabine à plombs !!!
Du coup, ça m’a intrigué et je me suis lancé dans des recherches sur divers sites français, anglais, américains et italiens qui m’ont conduit beaucoup plus loin que je ne le pensais.
Je partage donc avec vous le résultat de mes recherches et de mes interrogations.
Techniquement, le mot « calibre » désigne le diamètre interne du canon d’un fusil, exprimé dans un système d’unité de mesures (millimètres, dixièmes ou centièmes de pouce, etc…).
Mais, s’agissant des armes de chasse à canon lisse, la terminologie employée pour désigner le calibre des armes repose sur un système très ancien, à savoir, le nombre de balles rondes du diamètre interne d’un canon cylindrique que l’on peut fondre à partir d’une livre de plomb.
La valeur de la livre de plomb retenue est la valeur de la livre anglaise, soit : 453,6 grammes.
- Nota 1 Avant de retenir la livre anglaise comme mesure-étalon, la valeur de la livre était différente d’un pays à l’autre (ex : 489,5 g en France, 467,711 g en Prusse).
Ainsi, l’appellation calibre 12 signifie qu’à partir de 453,6 g de plomb on peut fabriquer 12 balles au diamètre interne de l’arme.
Le calibre 20 est d’un diamètre plus petit : on peut fabriquer 20 balles à partir d’une livre de plomb.
Et ainsi de suite…. Plus le diamètre est étroit, plus le nombre de balles est élevé.
- Nota 2 : Autrefois, la terminologie était la suivante: « 12 balles à la livre, 16 balles à la livre, 20 balles à la livre, etc…
- Nota 3 : Pour la petite histoire, le mot « calibre » vient de l’arabe « qualib » qui signifie « moule » (pas l’animal, mais l’ustensile !!!)
Pour les amateurs, (si, si, il y en a !!! ), à partir du calibre nominal (12, 16, 20, etc...) on peut calculer le diamètre théorique de la balle.
Il suffit (!) d’appliquer la formule suivante :
Dans laquelle « d » = le diamètre théorique recherché, « 42,431 » est un coefficient multiplicateur fixe et « n » = le calibre nominal (c’est-à-dire le nombre de balles).
Ainsi, pour le calibre 12 :
- « n » = 12
- racine cubique de 1/12 = 0,436790232
- « d » = 42,431 x 0,436790232 ; soit un diamètre de 18,53 mm.
Le tableau ci-dessous présente, en face de chaque calibre nominal (en anglais: "gauge"), l’alésage, en mm (en anglais: "bore" ), avec la correspondance en millièmes de pouce (inch), ainsi que le poids de la balle en plomb (grammes, onces et grains)
La dernière ligne du tableau ci-dessus est pour le moins surprenante.
Calibre 67,5, qu’est-ce que c’est que çà ?
Hé bien c’est notre « 12 mm », aussi appelée « calibre 36 » et qui n’est autre que le « calibre .410 ».
Calibre 36: c’est une appellation passée dans l’usage courant et pérennisée par les fabricants de cartouches qui, selon le mode de calcul présenté plus haut correspond à un alésage de 12,85 mm (d'où l'appellation 12 mm) très proche de celui de la 14 mm (ou calibre 32).
Bon, le sujet est très technique et, je le reconnais, parfois rébarbatif (l’extraction des racines cubiques, hein !!! ).
D’où il ressort que le véritable calibre 36 n’est pas la 12 mm, alias .410…..
Mais, question: ce calibre 36 a-t’il jamais existé ?
Pour ma part, je n’en ai jamais vu.
Mais avec Internet, tout est possible...
Quelques heures de recherches plus tard, je déniche sur un excellent site anglais ( fourten.org.uk) les preuves de l’existence de ce calibre.
Pour résumer, l’auteur, amateur de petits calibres de chasse a fait l’acquisition, par l’intermédiaire du site Gunsamerica.com, d’un juxtaposé à percussion annoncé comme un cal. 28 ou “un peu plus petit”.
A l’examen, l’arme comporte des marquages belges, dont l’alésage qui est de 12,8 mm.
Il s’agit là d’un vrai calibre 36 et non d’un calibre .410 (appelé abusivement 12 mm ou 36).
La photo ci-dessous permet de comparer: à gauche le calibre 36; à droite, le calibre .410
Oui, il y a une différence entre les deux calibres, mais elle est minime.
En tout état de fait, cet ancien calibre 36 n'est plus fabriqué ni commercialisé. C'est devenu une pièce de collection.
Sources: http://www.fourten.org.uk/index.html
RG
32 gauge (calibre 32).
L’auteur, Skip Hutchison est essentiellement chasseur de bécassines.
L’article ci-dessous, intitulé : : « A thirty-two gauge ?», est tiré de son site (The snipe hunter). Traduction de l’américain et adaptation au contexte par mes soins.
Il exprime un point de vue intéressant sur un calibre que j’affectionne particulièrement
RG
Qu'est-ce qui a tué le calibre 32? Saviez-vous qu'il existait encore des armes de ce calibre?
Il n'a jamais été très courant aux États-Unis, mais il était certainement mieux connu il y a deux ou trois générations qu'aujourd'hui. Je ne sais pas combien de compagnies d'armes américaines fabriquaient des armes de calibre 32, mais je sais, par exemple, que la firme Harrington & Richardson a produit des armes à un coup dans ce calibre :
Je connais également au moins un fabricant de munitions américain qui chargeait des cartouches de calibre 32 et j'imagine que d'autres fabricants l’ont fait aussi. Aujourd'hui, plus aucun n’en fabrique et seul Fiocchi importe ces cartouches.
Alors, pourquoi le calibre 32 a-t-il disparu ?
Bien sûr, nous savons que la réponse à cette question est simple : il y avait beaucoup trop d'autres choix et certains calibres ont été laissés pour compte. Le calibre 32 essayait de combler une lacune qui, en fait, n'existait pas. Avec un diamètre d'alésage nominal de 0,526 " (13,36 mm), il n’est que de vingt-quatre millièmes de pouce (0,610 mm) plus petit qu'un calibre 28 (13,97 mm). En comparaison, le calibre 28 est soixante-cinq millièmes de pouce (1,66 mm) plus petit que le calibre 20 (15,63 mm). Le destin aurait pu sourire au calibre 32 et rendre obsolètes les calibres 28 et .410, mais cela ne s’est pas passé ainsi.
Les choses n'auraient été ni meilleures ni pires si cela s'était produit, elles auraient été seulement différentes.
A titre de comparaison, ci-dessous, (de g à d): calibres 28, 32, et .410
L'image ci-dessous est extraite d'un catalogue Remington 1918-1919.
Il est intéressant de noter que le diamètre des deux cartouches est exprimé en millimètres. Malheureusement, ces désignations sont loin de la réalité.
Douze millimètres pour le .410 ? Un diamètre de 0,410 " est inférieur à onze millimètres, soit 0,433". C'est aussi faux que de l'appeler calibre 36, ce qui se fait encore aujourd'hui.
Mais ce qui est encore plus faux, c'est de baptiser calibre 32 une cartouche dite de 14 millimètres alors que son diamètre réel est plus proche de 13 millimètres que de 14 millimètres…
Conçu pour le marché européen, mon fusil calibre 32 est estampillé "14-65" soit le pseudo diamètre de l'alésage et la longueur de la chambre, exprimés en millimètres.
=<>=
Alors, comment et pourquoi mon intérêt pour cet obscur petit calibre 32 ?
Sans doute rien de plus que le désir d'être différent. C’est même raison qui m’a poussé à acquérir, il y a quelques décennies, un calibre 28. Le 28 n'était guère une rareté à l'époque, mais personne de ma connaissance n'en avait un ou chassait avec ce calibre. C'était bien avant Internet et l'information était alors beaucoup plus locale. Si quelqu'un était assez âgé pour posséder un fusil de chasse, c'était soit un calibre 12 soit un calibre 20. Les plus jeunes avaient un .410.
Aujourd’hui, si vous voulez chasser avec quelque chose qui sort de l'ordinaire mais qui n'est pas totalement ésotérique, vous avez le choix entre le calibre 24 ou le calibre 32.
C’est pour cette raison, que j’ai décidé que j’aurais l'un ou l'autre, ou même les deux.
Il a fallu environ un an avant que quelqu'un me contacte avec un calibre 32 à vendre à un prix raisonnable. Jusque-là, j’avais bien trouvé quelques en calibre 24 et 32, mais les prix demandés étaient ahurissants.
Maintenant, qu'en est-il des caractéristiques du calibre 32?
- C’est un calibre difficile à trouver.
- Les munitions sont également d’un prix élevé et le matériel de rechargement n’est pas disponible. (note du traducteur : le matériel en question est du type presse MEC 600).
- Je ne dispose, actuellement, que d’un petit nombre de formules de rechargement et, d'après les conversations téléphoniques que j'ai eues avec des personnes et des entreprises qui font de telles choses, il ne semble pas que plus rien ne se produira dans un proche avenir.
Alors, comment peut-on justifier le besoin du calibre 32 ? Je mentirais si je disais que je peux. Cependant, la justification n'a jamais été une raison suffisante pour empêcher de nombreuses personnes de faire beaucoup de choses, surtout s’agissant d'armes à feu. Si les critères sont fondés uniquement sur la puissance, le calibre 32 est digne de la tâche quand il s'agit de tuer efficacement les bécassines.
J'ai eu de la chance de les tirer avec le .410 et le calibre 32 est sans aucun doute supérieur sur le terrain. Une charge de plombs plus efficace combinée à des bourres mieux conçues sont les 2 raisons pour lesquelles la supériorité du calibre 32 est incontestable.
Il n’appartient qu’à vous de décider si vous voulez chasser avec un fusil qui se démarque des autres ou bien avec une arme d’un calibre courant.
Source : http://www.thesnipehunter.com/page29.html
<=>
Le calibre 32 n'est pas totalement "mort et enterré" aux USA.
Il y a des amateurs (fortunés) de ce calibre prêts à mettre le prix dans un 32 superposé ou juxtaposé.
Ainsi, l'outfitter (pourvoyeur) Gordys & Sons à Houston (Texas), commercialise des armes de ce calibre fabriquées en collaboration avec Rizzini Custom.
De véritables merveilles !
BR 552
RB Regal
Et le prix ?
Et bien, le juxtaposé (BR552) coûte la modique somme de 15995 $...
Le superposé (RB Regal) est soldé à... 11995 $, seulement...
On peut rêver...
Les substituts au plomb, addenda.
8 juin 2020
L’excellent blog «FCM25 », apporte quelques précisions supplémentaires quant au passage plomb -> substituts et semble privilégier l’acier. Ainsi, l’auteur, P. Lefeuvre, collaborateur de la revue « Armes de chasse », écrit :
05 juin 2020
Acier pour tous : le "vent" du boulet
Les revues spécialisées nous le prédisent, dans dix ans, exit le plomb et substitut pour tous, sans doute à forte prépondérance acier vu le prix. Le chambardement déjà enregistré pour les chasseurs de gibier d’eau il y a quelques années, impactera donc tout le monde, mais de quelle manière ?.....
07 juin 2020
Pigeon : faut-il avoir peur de l'acier
Tout le monde a peur du changement, et on peut ne pas aimer l’idée d’avoir à abandonner ce que nous avons utilisé toute notre vie, mais que cela nous plaise ou non, nous sommes à la merci d’une opinion publique qui ne chasse pas forcément (1) et pour qui le plomb doit disparaître du paysage : peintures, carburants…et munitions !
La tendance semble amorcée pour, vers 2025, un abandon que nous connaissions certes déjà pour les zones humides, et qui va s’étendre à l’ensemble du petit gibier.
Néanmoins, elle est (étude US de Tom Roster), pour les substituts, bien plus complète que pour le tungstène déjà controversé (cancérigène ? interdit au Danemark), le bismuth et le cuivre doux (chers). Dans ce cadre, l’acier restera sûrement, vu son prix la première cible de la production....
(1) La chasse n’est plus, pour la population, considérée comme une nécessité, la plupart des gens (et malheureusement, certains chasseurs…) la considérant comme une activité seulement « récréative » ! On fermera plus facilement les yeux sur les dommages collatéraux d’une nécessité (le plomb dans le carburant par exemple), que d’un « loisir ». Bien sûr, attention aux « effets cliquets » que ne manqueront jamais d’enclencher, dès que c’est possible, les ennemis de la chasse. Est-il besoin de la « nécessité » de trois coups pour abattre un gibier ? Imaginez la suite …
Liens : http://fcm25.canalblog.com/
Les substituts au plomb.
14 mai 2020
Il semblerait bien que chasseurs, tireurs (et même pêcheurs !) nous nous acheminions lentement mais sûrement vers une interdiction du plomb.
- Le Chasseur Français, Mai 2020 :
« La Commission Européenne, par l’entremise de l’ECHA (Agence européenne des produits chimiques) planche sur la question du « zonage ». Ce terme désigne l’interdiction d’utiliser de la grenaille de plomb autour d’une zone humide temporaire et élargie à 400 m !!!... Le porteur de munitions plombifères contrôlé dans cette zone se retrouverait dans l’illégalité. »
- Chassons.com, 13 Janvier 2020 :
« La Commission européenne (CE) a adressé une proposition de restriction de l’utilisation du plomb dans les munitions il y a plus de six mois à l’Agence européenne des Produits chimiques. Celle-ci pourrait donner lieu à terme à l’interdiction totale du plomb en Europe. »
- UFA, 4 Janvier 2020 :
« Alors que l’on croyait que l’idée d’interdiction de munitions à ogive plomb était repoussée aux calendes grecques, voilà que la Commission européenne vient de demander à l’ECHA [1] de préparer une proposition d’interdiction des munitions à base de plomb. Cela toucherait aussi bien l’utilisation à la chasse dans la nature que les tireurs sportifs et leurs installations. Même les accessoires en plomb des pêcheurs seraient impactés. »
https://www.armes-ufa.com/spip.php?article2560
Questionné à propos de cette évolution réglementaire, T. Coste, conseiller politique de la FNC, estime « qu’on n’échappera pas, à terme, à l’interdiction du plomb dans les cartouches et les balles ».
En clair, cela signifie que les fabricants devront mettre au point des substituts au plomb à la fois peu coûteux, efficaces et utilisables dans toutes les armes de chasse et de tir.
L’information sur ce sujet est très fragmentée, dispersée et peu documentée.
Le tableau ci-dessous est un essai de synthèse de toutes les données que j’ai pu collecter. Le lecteur voudra bien me pardonner pour les oublis et/ou inexactitudes qu’il pourrait comporter.
Par ailleurs, j’ajoute que je suis preneur de toutes informations disponibles sur le sujet.
- Tableau de synthèse des substituts au plomb
7 métaux ont été retenus : zinc, étain, fer doux (appelé acier), cuivre doux, bismuth, plomb, tungstène.
Leur densité va de 7,15 (zinc), le plus léger, à 19,25 (tungstène pur), le plus lourd.
Il existe bien sûr d’autres métaux dont la densité est proche de celle du plomb (argent pur : 10,5 ; palladium : 12,2) ou bien très élevée (or pur : 19,32 ; platine : 21,5 ; iridium : 22,4) leur rareté et leur prix les excluent du champ des possibles.
- Le plomb :
Le plomb de chasse est en fait un alliage composé de 96,4% de plomb + 3,2% d’antimoine + 0,4% d’arsenic.
Avec une densité de 11,35, le plomb se situe au milieu du tableau. Outre sa densité qui lui procure une haute énergie cinétique, il possède une qualité qui a fait de lui le projectile idéal, ceci depuis le XVIIe siècle (1) : la ductilité (dureté 1,5), c’est-à-dire la capacité à se déformer plastiquement sans se rompre. Ses excellentes propriétés physiques permettent de longues portées de tir.
(1) Jusqu’au XVIIIe siècle, emploi de la grenaille de fer doux
Pour résumer, le plomb est dense et malléable, il ricoche moins, il possède une forte inertie, il peut être produit sous la forme de billes très petites, d'une sphéricité parfaite, il peut être tiré dans tous les fusils de chasse et avec tous les types de chokes et, enfin, son coût est abordable, MAIS il est très toxique et, déjà banni des zones humides, il va vite devenir un formidable prétexte pour les écologistes…
- Les métaux plus légers que le plomb :
- Le zinc : C'est un métal assez mou, un peu friable, plus dur que le plomb mais moins que l’acier. Il n'existe que peu de cartouches au zinc pur (Tunet Zinc, 40€ les 25 cartouches en calibre 12/70) par contre il est employé en faible pourcentage dans certains alliages. En outre il semblerait présenter une certaine toxicité.
- L’étain et les alliages zinc-étain : faible densité, indice de dureté semblable à celui du plomb, l’étain et ses alliages présentent l’avantage de pouvoir être tirés dans tous les fusils et tous les chokages. L’étain n’est pas toxique.Son coût, est élevé : de l’ordre de 30 à 40€ les 25 cartouches en calibre 12/70 (Tunet Epoque, de 35 à 46€).
- Le fer doux : appelé également acier. Il présente un avantage considérable sur les autres substituts : il est, relativement, bon marché et c’est le plus répandu. Inconvénients : l’acier est dur, il requiert des canons éprouvés « acier » (cartouches « Hautes Pressions») et des chokes ouverts (max. ½ choke). Compte tenu de sa faible densité, pour obtenir une charge de poids équivalente à celle du plomb il nécessite des douilles de 70 à 76 mm et des « plombs » de 2 numéros supérieurs pour une énergie cinétique à peu près identique. Exit, donc, les fusils non éprouvés acier et à chokes fixes, sauf à tirer des cartouches dites « standard » à basse pression (et avec des performances réduites). Toutefois, ce type de munition connaît un grand développement et l’offre est variée dans les calibres 12, 16, 20, 28 .
- Le cuivre doux : plus dense et moins dur que l’acier, le cuivre doux recuit pourrait être une des grenailles de l’avenir. Sa ductilité, sans être identique à celle du plomb est supérieure à celle de l’acier. Il semblerait également que les armes non éprouvées « acier » supportent le cuivre (cartouches basse pression). Prix élevé : chez Vouzelaud, calibres 12, 16 ou 20, pb n° 3,4,5,7 ½, 15,90€ les 10. Tunet, prix de 28,50 à 39€ les 25 cartouches.
- Le bismuth et le bismuth-étain : N’était son prix, le bismuth et surtout le bismuth allié à 3 à 10% d’étain ferait un substitut au plomb très acceptable, compte tenu de sa densité (9,8) et de sa dureté (env. 2 sur l’échelle de Mohs). Métal considéré comme non toxique, il passe très bien dans tous les fusils et tous les chokes.
Ce qui passe moins bien, ce sont les prix : plus de 3 € la cartouche en calibre 12/70 jusqu’à 5,29 € pièce pour des Winchester Extended 46 g en 12/76. Dans les petits calibres il faut compter 1,75 € en 20/70 et 2,25 € en 28/70 (Vouzelaud)…
- Les métaux et alliages plus lourds que le plomb :
Il existe toute une gamme de produits dont la densité va de 12 g/cc à 18 g/cc.
Tous ces produits sont à base de tungstène (densité, pur : 19,25), allié à d’autres métaux : nickel, fer, bismuth,étain, acier, bronze, etc…
Ce sont tous des produits hautement performants et extrêmement coûteux.
Ils permettent des tirs à longue, voire très longue distance, l'utilisation de billes petites à très petites (n° 7, 7 1/2, 9) dans tous les calibres, y compris les calibres 28 et .410.
Par contre, compte tenu de la dureté du tungstène, les canons doivent être éprouvés à 1320 bars + fleur de lys et munis de chokes spéciaux.
Parmi les munitions de ce type les plus performantes, mais aussi les plus coûteuses, la firme américaine HEVI-Shot commercialise la HEVI 18 TSS Turkey dans les calibres 12, 20 et .410 en plomb n° 7 et 9. Il s'agit de tungstène de densité 18 g/cc.
Le prix ? 10 $ US... la cartouche, soit environ 9,60€...
- sources:
https://www.hevishot.com/catalog/hevi-18/
Pour abaisser sensiblement les coûts en procédant soi-même au rechargement, on pourra se référer au site ci-dessous:
- Autres substituts à haute densité;
- Le Sphéro-tungstène: il est constitué d’un noyau dense de tungstène entouré d’une couronne spécifique plus malléable, le tout recouvert d’un enrobage d’étain.
Utilisable uniquement avec des fusils éprouvés acier, il coûte environ 3,90€ à 4,50€ pièce en calibre 12 magnum.
- Le Tungstène matrix: il s'agit d'un mélange de 93% de poudre de tungstène et de 7% de liant polymère (nylon). Sa densité est de 16 g/cc, donc bien supérieure au plomb. Ce substitut peut être tiré dans les armes éprouvées à 960 bars et avec tous les chokes. Mélangé avec des billes d'acier, son prix est de l'ordre de 3€,
RG