Au cul levé

Autre possibilité, « chasser la grive, au cul levé dans les vignes et/ou le long des haies. Durant la migration ou en hivernage, les grives fréquentent les parcelles de vignes en journée et les haies à baies à la recherche de nourriture. Cette chasse consiste à débusquer les grives, avec ou sans chien, et de les tirer au cul levé. »
Patrice Guillot comme son frère Emmanuel, pratique aussi la passée. « Ce mode de chasse consiste à se positionner sur les axes de passage des oiseaux pour les tirer au vol. Il se pratique à la passée du matin ou à la passée du soir. Malheureusement, ce jeudi les grives pointaient aux abonnés absents. Soudain, un faisan, effarouché par le tintamarre effectué pour déloger les grives, prend son envol à portée de fusil des chasseurs. « On ne tire pas », crie Patrice Guillot. Ce n’est pas le jour. Comme pour les trois lièvres et le brocard qui avaient élu domicile dans les vignes et qui ont pris la poudre d’escampette sous la poussée des chiens. « Ça vole à droite, à vous », signale à plusieurs reprises Patrice Guillot. Des coups de feu claquent. Les prises s’enchaînent. Des grives, il y en a encore qui grappillent mais pas « autant que l’année dernière où elles pullulaient », font observer les chasseurs, avec une pointe de déception.

 

Deux vagues bleues

En fait, les grives ont vendangé avant les chasseurs. Avec le décalage d’une bonne huitaine de jours des vendanges dans le Mâconnais en raison des conditions climatiques, les grives ont commencé leur migration. Le signe de ce mouvement a été observé au cours de l’après-midi avec le passage de trois vagues bleues. Des palombes survolaient le Mâconnais pour rejoindre leurs zones d’hivernage. « C’est fabuleux ! », s’exclamaient les chasseurs admiratifs. 
Pourquoi cet itinéraire ? Les vieux chasseurs de Cruzille expliquent que « les palombes en provenance de Scandinavie, de Finlande, ou de Russie, vont passer l’hiver dans le sud de l’Europe ou le nord de l’Afrique. Elles traversent la France en diagonale. Leur principal couloir de migration reste naturellement celui du sud-ouest pour le plus gros des troupes. Mais un couloir s’est ouvert par la vallée du Rhône. En fonction des conditions climatiques : quand le passage est bouché dans le sud-ouest, elles passent plus à l’est, ou au nord, en prenant soin d’éviter le Massif central. »
Ce jeudi, faute de grives, les chasseurs ont mangé des merles. Mais, « leur engouement pour la grive, demeure intact. »

 

Auteur: Jean-Pierre Tissier