Grives et poésie.
Une Anthologie des poésies consacrées aux grives ?
On peut être chasseur et aussi amateur de poésies, n’en déplaise à nos détracteurs toujours prompts à nous caricaturer.
Ceci ne constitue pas une Anthologie de la Poésie consacrée aux grives et merles, mais simplement le résultat de mes découvertes...
RG
La Grive, une fable d'Esope.
Une grive picorait dans un bosquet de myrtes, et, charmée par la douceur de leurs baies, elle ne pouvait le quitter. Un oiseleur, ayant remarqué qu’elle se plaisait en ce lieu, la prit à la glu. Alors, se voyant près d’être tuée, elle dit : « Malheureuse que je suis ! pour le plaisir de manger, je me prive de la vie. »
La fable s’adresse au débauché qui se perd par le plaisir.
Froide matinée...
Froide matinée,
Il fait encore sombre,
Dans le bois j’attends l’aube silencieux.
Au loin, le dernier cri de la chouette.
J'observe...
Je me gèle les mains,
j’attends, en silence… c’est l’heure,
Le tic-tic-tic du rouge-gorge rompt le silence,
L’un après l’autre s’éveillent les chanteurs de l’aube.
Je commence à chiler,
le froid persiste. Insouciant de mes mains,
je chile,.
L'aube est rouge feu,
Aucun oiseau n'est attiré par mon appeau.
Silence, indifférence.
Je me déplace dans la rosée,
mes pas font reverdir l'herbe,
le fusil est lourd tel un rocher.
Je traîne un poids inutile.
Je trouve un bel endroit,
avec des chênes rouvres et des chênes blancs,
J'essaie l'appeau.
Mon œil fixe une feuille flétrie qui tourbillonne.
Le temps passe, inexorable,
je n'y crois plus, mais, voilà que j'entends une réponse,
c'est sur ma droite, puis à gauche,
en haut, en bas.
Et puis plus rien.
Le lutin noir de la forêt s'est joué de moi.
Je sors du bois et ...
je me retrouve dans un rond de sorcières.
Coïncidences ?
un vent froid cinglant se lève,
C'est l'invitation à rentrer en hâte.
Seule reste l'émotion.
Marco Stagnaro (Mirko) 2009, "Freddo mattino"
ξ
Ces émotions là sont réservées à ceux qui pratiquent assidûment ce mode de chasse...
L'inspiration qui m'a poussé à écrire ce poème a son origine dans une catégorie de merles expérimentés, lutins, farceurs, qui "savent lire et écrire", façon de parler, mais peu s'en faut...
Eh bien, relèvent de cette catégorie là les merles que j' appelle " merles farandoleurs". Ils commencent d'abord par être attirés par le chilet puis ils s'amusent à tourner autour du chileur. Il semble toujours que, d'un instant à l'autre, ils vont prendre peur. Mais au contraire, à un moment donné, ils s'éloignent, laissant au chasseur seulement le sentiment qu'ils se sont moqués de lui.
Si, ensuite, après cette aventure, on se déplace de quelques mètres et qu'on se retrouve alors dans un rond de sorcière (cercle formé par une variété particulière de champignons), le tour est joué !...
On imagine alors que l'endroit est ensorcelé...
Gel et vent ont soudain fait le reste.
Marco Stagnaro
Traduction française: RG Raphael)
Source: https://chioccoloecaccia.wordpress.com/
ε
Qu'est ce que le chilet ? Définition fournie par l'ANDCTG (Association Nationale de Défense des Chasses Traditionnelles à la Grive):
"Le chilet est le terme provençal de l’appeau. C’est un sifflet imitant le cri ou le chant des oiseaux pour les attirer. Autrefois, il satisfaisait les besoins de la chasse qui étaient un moyen de subsistance et de complément de revenu. Actuellement, il est devenu aussi un plaisir de dialogue entre l’animal et l’homme.
Les tous premiers chilets étaient fabriqués avec des éléments naturels tels que des noyaux d’abricots, d’olives, de cerises. Des coquilles d’escargots percées d’un petit trou rond, ou encore de simples bouts de roseau bien taillés, munis d’un trou faisaient l’affaire."
Protestation d'un merle blessé par un chasseur.
Protestation d’un merle blessé par un chasseur...
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Ceci n'est pas un jeu
Je ne suis ni perdreau, ni caille, ni bécasse !
- Parbleu, répondit le cruel
A cette réflexion naïve,
Sache donc qu'il n'est rien de tel
Qu'un merle à défaut de grive.
♣
Antonio Aparisi-Serres, poète dacquois (1883-1956), Fables et vérités, 1926,
Die Drossel: La Grive.
Je ne veux plus sortir du jardin,
Tant que durera l’été,
J’ai entendu la joyeuse grive seulement,
Qui chantait dans la vallée.
L’enfant qui capture une grive ;
Dans la cage, la dépose,
Mais elle ne chantera plus et penche
Sa tête constamment.
Encore une fois, elle regarde l’enfant
D’un regard suppliant,
Soudain, la grive redevient joyeuse et lumineuse,
Un éclair dans ses yeux et s’éteint.
Ludwig Uhland (1787-1862), poète romantique allemand.