Des grives aux merles

Des grives aux merles

Histoires de chasse.


La poudre noire et le fusil à broche.

Souvenirs de M. G. Emery, tiré des "Contes du Maillet" ouvrage aujourd'hui introuvable et publié dans la Gazette de la Gervanne.

 

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Fusil Lefaucheux, calibre 16 à broche.

 

Dans notre pays, l'enfance baignait au sein d'une nature austère et sauvage. L'état primitif de notre existence et de notre isolement exigeait des compensations pour ne pas sombrer dans trop de mélancolie le long de journées interminables où rien ne se passait.

Il y avait la routine de l'école 5 jours par semaine et l'aide aux travaux des champs le soir, en revenant avant de faire les devoirs et d'étudier les leçons. Cet emploi du temps se déroulait principalement au printemps ou en été, mais à l'automne les jours étant plus courts, il fallait meubler les longues soirées. Rien ne troublait le silence du vent à part quelques appels d'un corbeau inquiet pour son gésier plus ou moins bien garni à l'orée de la nuit ou le chien de chasse du voisin hurlant, la truffe en l'air, sentant déjà la piste du lendemain.

Et c'est ainsi que me revient le souvenir d'un emploi du temps pour l'automne, faisant partie intégrante du calendrier saisonnier de toutes les activités campagnardes, pour vivre, survivre et exister, pendant le long engourdissement de l'hiver. Car notre époque était à peine sortie des torpeurs moyenâgeuses, sans électricité, sans radio, sans téléphone, avec pratiquement rien du tout.

Il y avait donc un moyen de se défouler, de se défendre tout en faisant un salutaire exercice et concentrer son esprit comme nos plus arriérés ancêtres des cavernes : chasser pour survivre. La chasse n'étant cependant plus une nécessité, elle restait l'unique délassement. On en parlait en travaillant, en mangeant, on en rêvait en dormant. Bref, à part les guerres dévastatrices, les nouvelles de second intérêt ne nous parvenaient que par quelques rares quotidiens et le facteur chargé de les distribuer, bien souvent en avait d'autrement meilleures que celles écrites sur le papier. Tout petit et toutes oreilles sur le monde à découvrir, cet instinct chasseur passait à merveille, alors, déjà sur les bancs de l'école, chacun affichait sa suffisance avec les valeureux exploits de son propre papa. Nos ambitions consistaient donc à en faire autant sinon plus lorsque l'âge requis nous le permettrait, c'est-à-dire encore longtemps après avoir quitté les bancs de l'école soit à l'âge de 16 ans révolus, sous responsabilité parentale, pour la délivrance d'un permis ; cet âge là arriva tout doucement à notre gré, mais maintenant je dirais : »hélas, bien trop vite ! ».

A mes 17 ans, je fus donc pourvu d'un permis de chasse tout neuf et nul besoin de prendre des leçons pratiques ou théoriques pour le certificat d'aptitudes, celles-ci ayant été depuis belle lurette enregistrées comme une conduite accompagnée de nos jours et dispensées par des parents dont la prudence n'avait rien à voir avec celle de certain « nemrods » d'aujourd'hui, téméraires et inconscients drapés de vantardise.

Les cartouches étant chères selon le point de vue de papa, il préférait donc les faire. Certains soirs à la veillée, on débarrassait la table de la cuisine et tant pis si les devoirs n'étaient pas relus et les leçons mal enregistrées. Faire les cartouches c'était solennel, car la réussite d'un beau coup de fusil dépendait du bon dosage des ingrédients et, dans leur confection, entrait une longue pratique et une bonne dose de concentration. On avait des mesures, des chargettes, et beaucoup d'instinct. Le sertissage lui-même se faisait comme la dernière main à une oeuvre d'art. On éloignait la lampe à pétrole pour qu'une éventuelle maladresse dont nul n'est à l'abri ne vienne mettre le feu « aux poudres » et aussi, pas question d'allumer la cigarette de gros gris, mais l'attrait de l'opération valait bien ce sacrifice. La sorte de poudre utilisée pour le genre de fusil, type LEFAUCHEUX, de papa, était l'héritage des bonnes vieilles poudres d'antan qui chargeaient déjà les fusils à pierre de Napoléon, puis les fusils dits « à piston », parce que déjà plus moderne, qu'on bourrait par la gueule avec une baguette emmanchée d'un petit piston au diamètre du calibre du canon et l'allumage se faisait, suprême technologie, par une amorce enfoncée sur la « cheminée » dont la mise à feu était provoquée par la percussion d'un « chien » venant s'écraser sur celle-ci au moment où l'on pressait sur la détente. Cette poudre, dite noire, avait une qualité : elle possédait un très bon effet propulseur alors que les nouvelles poudres employées depuis le début du siècle 1900 dans les nouveaux fusils, encore munis de chiens, puis ceux de type Hammerlès sans cet accessoire, tiraient des cartouches à percussion centrale beaucoup plus violentes. Ceci grâce à cette poudre dite « T » qui combinait effet propulseur et effet brisant.

Mais ces fusils modernes, équipés en conséquence avec de nombreux « verrous » résistaient à pareilles épreuves alors que les anciens pouvaient éclater ou, tout au moins, en être sérieusement ébranlés. La poudre noire avait cependant un défaut ; elle tonnait comme un coup de canon, donc bonjour la discrétion, très utile dans certains cas, et générait une fumée quelque peu encombrante pour juger rapidement du résultat sur l'objet ciblé, en l'occurrence une grive ou une perdrix.

 

Ainsi, petit à petit, je me familiarisais au métier d'artificier avec les qualités d'un dompteur face à un élément capricieux aux réflexes surprenants : la Poudre.

A mes seize ans, je savais confectionner de belles cartouches bien rondes avec plombs de différentes grosseurs, bourres grasses ou sèches, cartons blancs avec numéro de plomb inscrit dessus. Comme mes seize ans, les douilles étaient de calibre seize, mais un peu différentes des modernes, car une pointe dépassait perpendiculairement au culot. Cette pointe, lors du tir, recevait le chien comme un coup de marteau provoquant l'inflammation de l'amorce à l'intérieur qui mettait le feu à la charge. Processus assez long techniquement, ce qui déclenchait l'ironie de quelques chasseurs fanfarons mieux pourvus en armes modernes. Le thème moqueur était ainsi répertorié : le gibier voyant le chien basculer avait le temps de détaler avant de sentir arriver rageusement les plombs à ses oreilles.

Lors de ma période en phase d'initiation, c'est-à-dire dans mes seize ans, j'accompagnais papa au cours de ses safaris et lui servait de rabatteur avec plus ou moins de succès, confirmé illico presto soit par une mine radieusement éclairée soit par une invective à la hauteur du dépit.  

A mes dix-sept ans, donc début septembre 1946, j'eus enfin mon premier permis, comme beaucoup de mes « classards », et inutile de dire ce que représentait ce diplôme vis-à-vis d'une virilité qui, de tous temps, n'a demandé qu'à s'exprimer d'une façon ou d'une autre. La gente féminine, depuis nos ancêtres les gaulois, et même bien au-delà, n'a cessé d'admirer un valeureux chasseur, sans peur et sans reproche.

Pour mes premiers essais, quelques corbeaux malchanceux en firent les frais, ce qui n'était déjà pas un mince résultat étant donné leur méfiance proverbiale qui leur a permis de survivre depuis la nuit des temps contre catastrophes et calamités terrestres. Mon vieux fusil à piston ; cajolé lui aussi, participait à mes défoulements, en espérant, au moment crucial où la mire s'était accordé avec la cible, que son humeur ne lui fasse pas faire long feu pour un coup à retardement lorsque le gibier décampait, ce qui arrivait assez fréquemment par temps humide.

Mais mon importance atteignait son comble lorsque le vieux fusil à broche de mon père croisait sa bretelle en cuir sur mes épaules. Ainsi, plus sûr de mon coup, je partais souvent à « l'éperre » aux grives pendant la saison sous un non moins vieux noyer au bout de notre champ où les grives de passage faisaient une halte pour détendre leurs ailes endolories. Il m'arrivait aussi de partir au clair de lune, vers le BEC POINTU, au cas peu probable où un coq de bruyère en mal d'amour aurait donné rendez-vous à sa belle près de la fontaine de l'Ollagnier.

Heureux temps où Tétras Lyres (coqs de bruyère), perdrix, lièvres, vrais sangliers, tourdes, lapins, fias-fias etc. ... foisonnaient un peu partout à la grande satisfaction des vrais chasseurs et vrais braconniers. Le prélèvement pour une sélection se faisait avec le concours des renards, des faucons et des aigles, sans heurts ni massacres, et l'équilibre ne fut rompu que suite à la généralisation des voitures amenant des hardes de destructeurs, avec permis craquant le carton neuf, depuis nos villes jusqu'ici restées à l'écart.

Mais la nostalgie ne restaurera rien et mieux vaut se remémorer les belles histoires d'avant ce temps-là/

Je me revois encore allant par un froid intense, dans la neige, attendre le lever du jour, pour seulement peut-être envoyer maladroitement une gerbe de plombs à une pauvre grive affolée cherchant quelques graines de genièvre sous la couverture neigeuse des genévriers rabougris. Le froid gelait les doigts sur la gâchette, mais l'instinct et la volupté innée en chacun d'entre nous agissait comme un puissant anesthésiant ou comme antigel.

Un jour, pris d'un soudain désir d'aventure tel un trappeur canadien à la vue d'une belle neige qui commençait à papillonner, j'empoignais fébrilement le fusil à broche et raflait à la hâte quelques cartouches de petits plombs par-dessus la cheminée. En général, les munitions siégeaient en un coin très sec qui ne pouvait être que près d'une source de chaleur : cheminée ou cuisinière. Je voulus en enfourner une certaine quantité dans mes poches quand soudain, par une maladresse impardonnable, une cartouche me glissa des doigts.

Malicieusement, le hasard l'orienta pointant vers le bas sa broche qui percuta le sol de tout le poids de la charge. Ladite broche s'enfonça dans l'amorce intérieure et soudain, comme un tremblement de terre, la cuisine explosa. La douille en carton avait éclaté, le souffle fit vaciller la lampe à pétrole sur sa suspension, des plombs - probablement du « 8 » - voltigèrent dans tous les sens, arrosant le bas des meubles tout en tambourinant contre l'arrosoir en fer blanc. Mais le clou de la scène fut sans aucun doute l'accompagnement vocal réalisé grâce à ma soeur Suzanne par un splendide couinement d'orfraie, heureusement contenu dans la pièce cuisine où, comme au théâtre, pour les effets mythiques sur fonds surréalistes, une épaisse fumée bleue noyait tous les décors. Maman ne fut pas en reste pour augmenter la sonorisation d'un cran, car les tympans ayant frôlé l'éclatement, ceux-ci n'enregistraient plus rien à part un bourdonnement comparable à celui d'un essaim de frelons enragés.

Heureusement, sur scène ne figuraient que ces deux actrices. Mon père vaquait aux soins matinaux du bétail. Je pense qu'il dut cependant percevoir un écho, mais, prenant fusil et jambes à mon cou, je partis sans chercher à approfondir le sujet, et bientôt les flocons m'enveloppèrent de leur calme sollicitude. Je disparus de la matinée. Je gambadais dans les bois à la recherche d'un quelconque gibier qui me vaudrait une indulgence plénière, ne serait-ce qu'un malheureux corbeau. Mais ce vœu-là ne fut pas exaucé et finalement je comptais bien que tout serait mis sur le compte de la fatalité ce qui fut le cas une fois la fumée de poudre noire partie rejoindre toutes les fumées dans l'atmosphère purificatrice. Lorsque je rentrais, tard dans l'après-midi, c'était le calme plat, les chats avaient repris leur ronron régulier, Fauvette la chienne, qui avait frôlé un malaise, se remettait elle aussi, cependant elle conserva, encore pendant un certain temps, ancré au subconscient le coup de pétard qui paraît-il l'avait laissée sous le choc un bon bout de temps, en réagissant nerveusement à chaque claquement inopiné de porte ou autre bruit intempestif.

De tout cela, il resta une bonne histoire à raconter de temps à autre parmi des voisins railleurs qui ne manquaient pas une occasion de me narguer avec leurs beaux fusils à percussion centrale ou Hammerlès. Car avec leurs cartouches rondes où rien ne dépassait, pareil incident ne pouvait se produire.

Je regarde toujours avec nostalgie et regrets ce vieux fusil que je bichonne encore et pour lequel, ô comble de la béatitude !, j'ai pu trouver il y a peu de temps de vraies munitions. sur commande naturellement, mais combien précieuses. Mes deux vieux fusils à piston du siècle 1800 eux aussi ont leur place, dans le tiroir aux souvenirs d'un subconscient toujours en vadrouille dont les déplacements super gratuits m'attirent toujours là où certaines racines ne peuvent pas mourir.

 

                                                                                                   Gaston EMERY

 

 

 

 

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16/10/2020
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Une matinée au poste à feu bien mal engagée...

Villeneuve-lès-Avignon, un dimanche matin de janvier, 5 h 15.

La nuit est d’un noir d’encre. La rue, déserte à cette heure, est faiblement éclairée par quelques rares lampadaires.

Je sors tout le matériel hors du garage. C’est une véritable expédition pour aller au poste à feu à Mornas.

Je vérifie :

- La toile du poste, bien roulée dans le sac à dos.

- 4 tubes en duralumin (1,75 m de long).

- 8 fers à béton (1,20 m chacun), coudés aux extrémités et emboîtés dans les tubes, ils forment la structure du poste.

- un petit sac de piquets et de cordages, pour arrimer le poste en cas de vent.

- Le toit du poste et ses 2 barres-support (imperméable, le toit).

- une caisse d’appelants (5 en tout).

- la « biasse » et le thermos de café.

- un siège pliant.

- le fusil, les cartouches, une lampe.

Bon, tout y est, aligné dans la rue, devant la maison.

Je charge à toute vitesse, il ne s’agit pas de traîner. J’ai près de 40 km à faire. Avec la traversée d’Orange il me faut environ 45 minutes pour être à pied d’œuvre avant le jour. Surtout que j’ai une autre contrainte : arriver sur les lieux avant M. Léon qui, lui aussi, convoite l’emplacement.

M. Léon, il a un gros avantage sur moi, il habite à Mondragon, c’est-à-dire à moins de 10 km de l’emplacement convoité.

Cet avantage fait aussi sa faiblesse : il ne se lève pas très tôt…A moi de faire ce qu’il faut pour arriver le premier !

Bon, ça a bien roulé. Pas de circulation à cette heure-là un dimanche matin.

Voilà, j’y suis presque. Je longe la digue, passe le pont qui franchit la lône qui joue le rôle de frontière entre le Vaucluse et le Gard. Car je suis maintenant dans le Gard. Plus exactement sur le territoire de Saint Etienne des Sorts, petite enclave rattachée à la société communale de Mornas.

Me voilà arrivé. La voiture de M. Léon n’est pas là, c’est gagné !!! Oui, mais de justesse car je vois poindre au loin les phares de mon concurrent. Apparemment, il a décidé de se lever plus tôt que d’habitude.

Nous nous saluons, échangeons quelques mots. M. Léon ira s’installer beaucoup plus loin.

Allez, au travail ! D’abord le poste. Je transporte tous les éléments sur l’emplacement choisi et je procède au montage. C’est le plus long. J’y vois mal malgré la lampe, il fait froid, j’ai les doigts gourds. La structure est enfin montée, la toile camo est fixée dessus, ne reste plus que le toit à poser.

Ça y est, c’est terminé ! Retour à la voiture. Je prends les appelants et le siège.

Accrochage des cages aux supports prévus à cet effet. C’est rapide. Le pliant dans le poste.

Il ne reste plus qu’à prendre les cartouches, la « biasse », le thermos et le fusil.

Retour à la voiture et là, là… Il y a bien la gibecière, mais le fusil, où est-il ? Pas dans le coffre, ni à l’arrière de la voiture… Putain !!! Je l’ai oublié !!! Merde de putain de merde !!! Et je revois la scène : avant de charger la voiture je l’ai appuyé contre le muret devant la maison. Dans la rue. Il est resté dans la rue !!! N’importe qui peut s’en emparer.

Vite, il me faut retourner. Je ne peux pas laisser les appelants seuls, ainsi, dans la nature. Allez, hop, dans la caisse et la caisse dans le coffre. Tant pis pour le poste, je n’ai pas le temps de le démonter.

Me voilà parti, roulant à tombeau ouvert sur les petites routes de Mornas.

Voilà l’entrée de l’autoroute (à l’époque, entrée à Piolenc, pas de sortie par contre) et maintenant je fonce.

Les 40 kilomètres, j’ai pas du mettre 25 minutes pour les parcourir !

Me voilà presque arrivé, dernier tournant, mon cœur bat très fort, le jour se lève à peine, il fait encore sombre… Et si quelqu’un était passé, et si on me l’avait pris, mon fusil.

Mais non, il est là où je l’avais laissé, dans son étui, appuyé contre le muret.

Ouf !!! Merci Grand Saint Hubert !!!

Vite je le mets à l’arrière. Demi-tour et je repars vers Mornas.

Circulation plus intense, sortie de l’autoroute à Orange, feux rouges… Bref, quand, je m’installe enfin dans mon poste il fait grand jour et ce matin-là, je ne tirerai pas la moindre grive.

Mais comme on dit, cela me fera un souvenir et désormais je serai vraiment beaucoup plus attentif au chargement...

 

RG

 

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Mon poste en toile

 

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01/05/2019
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Les grives de Gédéon.

21 avril 2020

Confiné à domicile, j'ai tout mon temps pour parcourir le net.

On y découvre parfois de petits trésors, tel ce récit dont j'ignore tout de l'auteur sinon son nom: M. Gaston EMERY et qu'il a un beau talent de conteur.

Je lui adresse le même jour un mail qui restera sans réponse pour cause de mise en quarantaine (COVID)...

Le 3 mai 2020, j'apprends son décès à l'âge de 90 ans.

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20 septembre 2020

Mes recherches m'ont appris beaucoup de choses sur l'auteur. C'était un homme hors du commun, doté d'une forte personnalité et je regrette de ne pas avoir pu entrer en contact avec lui.

Le récit ci dessous fait partie des "Contes du Maillet", publié dans la "Gazette de la Gervanne".

Le livre est introuvable sinon sur la toile. C'est un recueil de souvenirs de l'auteur dont je présente ici quelques passages qui ont trait à la chasse "autrefois" 

 

 RG

 

 

Les grives de Gédéon

 

GEDEON faisait des trappes : une lause dressée avec quatre bouts de bois, au-dessous de laquelle on mettait un « agranu » (appât) constitué par des graines de genièvre bien mûres donc violettes à souhait, un délice irrésistible pour notre volatile à la recherche de pitance lorsque la neige recouvrait la nature. Ces graines restaient visibles parce que la lauze à demi inclinée faisait office de paravent. Alors, en quête de maraude, dame grive se laissait tenter : allez donc penser que là était bien le piège mortel !
La saison débutait après les « tourdres « qui, eux, grappillaient seulement dans les vignes. On ne pouvait guère les prendre à la trappe ; leur chasse restait un sport au fusil mais c'était moins rentable, car une cartouche coûtait des sous et la trappe rien du tout, sauf une attention journalière.
Les « fia-fia » faisaient une première migration en décembre et là, ça commençait. Gédéon avait les meilleurs terrains de la commune, celui que les « fia-fia » colonisaient de préférence. Il rénovait rapidement son substantiel territoire de trappeur et chaque jour partait à la récolte, une « boge » (sac d'engrais en jute) sur le dos ou en écharpe s'il faisait un peu froid pour faire mine de rien.
Les « fia-fia », qui détiennent ce sobriquet du fait que leur jargon est essentiellement « tchia tchia » restaient sur place ou allaient plus loin, mais revenaient en force fin janvier.
Entre temps, une autre grive plus sédentaire, la « paysanne » bien musclée et au long cri de crécelle, aimait à baguenauder dans les parties de champ émergeant du manteau blanc, mais parfois ne dédaignaient pas, elles aussi, un petit condiment de genièvre.

Aux premières lueurs des fins de gros hiver, une petite grive migratrice aux petits appels pointus clôturait la saison. C'était la « quine » toute frêle mais à la chair ô combien délicate, un peu comme son cousin le « tourdre ».
Ainsi Gédéon, aux revenus assez modestes en dehors de son café tenu de main de maîtresse par dame « DEONE », surnom bien facile à définir étant l'épouse de DEON, partait tous les matins, comme un vrai trappeur canadien, arpenter les bois enneigés. Il ne craignait pas la bise, et les microbes, ou les virus comme on dit aujourd'hui, n'essayaient même pas de se frotter à ses bronches, sûrs d'y perdre quelques chose. Maintenant, on a inventé le vaccin et les trois quart du temps, on reste « bien au chaud pour ne rien attraper ! ». A d'autres temps, d'autres mœurs !
Dame Déon faisait ainsi de fabuleuses conserves auxquelles rien ne manquait même pas une chenille malencontreusement aspirée par inadvertance dans un gésier glouton, gésier que l'on ne vidait pas toujours, étant censé récupérer rien d'autre que les graines de genièvre. Qu'à cela ne tienne, la myopie de Déone (mais quand même, soulignons son authentique prénom : en l'occurrence Célestine, dite « Céleste » par son Déon) cette myopie donc, associée à celle de Déon faisait merveille pour occulter de petits détails de si faible importance. Au cours de l'année, dans la salle de café, ils organisaient tous deux des concours de belote avec en entractes une dégustation de grives de conserve, et le participant sur lequel avait échu l'asticot - comme une fève dans la galette des rois - le rangeait stoïquement sur le bord de l'assiette, ou bien pour ne pas guère remarquer une certaine gêne l'avalait tout simplement. Et cela n'a jamais tué personne, bien au contraire ! Surtout qu'un bon et généreux canon de « Clainton » calait le tout là où il fallait.
Chaque semaine, Déon partait à Die, car il était devenu fournisseur attitré d'un grand restaurant, dont le nom ne m'est pas revenu. Si la récolte était bonne, sa « boge » était en partie pleine et heureusement qu'une part importante de plumes venait en alléger le poids, sinon les quelques 20 km de parcours se seraient apparentés à un vrai pèlerinage de pénitents, comme au Moyen Age.
Son manège ne passait pas inaperçu pour tous et certains confrères braconniers, le jalousant, s'en allèrent persifler par-ci par-là des rumeurs pour que cela fasse tinter les oreilles de la maréchaussée. Car on parlait déjà de réprimer le braconnage, et la gendarmerie de Saillans, ne pouvant le prendre sur le fait, s'attaqua aux instruments du délit dont les emplacements furent bien désignés par certains mouchards professionnels.
La suite faisant l'objet d'un autre chapitre sera dévoilée dans une prochaine rubrique, avec si possible un sujet supplémentaire à GEDEON.
Pour l'épilogue de ce petit récit : de nos jours, le braconnage est sévèrement puni, alors qu'il n'y a pratiquement plus rien à braconner. De notre temps, braconnage et chasse régulière faisaient bon ménage, se complétant l'un l'autre. Le gibier abondait. Ne souffrant d'aucune pollution, il se reproduisait à grande cadence, prédateurs et sélections naturelles maintenant l'équilibre. Le Progrès est arrivé avec son cortège d'émancipations de toutes sortes. Si bien que seuls les valeureux corbeaux font encore entendre quelque chose au moins les jours de grande bise où, de concert, elle hurle avec eux la complainte perdue au cours d'un tourbillon dévastateur et irrattrapable.

 

                                                                                                 Gaston EMERY

A suivre...

 


 

Notes: Les récits de M. Emery se déroulent principalement à l'Escoulin, hameau des Maillets, dans la haute vallée de la Gervanne, Drôme. 

 


23/09/2020
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Une chasse aux grives insolite à Barry.

UNE CHASSE INSOLITE A BARRY

(ou la mésaventure de deux jeunes chasseurs)

 

 

 

Une partie de chasse peu banale pour de jeunes chasseurs, Claude et René, leur péripétie se situant en octobre ou novembre de l’année 1955….

Claude travaille dans la ferme familiale à Lambisque où son père est exploitant agricole. Lors des « veillées » depuis son jeune âge, Claude est bercé par les histoires et anecdotes de chasse. Tous les hommes de son entourage sont des chasseurs passionnés et leurs épouses se transmettent des recettes de plats de gibiers et se racontent les festins qui s’ensuivent. Le jeune Claude est vite conquis par la passion de la chasse et les mets délicieux de gibier…

Depuis que son physique lui permet de parcourir la campagne, Claude accompagne ses grands-pères, son oncle et son père à la chasse. Cette année-là enfin, il a atteint l’âge légal (16ans) pour pratiquer la traque et le tir du gibier avec un fusil ; une passion qui ne l’abandonnera plus…

Il rend souvent visite à ses grands-parents à St Pierre où il fait la connaissance d’un garçon voisin, René. Ils deviennent rapidement copains, René est aussi un passionné de chasse.

Dans les années 1950, l’agriculture traditionnelle n’utilise pas de produits chimiques, pesticides et insecticides funestes pour la faune sauvage. La mécanisation : tracteurs et autres engins agricoles est encore balbutiante et ne gêne pas le gibier. Le remembrement des parcelles dans les plaines n’a pas eu lieu, les champs sont toujours bordés de haies touffues servant à protéger les récoltes du Mistral en offrant aussi des lieux de refuge et de nidification aux passereaux et aux lapins.

Le gibier qui est abondant se délecte dans les jardins et cultures causant des pertes parfois importantes aux exploitants. À cette époque, les potagers, les parcelles cultivées et les arbres fruitiers sont agrémentés d’indispensables épouvantails.

Le tir du petit gibier et son piégeage avec des lecques, des collets ou de la glu sont coutumiers et procurent au cours de l’hiver un complément peu onéreux de nourriture gustative…

Claude avec ses économies d’argent de poche, a acheté depuis peu une mobylette d’occasion. Ce petit et populaire cyclomoteur lui permet une ou deux fois la semaine après le travail des champs à Lambisque de rejoindre René à St Pierre. Le lieu de rendez-vous habituel des deux copains est le bistrot du hameau…

Dans cet unique café de St Pierre se retrouvent après la journée de travail les hommes du quartier dont la plupart sont des chasseurs et dans lequel la société de chasse a domicilié son siège social. Les deux amis, autour d’un verre de limonade écoutent attentivement les anciens causer de la chasse : anecdotes, conseils, informations etc.

Un vendredi soir il y a plus d’animation que d’habitude : Les « tourdres » (grives) sont arrivés !…. L’hiver sera probablement très froid vu les nuées de vols qui passent !….Préparez vos cartouches pour la passée à Barry !… On va se régaler de bonnes rôties ! (*1) clament les vieux chasseurs

Les deux copains ne perdent pas une miette de ce qu’il se dit et décident de participer à cette allégresse générale. Ils se donnent rendez-vous  le lendemain à 13 h 30, afin d’être les premiers sur la montagne de Barry pour choisir le meilleur emplacement de tir.

Ce samedi-là, il fait un « froid de canard » la température oscille entre moins deux et un degré avec un Mistral à tout casser, d’ailleurs les deux amis ne croisent personne dans les rues de St Pierre. À l’heure dite, le fusil en bandoulière et les poches pleines de cartouches, ils gravissent sur leur mobylette le chemin charretier montant à Barry en pédalant avec énergie pour aider les moteurs poussifs, mais aussi pour se réchauffer.

Effectivement, comme prévu, ils sont arrivés les premiers sur la colline et choisissent le poste de tir le plus adéquat sur une butte à proximité de la ruine dite : « La maison du four à pain ».

La « passée ou la couchée » (*2) des grives ne commence qu’à la descente du soleil vers 16 heures. Avant l’arrivée massive des volatiles pour les premiers tirs, ils doivent patienter plus d’une heure dans le froid rigoureux derrière une touffe d’arbuste.

Malgré les gros pull-overs, la canadienne, le passe-montagne et les gants, dans l’immobilité, les jeunes « menrods » sont rapidement frigorifiés avec les doigts engourdis par l’environnement glacial. René dit :  » Claude ramasse un fagot de bois, je vais allumer un feu dans la cheminée de la maison abandonnée »…

Aussitôt, les garçons ramassent des brassées de bois sec, puis se dirigent vers la ruine, impatients d’un peu de chaleur.

Arrivés devant l’âtre une surprise les attend : à droite de la cheminée, une paire de pieds dépassent du four à pain, ils pensent immédiatement que c’est un chasseur s’abritant du froid.

« Hé ! Sortez de là, nous allons faire du feu », l’individu ne semble pas avoir entendu.

Claude pour le réveiller lui tapote les pieds, mais ceux-ci sont raides comme le bois sec qu’il vient d’amasser ! « Il est mort ! S’écrie-t-il ».

Paralysés par l’effroi les jeunes chasseurs fixent le four à pain où gît le cadavre lové en chien de fusil. Après de longues minutes, ce sont les violentes morsures du froid qui les sort de leur hébétude. « Il faut prévenir les gendarmes ! », sitôt dit, ils détalent, enfourchent leur mobylette et redescendent à toute vitesse au village…

À St Pierre, ils entrent en trombe dans le bistrot et s’écrient : « y a un mort à Barry ! »

Les quelques habitués et le tenancier les entourent aussitôt et posent des questions en rafales, « Qui est mort ? Où est le mort ? Qui a tiré ? » etc., auxquels s’ajoutent en pareille circonstance des commentaires idiots : « ils sont trop jeunes pour porter un fusil, etc. »

Tétanisés par le froid et le trouble, ils sont pris de violents tremblements et éclatent en sanglot ne pouvant qu’ânonner quelques mots que personne ne saisit…

Le patron du bar comprend que les garçons qu’il connaît bien sont en état de choc et ordonne avec autorité aux présents de se taire. Il les installe à côté du grand poêle à charbon dont il réactive la flamme, puis leur sert un grand bol de café très chaud et bien arrosé de gnole….

Ce n’est qu’une vingtaine de minutes plus tard, réchauffés et calmés que les deux amis racontent avec précision leur mésaventure, au grand soulagement du « bistroquet » qui avait cru que les garçons étaient la cause d’un accident de chasse…

Les gendarmes et le Maire sont alertés. L’enquête de gendarmerie a conclu que l’individu était décédé d’épuisement et de froid. Dans leur colonne « faits divers » les journaux locaux relatèrent cet événement dramatique en donnant quelques précisions. Le personnage était le fils d’un ancien boulanger qui exerçait à Bollène bien avant la guerre… Un vagabond d’une quarantaine d’années, se nourrissant de ce qu’il trouvait dans la nature, il s’était rapproché des lieux de son enfance ; la faim et le froid ont mis un terme à sa vie…

Mr Claude Armand m’a conté à maintes reprises ce souvenir qui a marqué une page de sa vie en caractères noirs, il en était encore très affecté. « En ces années, me disait-il, les paysans étaient hospitaliers, pourquoi cet homme ne s’est-il pas rapproché d’une ferme ? Dans nos campagnes, on ne laissait pas les gens mourir de faim et de froid »…

Pendant près de trente années Claude Armand fut Président de l’association de chasse de Bollène. Il s’efforça de maintenir une chasse conviviale ; un loisir simple très près de la nature. Parmi les premiers défenseurs de la nature, les vrais écolos, il alerta très tôt la fédération de chasse et la chambre d’agriculture sur la disparition d’insectes et de passereaux causée par les produits chimiques, de même que sur le remembrement des parcelles provocant lui aussi d’énormes ravages sur la faune sauvage…

Aidés de chasseurs bénévoles, il entreprit dans le parc de la Garenne à Bollène, un élevage de perdreaux, de faisans et de lapins afin de les réintroduire dans la nature pour combler les dommages créés par l’agriculture intensive ; « Tôt ou tard, certains arriveront à s’accommoder des produits chimiques ! » déclarait-il…

Il était attristé par les attaques injustifiées des citadins et de certaines organisations contre les chasseurs. « Est-ce que les « Footeux » détruisent leur stade après chaque match ? Non, ils l’entretiennent pour pratiquer leur sport régulièrement. Eh bien les chasseurs font de même ! Non ! Les chasseurs ne sont pas des destructeurs », disait-il amèrement

Cet attachant amoureux de la nature, fils de paysan, quitta l’exploitation agricole mais fut rattrapé par un produit phytosanitaire qu’il avait inhalé en toute ignorance de sa haute toxicité lors de traitements d’arbres fruitiers. Latent pendant quatre décennies, ce produit très utilisé par l’agriculture d’alors se réactiva, lui déclenchant une forme de leucémie qui mit fin prématurément à ses jours.

Claude Dalmas septembre 2020

Texte écrit d’après le témoignage de Monsieur Claude Armand (1 939 – 2 020).

 

(*1) La rôtie : mets délicieux de grives lardés déposées sur des tranches de pain et rôties au four ; à l’ancienne rôties sur un tournebroche.

(*2) La passée : lieu habituel où passent les migrateurs. La couchée ; à la tombée du jour, voie de passage des grives qui vont se réfugier pour la nuit en vols groupés dans les arbres aux ramures denses sur les collines.

 

Source:  https://barry-aeria.fr/une-chasse-aux-grives-insolite-a-barry/

 


18/11/2022
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Comment un Merle blanc se joua d’un renard trop gourmand ...

- Une légende de Bretagne (Ille et Vilaine): la légende du merle blanc :

 

 

 

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Une légende affirme qu’il y avait, autrefois, à la ferme du Vert-Buisson, dans la commune de Bruz, un merle blanc qui chantait tant et si bien qu’on venait de très loin pour le voir et l’entendre. Un jour, un renard qui le guettait depuis longtemps, rattrapa et allait le croquer comme un failli pierrot, lorsque l’oiseau prit la parole...

Le merle blanc lança au renard : « Si tu veux me laisser la vie sauve et me rendre la liberté je te ferai faire un copieux déjeuner demain matin. C’est jour de marché à Rennes, les passants sur la route seront nombreux, ils auront des provisions de toutes sortes, et je réponds que tu feras un repas dont tu te souviendras longtemps. » Le renard accepta.

Le lendemain, en effet, une bonne femme qui se rendait au marché, portait dans un panier, des œufs et des volailles. Tout à coup elle aperçut, sur le revers d’un talus, le merle blanc qui semblait blessé. Elle courut pour le prendre ; et dans sa précipitation renversa son panier, brisa ses œufs et jeta ses volailles dans le fossé. L’oiseau s’envola, et le renard, dans une haie, ne fit qu’un bond sur un superbe coq qu’il emporta dans sa tanière.

Lorsqu’il eût déjeuné, le merle qui l’avait accompagné, lui dit :

— Maintenant que te v’là rassasié, veux-tu rire un brin ?

— Volontiers.

— Eh bien suis-moi.

Et il emmena le renard dans le sentier d’un petit bois où il était impossible à deux hommes de marcher de front. « Cache-toi dans un buisson, lui dit-il, et tu vas voir quelque chose de drôle tout à l’heure. » Bientôt, en effet, arrivèrent deux marchands de verres et de faïences qui portaient leurs hottes sur le dos, et marchaient, l’un suivant l’autre, dans l’étroit sentier.

 

Le merle, lui, chantait sur le haut d’un chêne pour attirer leur attention. Soudain, il descendit de son arbre et alla se percher sur la hotte du premier marchand. Le second des voyageurs, en voyant cela, se dit en lui-même : « Ah, par exemple c’est tout de même trop d’audace, tu vas la gober. »

Et il leva son bâton pour frapper l’oiselet qui s’esquiva adroitement. Mais le coup avait porté tellement fort sur le panier d’osier, que de nombreux verres et écuelles furent brisés. Le premier marchand se détourna et, furieux, s’élança sur son compagnon en frappant lui aussi de toutes ses forces sur la marchandise du pauvre diable, victime du méchant oiseau, qui vit avec tristesse ses écuelles et ses verres réduits en miettes. Devinez si les deux animaux, cachés dans le bois, riaient à gorge déployée !

Une autre fois, le merle s’étant encore laissé prendre par le renard, lui dit :

– Laisse-moi la vie et rends-moi la liberté ; je te promets un déjeuner meilleur que celui de l’autre jour.

— Je le veux bien, répondit le renard, j’ai confiance en toi parce que tu ne m’as pas trompé jusqu’ici.

— Alors, écoute-moi bien : il y a dans la cour de la ferme de l’Ecorbière, près de la rabine de Blossac, une toute petite maison où une poule va, chaque matin, pondre un œuf. Il te suffira d’y aller de bonne heure, pour t’emparer de la poule et de ses œufs.

Dès le lendemain, avant que le jour fut levé, le renard alla rôder dans la cour de la ferme, et se glissa dans le fond de la loge du chien de garde. Ce dernier, un gros mâtin qui ne dormait que d’un œil, couché à deux pas sur un fumier, s’élança devant la porte de son gîte pour empêcher son ennemi d’en sortir. Lorsque le renard voulut se sauver, le chien l’étrangla d’un seul coup de mâchoire.

A partir de ce jour, on entendit le merle blanc siffler, matin et soir, dans les lauriers de la ferme du Vert-Buisson.

 

Source:  https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article8117

(D’après « La Tradition », paru en 1903)


05/07/2021
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