La bibliothèque de l'amateur de grives.
CHASSE PRATIQUE, J. Nard (La Maison Rustique, 1947)
J'ai trouvé peu d'informations sur cet auteur, sinon les titres de quelques ouvrages: Chasse pratique, bréviaire du nemrod (1947), Cailles, perdrix, faisans et autres oiseaux de chasse (1965) et Bécasses et bécassines (1962).
RG
….il est bien difficile de parler de la chasse aux grives, sans mentionner la chasse au poste, si chère aux Méridionaux. Un peu avant le lever du jour, le chasseur, muni d’une ou de plusieurs cages contenant les appelants (la grive vit très bien en captivité), se dirige vers la pinède choisie, là où il sait que les grives aiment à venir saluer les premiers rayons du soleil levant. Il doit être sur les lieux avant le jour et s’installer avant que les premières grives arrivent. Les cages attachées sur un pin, le chasseur entre dans sa cabane en branches et par les meurtrières, surveille les cimeaux (branches sèches dépassant le sommet des arbres) où les visiteuses sont invitées à venir se poser. Bientôt le « psitt psitt » des appelants le prévient de l’arrivée du gibier. C’est alors qu’il doit se dévisser les yeux, allonger le cou, se livrer à toutes les contorsions possibles et imaginables pour découvrir à travers les aiguilles de pin l’oiseau convoité. Toute la difficulté réside dans la découverte. Cette chasse ne dure qu’une quarantaine de minutes, mais il est possible, avec un peu de chance, de ramasser plusieurs victimes….
CHASSES DE PROVENCE, J.-B. Samat (Laffitte Reprints), réimpression de 1896
Jean-Baptiste Samat est né en 1865 à Marseille. Directeur du "Petit Marseillais", il était journaliste, historien et écrivain. Auteur de Chasses de Provence, il écrivit également de nombreuses monographies, aujourd'hui très recherchées et cotées en éditions originales (éditées par Manufrance): Les chiens de chasse; le gibier; les ennemis du gibier; etc... Décédé en 1930.
RG
…bien avant le jour, il ( le chasseur) est sur pied, la lanterne à la main, ses cages sur le dos, il va au poste ; sans bruit il accroche ses cages aux troncs des arbres ou sur les poteaux, en ayant soin de les mettre chacune toujours à la même place, la mangeoire tournée du coté de l’arrivée. Puis, il s’enferme dans sa cabane, et là, tranquille et immobile, il fouille la profondeur de la nuit, cherchant à percevoir un bruit, un cri, un bruissement d’ailes qui lui annonce une victime.
Le chasseur ne s’assoit pas, il ne bouge pas, il regarde tout le temps, à terre, sur les arbres, aux cimeaux, selon l’heure et le temps. Il sait que lorsque la grive est posée, elle ne remue plus, si ce n’est pour partir. Il doit donc la deviner avant qu’elle n’arrive, en l’entendant chanter dans le lointain ;
Mais chut ! ça a chiqué, fztt…fztt-fztt…fztt…fztt…fztt…frrr… la voilà, droite raide, le cou tendu, sur la partègue, immobile comme quelqu’un que la peur transit. Alors lentement, bien lentement, le chasseur allonge le bras, fouillant le vide du bout des doigts, il atteint son fusil ; il l’attire, doucement, le met en joue avec mille précautions. Tout cela sans le moindre bruit, ou sinon gare ! frrrt… un coup d’aile, un cri d’effroi, et la voilà partie….
LA CHASSE DES GRIVES AU FUSIL, Maurice de la Fuye.
Ecrit en 1912, cet ouvrage n’a pas été réédité, il est de ce fait quasiment introuvable ou à des prix très élevés.
Grâce au net, j’ai pu lire l’ouvrage dans son intégralité car il était en lecture publique sur le site d’une université ….. américaine. Merci le net !!
Quelques mots à propos de l’auteur : Né dans la Marne le 20/1/1886, M. de la Fuye est un écrivain cynégétique réputé, auteur notamment de La chasse des grives au fusil, La chasse des bécassines, Bécasse à grande quête, La chasse de la sauvagine en bateau, etc…
L’extrait qui suit comporte 4 pages.
RG
Aux origines du Chiòccolo (Marco Stagnaro).
22 Février 2025
Arrivé ce jour par voie postale, l'ouvrage, en deux tomes, de Marco Stagnaro (Mirko) est une véritable bible !
Le titre: "Alle origini del Chiòccolo", en français: "Aux origines du Chiòccolo" est le fruit de plus de 11 ans de recherches, tant en Italie qu'à l'international.
Il traite des appeaux en général et de la chasse au chiòccolo en particulier.
Comment traduire "chiòccolo" ? C'est un appeau buccal, le mot français qui s'en rapproche le plus serait le terme provençal "chilet".
Rédigé en italien, la lecture peut sembler ardue pour un non italianisant, mais, le Reverso Italien-Français aide beaucoup et les termes techniques s'acquièrent rapidement.
En outre, il est accompagné de très nombreuses photos et illustrations dont certaines inédites dans la littérature cynégétique.
L'ouvrage est divisé en deux volumes qui totalisent 1198 pages !
Vol. I - Le Texte: il fait 486 pages et traite de l'histoire, de la chasse et de la classification des appeaux.
Vol. II - l' Annexe: 712 pages, appuie le texte par une série de fiches avec photos et commentaires qui développent les différents types de références citées dans le texte
Plus de 2000 illustrations, plus de 700 auteurs cités, 177 catalogues européens cités et enfin 273 adresses internet pour approfondir les sujets.
Les volumes sont en couleur sur papier couché mat et mesurent 17x23 cm.
Chaque volume est numéroté et signé par l'auteur.
600 exemplaires ont été imprimés et aucune réimpression ne sera faite.
Pour tous renseignements et commande: toma54@hotmail.it
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L'auteur: Marco Stagnaro (dit Mirko),né en 1951 à Sestri Levante (Italie). est un passionné de la chasse avec le chilet
Il est également l'auteur de: "U và cun a ciocciua. (La
caccia con il chioccolo)"
- site web: https://chioccoloecaccia.wordpress.com/
- You Tube: https://www.youtube.com/channel/UCL6QZTTHhi5T2jeyDNXg07Q
Les "fruits de la vigne: les "vendangeuses"
« Les jeunes Paysans qui demeurent dans des Pays de Vignes prennent quantité de Merles, Grives, Tourterelles et autres sortes d’oiseaux qui mangent les raisins » (Chomel 1741, t. 2, p. 30). Au temps des vendanges, la chasse des hommes fait écho à la collecte féminine des escargots. Mais si ces derniers vivent toute l’année alentour des ceps, les premiers ne sont que des ausels de vendemia, des oiseaux de vendange qui « arrivent par bandes les 27 ou 28 août et repartent vers le 10 octobre. ». Leur migration coïncide avec celle des travailleurs saisonniers et Alban Vergne répondant aux questions d’Antonin Perbosc en cite six variétés qu’il regroupe sous le nom générique de « vendegnols », vendangeurs Un peu partout en France, Turdus musicus et Turdus iliacus, la grive commune et le mauvis sont, indistinctement d’une région à l’autre, appelés, au féminin, « grive de vigne » et « vendangette » (Rolland, Faune II, pp. 237, 244).
Femmes ou oiseaux les vendangeuses semblent partager une passion commune pour le raisin. Au début du xviiie siècle J. Boullay mettait en garde les propriétaires de l’Orléanais contre les ouvrières venues de la ville « qu’on apele comunément pances de mouton parce qu’elles ressemblent à cet animal, en ce qu’elles mangent presque toujours », « si avides de raisins » « qu’elles portent la dent sur la plupart de ceux qui leur plaisent » ce qui, outre la perte ainsi occasionnée nuit encore au rendement car « la trop grande repletion est un obstacle au travail » (Boullay 1981, p. 562). Au milieu du xxe siècle, dans le Narbonnais, les vignes du « Maritime » situées non loin de la mer, attirent les jeunes filles « de bonne famille même », qui viennent y vendanger pour profiter des effets conjugués de l’air, du soleil mais aussi des raisins : « On était persuadés que ça nous faisait énormément de bien. Ah oui, on le pensait ! Parce que le raisin que nous mangions à jeun, ça faisait une cure » (Amiel, Charuty, Fabre-Vassas 1981, p. 96). Les grives qui, en temps ordinaire, se nourrissent de différentes baies pratiquent elles aussi ce régime salutaire. La grive « aime fort le gui mais particulièrement le raisin qui l’engraisse » (Chomel 1741, t. 1, p. 360), c’est en septembre surtout que sa chair « est un excellent mets » (Joigneaux, s.d., t. 2, p. 1012).
« Pendant les vendanges les grives mangent beaucoup de raisins », leur appétit aussi insatiable que celui des « pances de moutons » est à l’origine de l’expression « saoul comme une grive dont on se servait autrefois à propos d’une personne qui avait trop mangé ou trop bu et qui s’emploie aujourd’hui quand on parle d’une personne ivre » (Rolland, Faune II, p. 235). Gavées de raisins, les « vendangeuses » ne seraient donc pas seulement dodues à souhait, leur chair imbibée aurait l’arôme subtil du vin. En traduisant le nom languedocien d’un des « oiseaux de vendange », l’Ibrogno (l’ivrogne), par le « vineux », Alban Vergne semble confirmer cette qualité du goût qu’on leur prête. Il en conteste pourtant, curieusement, la réalité, la niant à l’encontre de tous :
- Lettre d’Alban Vergne:
C’est une blague de dire qu’ils se saoulent de raisins ; ils n’en mangent jamais, pas plus que les grives(...)
Autre détail : après un ou deux jours de pluie les vendegnols deviennent si gros qu’ils ont peine à voler ce qui fait dire qu’ils sont saouls.
Or, l’explication de cette lourdeur est tout simplement liée à l’abondance de l’automne, à la richesse de la nourriture des oiseaux qui, mangeant plus qu’à satiété, acquièrent avec leur embonpoint une irrésistible paresse. Si le point d’ancrage du statut de ces « vendangeurs » se situe dans l’observation de leurs mœurs, la remarque d’Alban Vergne en est d’autant plus intéressante car, en refusant l’idée d’une véritable relation écologique entre la vigne et les oiseaux ne fait-il pas la preuve a contrario que celle-ci n’est pas toujours nécessaire pour que soit établi un rapport symbolique. Dire que les « vendegnols » sont surtout friands d’insectes, que leur « ivresse » est due à l’eau de pluie n’est-ce pas, en effet, marquer toute la distance qu’il y a entre le système naturel et celui imaginé par l’homme ?
Les correspondances que nous avions déjà mises en évidence entre la souche et le monde végétal se prolongent donc dans la faune des vignes. Mais la présence animale est plus profonde encore. Tandis que certains, comme la grive et l’escargot entre autres, acquièrent des qualités qui en font, à quelque degré, des productions de la vigne, cette dernière est à son tour marquée par des bêtes qui possèdent avec elle de curieuses affinités. Ici aussi, plus que l’espace, c’est la plante qui va être le support de ces échanges entre espèces végétale et animale. Avec cette ultime confrontation nous allons clore un champ de recherche qui va trouver son aboutissement dans la réciprocité du goût qui unit animaux et fruits de la vigne.
Source: Christiane Amiel, Les fruits de la vigne, représentations de l'environnement naturel en Languedoc, Editions de la Maison des Sciences de l'Homme -Paris-, collection ethnologie de la France, chapitre 3, "la vigne animale"