La bibliothèque de l'amateur de grives.
GIBIERS DE POCHE, CUISINE ET SAVEURS.
Voilà une excellente librairie de chasse, je devrais dire La librairie de chasse.
Il s'agit de Montbel, libraire-éditeur ( http://www.montbel.com/editions-de-montbel,fr,2,1.cfm ).
Quand on a une bonne adresse, il ne faut surtout pas hésiter à la faire connaître!
Aujourd'hui, j'ai jeté mon dévolu sur un excellent petit livre de recettes de cuisine de F. & R.-M. Roland: "Gibiers de poche, cuisine et saveurs"
RG
Le premier livre consacré exclusivement à la cuisine du petit gibier, celui que le chasseur met directement dans sa poche : grive, caille, alouette, etc. Un choix judicieux de recettes traditionnelles et originales pour cuisiner les petits oiseaux si nombreux dans nos campagne.
Cuisinière chevronnée et femme de chasseur, Frédérique Roland, de Lyon, accommode avec talent la viande prélevée dans la nature.
Illustrations originales de Richard Heitz.
◼︎ Paris, Montbel, 2009. In-8, 15 x 23 cm, broché, 96 pages.
TABLE DES PLATS
Alouette à la bourguignonne
Alouette à la minute
Alouette à la normande
Alouette à l'armagnac
Alouette en cocotte aux truffes
Amuse-gueules d'alouette
Bisque de tourterelle aux marrons
Brochette de merles
Caille à la duxelles
Caille à la turque
Caille à l'orientale
Caille au foie gras
Caille au marc de Bourgogne
Caille au miel
Caille au vin blanc
Caille aux olives
Caille bonne-maman
Caille du chatelet
Caille forestière aux champignons
Caille sur canapé et purée aux truffes
Croustade de grives
Étourneau grillé aux légumes croquants
Fricassée de tourterelle aux girolles
Grave d'alouette
Grive à la Bacchus
Grive à la bonne femme
Grive à la mode périgourdine
Grive à la provençale
Grive au genièvre
Grive au nid
Grive aux légumes
Grive aux cèpes
Grive musicienne aux raisins et au muscat
Merle aux herbes et aux olives
Merle en robe des champs
Merle au riz
Merle aux cerises
Œufs de caille au jambon de Bayonne
Œufs de caille panés
Pâté d'alouettes
Petit pâté de sansonnets
Poêlée d'étourneaux
Salmis de tourterelles
Terrine de merles
Tourterelle aux crêpes de maïs
Tourterelle au vin rouge
Tourterelle aux raisins frais
Tourterelle en Pithiviers
Tourterelle rôtie aux carottes et marrons
Tourterelle rôtie, rizotto aux champignons
Vanneau rôti aux pommes
Vanneau rôti à la Provençale
LA CHASSE AU FUSIL, G.-F. Magné De Marolles.
Gervais-François Magné de Marolles (1727-1795), est né à Tourouvre-au-Perche (Orne).
Il est considéré comme l'un des plus illustres écrivains et bibliographes cynégétiques.
"La Chasse au Fusil" est le premier ouvrage français consacré exclusivement au fusil de chasse et à la chasse à tir.
C'est également le premier traité de chasse complet.
Edité en 1788, l'ouvrage comporte deux parties:
-La première contient des recherches sur les armes de chasse qui ont précédé les armes à feu, un détail de la fabrication des canons de fusil, l'examen de plusieurs questions relatives à leur portée.
-Dans la seconde, on trouve les connaissances nécessaires pour chasser utilement les différentes espèces de gibier qui se trouvent en France, et les détails de plusieurs chasses particulières à quelques provinces.
La première édition est publié en 1788, une deuxième édition revue, corrigée et augmentée par l'auteur est publiée post-mortem en 1836.
Le texte ci-dessous est un extrait de l'édition de 1788, section III, intitulée "De la chasse des Oiseaux de terre", chapitre XII, "De la Grive; du Merle et de l'Etourneau".
Afin de garder toute sa saveur à l'ouvrage de Magné de Marolles, j'ai respecté l'orthographe de l'époque.
RG
CHAPITRE XII.
De la Grive ; du Merle, et de l’Etourneau.
I.
De la Grive.
Il y a quatre espèces de grives ; la draine ou grive de gui, qui est la plus grosse, appelée de ce dernier nom, parce qu’elle mange, en hiver, le fruit du gui, et se perche par préférence sur les arbres où il s’en trouve ; la litorne, appelée claque en Normandie, à cause de son cri, qui est cla, cla, cla. Celle-ci ne paroît qu’à l’entrée de l’hiver ; elle va par troupes : quand on en voit beaucoup, et qu’on les entend crier fréquemment, elles annoncent le froid et la gelée. Elle se tient volontiers dans les frîches, les prairies, et hante peu les bois. Ces deux espèces de grives sont les moins bonnes à manger. La première est ordinairement amère, à cause du gui qu’elle mange ; et l’autre est sujette à sentir le genièvre, qui est sa principale nourriture.
Vient ensuite la grive proprement dite, à-peu-près grosse comme la litorne, mais bien meilleure à manger. Elle est appellée tourde dans nos provinces méridionales, particulièrement en Provence ; dans d’autres provinces, vendangeuse ou grive de vigne, parce qu’elle aime beaucoup le raisin.
Enfin, la quatrième espèce est le mauvis, appellée autrement petite grive, touret, rosette, grive champenoise, et qui a encore d’autres noms suivant les différentes provinces. On la distingue particulièrement, parce qu’elle a le dessous de l’aile de couleur orangée.
Toutes les grives sont des oiseaux de passage ; mais il ne laisse pas d’en rester beaucoup qui nichent et pondent dans nos pays, excepté, néanmoins, la litorne ou claque, qui se retire dans les pays du nord, où elle trouve du genièvre en abondance. Il nous reste très-peu de petites grives ou mauvis pendant l’hiver, et il est rare qu’elles nichent dans nos contrées.
La chasse des grives est très-agréable au temps des vendanges. Enivrées par le raisin, elles se laissent approcher plus facilement dans les vignes et sur leurs bords que par-tout ailleurs. Elles sont encore très-friandes des olives : elles trouvent l’un et l’autre dans nos provinces méridionales ; ce qui fait qu’on y en voit en plus grande quantité qu’ailleurs, et qu’elles y sont, en général, plus grasses et de meilleur goût. Depuis que le raisin commence à mûrir, jusqu’après la vendange, on en voit peu dans les pays où il n’y a pas de vignobles ; mais, ce temps passé, elles se répandent par-tout où elles trouvent du genièvre, du nerprun, des cenelles, et autres baies dont elles se nourrissent. Vers la toussaints, elles viennent en foule aux aliziers, dont le fruit leur plait beaucoup, et en se mettant à l’affût sous un de ces arbres, on est assuré d’y faire bonne capture ; souvent à peine donnent-elles le temps de recharges. Il en est de même des merises ; mais la saison de la maturation de ces fruits étant le mois de juin, ce n’est guères la peine de s’amuser à cette chasse, attendu que c’est le temps où elles sont occupées du soin de leurs petits, et qu’elles sont maigres alors ; que d’ailleurs, en détruisant une grive, on détruit, le plus souvent, toute une famille de ces oiseaux, ce qui doit répugner à un chasseur.
La véritable saison pour tuer des grives est depuis la fin septembre, temps où les raisins sont en maturité, jusqu’aux premières gelées, qu’elles commencent à disparoître. Mais pour en tuer beaucoup, il faut les tirer au vol, ce qui demande une certaine adresse, et n’appartient pas au commun des chasseurs. On en tue peu, lorsqu’on ne sait les tirer que posées dans les arbres, les occasions en étant bien moins fréquentes que celles de les tirer au vol. Les pays couverts et coupés de haies sont très-propres pour tuer des grives dans l’arrière-saison : deux chasseurs qui s’entendent pour battre une haie, en la longeant chacun de son coté, sont assurés de tuer des grives et des merles, en les tirant au vol à mesure qu’ils partent.
En Provence, et particulièrement dans cette étendue de terrein qui environne Marseille, et qu’on appelle le taradou on chasse beaucoup les grives à l’arbret. L’arbret (en provençal aubret) est un petit arbre planté exprès pour la chasse dont il s’agit, appellée aussi chasse au poste, parce que le chasseur se tient caché dans une petite cabane à laquelle on donne ce nom. Cette chasse qui se fait dans l’enceinte même des bastides, non-seulement pour les grives, mais pour les ortolans et bec-figues, est un des amusements les plus chéris de la jeunesse de Marseille, et l’on prétend qu’il se trouve au moins 4000 postes dans le taradou, qui forme un pourtour d’environ quinze lieues, couvert de quinze mille de ces habitations de campagne appellées bastides. Voici le détail de cette chasse.
On choisit dans une vigne, de celles qui se trouvent encloses dans les bastides, un petit tertre ou monticule, qu’on se procure artificiellement s’il ne s’en rencontre pas un sur le lieu. On y plante un petit bouquet de jeunes pins, et au milieu un arbre de quinze à vingt pieds de haut. L’amandier est celui qui convient le mieux, par la raison que sa feuille est fort petite, et cache moins les oiseaux. Au défaut d’un arbre naturel et verd, on peut se servir d’un arbre sec qu’on plante dans le tertre. Les grives, et même les autres oiseaux s’y perchent également, excepté néanmoins l’ortolan, qui préfère les arbres verds. Parmi les jeunes pins, on a soin de mêler quelques arbrisseaux de ceux qui portent des baies qu’aiment les grives, comme myrtes, genièvres, etc. On place à terre, entre ces pins et arbustes, dans des cages, pour servir d’appeaux, cinq ou six grives prises aux gluaux, et conservées dans des volières, où on les nourrit de figues hachées avec du son et du raisin noir. Ces cages sont suspendues à des piquets, à deux ou trois pieds de terre. A quelque distance de l’arbre, on construit une cabane fort basse, en creusant la terre de deux ou trois pieds, de manière qu’elle n’excède le niveau du terrein que d’à-peu-près autant, et on la recouvre en dehors de ramée et de lierre qui est toujours verd, afin qu’elle effarouche moins les oiseaux, et que sa verdure se maintienne plusieurs jours. Il y a de ces cabanes construites en maçonnerie, et avec quelques commodités, et autour desquelles, pour en dérober la vue aux oiseaux, on plante quelques arbustes. Le chasseur se tient tapi dans sa cabane, et au chant des appeaux, il arrive de temps en temps des grives qui viennent se poser sur l’arbre, et qu’il tire, à mesure qu’elles se présentent, par de petites ouverture ménagées à la cabane. La saison de cette chasse est depuis les derniers jours de septembre jusqu’à la fin d’octobre. On la commence dès la pointe du jour ; jusqu’à sept heure est le fort du passage : elle dure cependant jusqu’à neuf ou dix heures de la matinée. On peut y tuer jusqu’à trois ou quatre douzaines de grives.
II.
Du Merle
Le merle est un manger moins délicat que la grive ; cependant, en hiver, lorsqu’il est bien gras, quelques personnes en font peu de différence. On le trouve dans les haies où il y a beaucoup de senelles, ainsi que dans les taillis, où il se tient caché dans les sépées les plus épaisses. C’est en battant les haies qu’on en tue le plus, sur-tout dans les temps de brouillard. Lorsqu’ils partent, ils filent le long de la haie, et vont se remettre à cent pas plus loin ; leur vol est plus droit et plus lent que celui de la grive, et ils sont plus aisés à tirer.
On vante comme un gibier exquis, les merles de la Corse, où il y en a une immense quantité, sur-tout dans les hivers secs et froids. Depuis la fin de décembre, que les neiges les forcent à descendre des montagnes, jusques vers la fin de février, la plaine et les côteaux en sont couverts, et ils sont si gras, qu’à peine peuvent-ils voler. Ce sont les baies de myrte dont ils se nourrissent qui les engraissent si prodigieusement, et leur donnent un parfum exquis. Les cantons où ils sont les plus excellens, sont ceux où il y a beaucoup de myrtes et peu d’oliviers. Ceux qui se nourrissent d’olives sont d’une graisse moins fine et moins délicate. Le plus grand nombre se prend avec des lacets de crin.
III.
De l’Etourneau.
L’étourneau vole toujours par bandes plus ou moins nombreuses, et ces bandes se mêlent souvent en hiver avec celles des corneilles, dont ces oiseaux paroissent aimer la compagnie. Il est très-difficile d’en approcher, soit qu’ils soient à terre, soit qu’ils soient dans les arbres. Ils aiment les hautes futaies, et se perchent toujours à la cime des arbres où ils gazouillent sans cesse. Quelques naturalistes prétendent que l’étourneau ne se nourrit d’aucune graine ni baie, et ne mange que des vers et insectes ; d’autres disent qu’il aime le raisin, et est fort bon à manger dans le temps de la vendange. La vérité est que cet oiseau est un manger fort médiocre, et que sa chair est un peu amère. Quelques chasseurs lui coupent la tête aussitôt qu’il est tué, pour lui ôter cette amertume.
CHASSE EN GASCOGNE, CORBIERES ET AUTRES LIEUX, J. Castaing .
Le 1er octobre 2016, j'écrivais...
Voici un livre qui n'est pas dans ma bibliothèque et qui pourtant mériterait bien d'y figurer.
J'ai découvert son existence grâce à la rubrique "Livres" du hors-série "Migrateurs 2016" du Chasseur Français.
Je me suis aussitôt mis en chasse.
Edité en 1948 (Nouvelles Editions de la Toison d'Or, 1948), "Chasse en Gascogne, Corbières et autres lieux" n'a plus été réédité depuis.
On ne peut donc se le procurer qu'auprès des librairies spécialisées (Montbel, Livre-rare-book, Abebooks ). Son prix oscille entre 70 et 150 €.
Il était encore disponible sur Ebay à ... 48 € !!!
L'auteur, Jean Castaing (1899-1999), chasseur, spécialiste cynégétique était également collaborateur du Chasseur Français. Ce livre est le témoignage d'une vie de chasse, où il évoque son cher Sud-Ouest, les bécasses de la Toussaint, la garrigue, le perdreau, les chiens et les grives.
Autres ouvrages de Jean Castaing:
- Dressage et utilisation du chien d'arrêt.
- Le griffon d'arrêt à poil dur Korthals.
- Sens de la chasse
- Manuel pratique du chasseur (2 tomes).
- Sens de la chasse.
"Chasse en Gascogne, Corbières et autres lieux" est illustré par un artiste animalier de grand talent: Boris Riab.
RG
"... Grimpons sur les coteaux... pour chasser cette bécassine de terre: la grive. Nous trouverons les premières dans les vignes; mais peu dans les vignes de chasselas... ce fruit de haut prix est cueilli jusqu'au plus petit grappillon... La vigne à vin, qui se vendange plus tard, offre en revanche à la goulue ses boules de liqueur dont elle s'enivre sans retenue..."
"cette bécassine de terre: la grive" comme c'est bien vu ! Ainsi, J. Castaing donne ses lettres de noblesse à notre cher oiseau !
-///-
11 septembre 2018,... et maintenant, la suite de l'histoire...
3 juillet 2018,
C'est mon anniversaire.
Un paquet plat...
J'ouvre, encore enveloppé de ce papier cristal qu'utilisent les bouquinistes, il est là, le livre tant convoité:
"CHASSES EN GASCOGNE, CORBIÈRES et autres lieux"
C'est une édition originale.
Exemplaire n° 844 de 1275 sur Alfa Mousse.
Voyons, la table des matières, le menu est "appétissant" !
Ah ! page 76..., la grive. J'y suis !
RG
La grive
Octobre! Le chasseur de plume, le passionné, accueille ce mois comme une autre ouverture. Adieu derniers raisins, tombez feuilles des treilles, et toi, beau ciel, voile ta nudité. J'aime te voir vêtir cette robe opaline dont la traîne diaprée, mouvante mousseline, flotte sur les coteaux. J'aime sentir l'haleine de la plaine humide et chaude encore ; offrir mon front, cheveux au vent, à la pluie tiède ; écouter le brouillard couler sur les buissons ; voir, sous l'adroit pinceau d'un invisible artiste, les bois se colorer d'ocre et de vermillon ; apercevoir, glissant accroché sous les nues, le triangle ondulant du premier vol de grues et voir au crépuscule, en longeant le ruisseau, fondant du ciel comme une trombe avec un sifflement de bombe, éclater en piaillant au milieu des roseaux le noir peloton d'étourneaux.
Grimpons alors sur les coteaux avec un bon ami pour chasser cette bécassine de terre : la grive.
Nous trouverons les premières dans les vignes ; mais peu dans les vignes de chasselas pour la raison que ce fruit de haut prix est cueilli jusqu'au plus petit grappillon et que, la cueillette finie, il reste peu de grains à glaner.
La vigne à vin, qui se vendange un peu plus tard, offre par contre à la goulue ses boules de liqueur dont, au sens propre, elle s'enivre sans retenue. En picorant elle s'oublie jusqu'à l'imprudence ; elle s'envole lourdement en titubant et en sifflant. En la plaçant dans son carnier le chasseur cueille une feuille de vigne qu'il choisit parmi celles encore tendres et vertes ; enveloppée dans celle-ci, rôtie au feu d'un brasier de sarments, la grive atteint alors le summum de sa gloire. Ainsi, par son dernier festin qui la mène au tombeau, la grive est vouée à la vigne ; l'oiseau, le grain, la feuille et le sarment s'allient dans une même succulence et l'on comprend alors le sens du nom qu'on lui a donné : grive de vigne ou de vendanges.
Un peu plus tard, les gros paquets de grives se tiennent dans les buissons où baies et fruits sauvages offrent à leur appétit une nourriture abondante et de choix.
Cherchons de préférence les buissons les plus joliment colorés ; ceux que les alisiers teintent de rouge sang ou les figuiers de jaune vif. Si les deux chasseurs sont d'égale adresse ils devront longer les buissons en se maintenant rigoureusement à la même hauteur pour avoir des chances égales de tirer. Si l'un est plus adroit que l'autre, il se tiendra légèrement en arrière de son camarade et tous les oiseaux partiront de son coté. Un chien n'est pas nécessaire ; mais il est utile s'il est parfaitement dressé. En ce cas il devra suivre son maître au pied et ne le dépasser qu'à l'ordre ; cet ordre sera donné dans le seul cas où un oiseau blessé s'est faufilé dans le taillis et risque d'être perdu. Mais le chasseur se retournera de temps en temps et surprendra peut-être son chien à l'arrêt d'un lapin.
C'est une chasse très attrayante, offrant de beaux coups de fusil. Jolis petits flocons de plume ! Magnifique gibier ! Est-ce son tir, le plus varié de tous, qui fait la joie de cette chasse ? Ce tir est, à mon avis, plus difficile que celui de la bécassine, car, outre les crochets qu'elle fait en partant, la grive sait admirablement utiliser les obstacles naturels pour les placer entre elle et le chasseur. Souvent elle longe la haie et va se reposer plus loin ; d'autres fois, elle prend un parti, oblique à angle droit, monte et s'enfuit vers la campagne à découvert ; elle donne en ce cas l'occasion de beaux coups de longueur.
Elle est rarement seule et le plus souvent ce sont des bouquets de six à dix fusées qui partent en scillant tout autour du buisson.
Le merle, assez abondant lui aussi, est parfois plus difficile encore à tirer ; il n'a pas le même départ, celui-ci est moins franc ; il nous égare en papotant, nous trompe par un faux départ, court le long de la haie et puis en sort plus loin à vingt mètres, rasant le sol, pour disparaître à peine vu. Mais dans les chemins creux bordés de deux haies parallèles, il sort souvent à l'intérieur et suit droit devant lui le chemin quelques mètres ; une main leste, un coup d'œil prompt et le voilà roulant à terre. Sa robe noire ne déparera nullement le tableau, surtout quand il paraîtra sur la table.
Sans être aussi abondant que dans le Médoc, où, certains jours de passage, grives et merles fusent de toutes parts par milliers, ce gibier nous console de la diminution des cailles et des perdreaux, et, resterait-il un jour le seul qu'il nous soit donné de tirer, je n'en prendrais pas moins le permis avec joie.
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L'ODYSSEE DE LA GRIVE, JP Florentino (Editions Crépin-Leblond)
Voilà un livre exceptionnel, un livre que l'on ne se lasse pas de lire et relire, le livre de chevet du chasseur de grives.
C'est une véritable somme de connaissances, fruits d'une passion, d'un savoir-faire et de longues recherches.
Tout y est:
- Les grives et leur migration.
- Les postes à feu.
- Les gluaux (appelés aussi verguettes ou vergans),
- Les cabanes pour la capture des grives vivantes.
- Postiers (chasseurs au poste à feu) et cabaniers (chasseurs aux gluaux).
- Les appeaux, destinés à imiter les chants des oiseaux (dont le fameux chilet).
- Grives et les merles dans la littérature.
- Les grives et la gastronomie.
- Lexique des termes employés dans le livre et leur traduction en provençal.
- En annexe, texte de loi, études, tests et statistiques concernant les tendelles en Lozère et Aveyron.
- Bibliographie et références.
Le tout assorti de très nombreuses photos, illustrations, cartes et données statistiques.
C'est le livre d'un passionné désireux de partager sa passion.
RG
Quelques mots sur l'auteur, Jean-Paul Florentino.
Curieux et passionné, Jean-Paul Florentino est animé par la volonté de faire partager son savoir et transmettre ses valeurs.
Après une carrière d’enseignant puis de formateur, qu’il a terminée en tant qu’ingénieur d’études à l’IUFM d’Aix-Marseille, témoin de cette vocation au service de la transmission d’un savoir et de l’Éducation Nationale, il goûte aujourd’hui aux joies de la retraite et peut s’adonner sans retenue à ses passions.
Ses activités sociales et de loisirs l’amènent à rechercher l’authenticité et le retour à des racines traditionnelles: la chasse raisonnée et raisonnable, la culture provençale, le chant polyphonique, la nature et la passion des oiseaux.
La chasse au poste il l’a découverte à 9 ans, lorsque petit citadin il venait passer ses vacances dans une ferme du quartier du Merlan à Marseille.
Depuis sa passion s’est accentuée au fil des années, à travers de nombreuses rencontres, au point de lui donner envie de la partager au travers d’un récit"l’Odyssée de la grive"
Source: www.chassons.com
Jean-Paul Florentino est secrétaire de l'Association d'Imitation du Chant des Oiseaux (AICO).
Où peut-on se procurer ce livre ?
- Aux éditions Crépin-Leblond: http://www.crepin-leblond.fr/spip.php?page=recherche&recherche=florentino
- A la Fnac: http://livre.fnac.com/a3707096/Jean-Paul-Florentino-L-odyssee-de-la-grive
- Chez Amazon: https://www.amazon.fr/Lodyss%C3%A9e-grive-Jean-Paul-Florentino/dp/2703003501
- En téléphonant au 03.25.03.87.43
SOUVENIRS DE CHASSE POUR CHRISTIAN, R. Chambe (Flammarion)
Le général René Chambe, héros de l’aviation des deux guerres mondiales, a conservé avec une étonnante fraîcheur les souvenirs de son enfance et de ses premiers pas de chasseur en compagnie de son frère. Il livre avec une superbe plume les émouvants récits de sa vie quotidienne au contact de la nature, de sa famille et des chasseurs du village, autour de son cher château de Monbaly, en Bas-Dauphiné, dans les dernières années du XIXe siècle.
A lire absolument : Le cor de Monsieur de Boismorand, Propos d’un vieux chasseur de coqs, Les cerises de Monsieur Chaboud. Ouvrages disponibles chez Montbel éditions ( http:///www.montbel.com/index.cfm), Amazon, Priceminister, Ebay, etc... Publicité gratuite!!!
… Les grives sont là…
De proche en proche, nous entendons dans l’infinie sérénité du crépuscule, sous l’épaisseur des feuillages, de timides appels d’oiseaux percer le silence, toujours sur la même note monotone, répétée de minute en minute, une note unique et triste, une note taciturne, qui fait songer à quelque goutte d’eau tombant dans une vasque invisible, avec une sonorité de cristal. Ce sont des grives qui se répondent, certaines tout près de nous.
Mais impossible de les voir ! La grive ne bouge jamais, elle ne se trahit jamais par le moindre mouvement. Elle reste strictement immobile. Si elle remue, c’est pour aussitôt s’envoler. Elle s’esquive alors par un plongeon rapide à travers les branches. Trop tard pour la tirer ! Si, au contraire, elle arrive au-dessus de vous, dans un arbre, et si vous n’avez pu immédiatement situer l’endroit précis où elle vient de se poser, c’est fini, vous ne la verrez plus. Ne cherchez pas. Ne faites pas le moindre geste, le moindre bruit, pour essayer de la découvrir. Hop ! ça y est ! Je vous l’avais bien dit, vous avez bougé, elle est partie ! Dommage, c’était une belle, et elle serait restée là longtemps, très longtemps !
Comprenez bien, j’insiste, surtout ne bougez pas ! Si vous avez une patience aussi grande que la sienne, des yeux aussi bons que les siens et si vous avez aussi beaucoup de chance, peut-être parviendrez-vous, si elle vous fait face, à discerner dans l’entrelacs des feuilles et des brindilles son gilet blanc, brodé de points noirs, avec un peu de jaune pâle vers la gorge (si elle vous tourne son dos brun-vert, couleur d’écorce d’arbre, vous ne la verrez jamais). Ça y est, vous la voyez ? Alors élevez doucement, très doucement, la crosse de votre carabine jusqu’à votre épaule. Visez calmement. Dans la joie de votre découverte, ne vous pressez pas, vous avez le temps. Quand même, ne tardez pas trop ! Le canon de votre arme peut vous trahir de son reflet. Attention, elle vient de tourner la tête ! Allez, tirez ! Pan ! Bravo ! Voyez, elle tombe de branche en branche. Bien tiré ! Elle était haut, celle-là ! Et protégée par une ramure épaisse, par un rideau de brindilles très serré ! Je n’aurais jamais cru que vous l’ayez ! Avec quel plomb l’avez-vous tirée, avec du 8 ? Non, avec du 7. C’est un bon plomb pour chasser la grive au bois, d’autant plus qu’en cette saison on peut déjà trouver une bécasse dans les fourrés. Alors, celle-là, il faudra vite la tirer !
Mais pauvres de nous ! Nous n’avons, nous, aujourd’hui, que des carabines à air comprimé, avec un seul plomb !
- Froû ! Froû ! Froû ! Elles volètent de partout ! C’est fou ce qu’il y en a ! Mais impossible de les voir ! Pour un passage, c’est un fameux passage ! Ce sont les graines de lierre du mur qui les attirent.
Voici plus d’une heure que nous allons et revenons à pas comptés, retenant notre souffle. Des dizaines et des dizaines de grives se sont croisées en tous sens devant nous, haut dans le ciel, aperçues le temps d’un éclair à travers les branches, aussitôt disparues dans l’ombre du feuillage. D’autres, parfois, se sont envolées à grand bruit, à toucher le bout de nos carabines, s’arrachant avec des cris d’effroi à l’épaisseur du lierre, surprises en train de se gorger de graines noires. Nous avons eu plus peur qu’elles, le cœur nous sautant dans la poitrine.
Nous n’avons réussi à tirer que deux fois et toujours dans de mauvaises conditions, sur des grives posées, bien sûr (nous sommes loins de savoir tirer au vol), mais vraiment impossibles à atteindre, à trop grande distance, ou masquées par trop de branches. Jamais de près et à découvert.
Le soir tombe, c’est fini. Nous allons être bredouilles avec un passage pareil et, par-dessus le marché, alors que pour la première fois nous sommes armés de carabines ! C’est tout de même mortifiant, affreux ! Déjà, dans la profondeur des halliers, les trilles frénétiques des merles, dernier chant de la forêt qui va s’endormir, annoncent l’arrivée de la nuit, ils sonnent le couvre-feu, la fin de la manœuvre…
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