CHASSE EN GASCOGNE, CORBIERES ET AUTRES LIEUX, J. Castaing .
Le 1er octobre 2016, j'écrivais...
Voici un livre qui n'est pas dans ma bibliothèque et qui pourtant mériterait bien d'y figurer.
J'ai découvert son existence grâce à la rubrique "Livres" du hors-série "Migrateurs 2016" du Chasseur Français.
Je me suis aussitôt mis en chasse.
Edité en 1948 (Nouvelles Editions de la Toison d'Or, 1948), "Chasse en Gascogne, Corbières et autres lieux" n'a plus été réédité depuis.
On ne peut donc se le procurer qu'auprès des librairies spécialisées (Montbel, Livre-rare-book, Abebooks ). Son prix oscille entre 70 et 150 €.
Il était encore disponible sur Ebay à ... 48 € !!!
L'auteur, Jean Castaing (1899-1999), chasseur, spécialiste cynégétique était également collaborateur du Chasseur Français. Ce livre est le témoignage d'une vie de chasse, où il évoque son cher Sud-Ouest, les bécasses de la Toussaint, la garrigue, le perdreau, les chiens et les grives.
Autres ouvrages de Jean Castaing:
- Dressage et utilisation du chien d'arrêt.
- Le griffon d'arrêt à poil dur Korthals.
- Sens de la chasse
- Manuel pratique du chasseur (2 tomes).
- Sens de la chasse.
"Chasse en Gascogne, Corbières et autres lieux" est illustré par un artiste animalier de grand talent: Boris Riab.
RG
"... Grimpons sur les coteaux... pour chasser cette bécassine de terre: la grive. Nous trouverons les premières dans les vignes; mais peu dans les vignes de chasselas... ce fruit de haut prix est cueilli jusqu'au plus petit grappillon... La vigne à vin, qui se vendange plus tard, offre en revanche à la goulue ses boules de liqueur dont elle s'enivre sans retenue..."
"cette bécassine de terre: la grive" comme c'est bien vu ! Ainsi, J. Castaing donne ses lettres de noblesse à notre cher oiseau !
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11 septembre 2018,... et maintenant, la suite de l'histoire...
3 juillet 2018,
C'est mon anniversaire.
Un paquet plat...
J'ouvre, encore enveloppé de ce papier cristal qu'utilisent les bouquinistes, il est là, le livre tant convoité:
"CHASSES EN GASCOGNE, CORBIÈRES et autres lieux"
C'est une édition originale.
Exemplaire n° 844 de 1275 sur Alfa Mousse.
Voyons, la table des matières, le menu est "appétissant" !
Ah ! page 76..., la grive. J'y suis !
RG
La grive
Octobre! Le chasseur de plume, le passionné, accueille ce mois comme une autre ouverture. Adieu derniers raisins, tombez feuilles des treilles, et toi, beau ciel, voile ta nudité. J'aime te voir vêtir cette robe opaline dont la traîne diaprée, mouvante mousseline, flotte sur les coteaux. J'aime sentir l'haleine de la plaine humide et chaude encore ; offrir mon front, cheveux au vent, à la pluie tiède ; écouter le brouillard couler sur les buissons ; voir, sous l'adroit pinceau d'un invisible artiste, les bois se colorer d'ocre et de vermillon ; apercevoir, glissant accroché sous les nues, le triangle ondulant du premier vol de grues et voir au crépuscule, en longeant le ruisseau, fondant du ciel comme une trombe avec un sifflement de bombe, éclater en piaillant au milieu des roseaux le noir peloton d'étourneaux.
Grimpons alors sur les coteaux avec un bon ami pour chasser cette bécassine de terre : la grive.
Nous trouverons les premières dans les vignes ; mais peu dans les vignes de chasselas pour la raison que ce fruit de haut prix est cueilli jusqu'au plus petit grappillon et que, la cueillette finie, il reste peu de grains à glaner.
La vigne à vin, qui se vendange un peu plus tard, offre par contre à la goulue ses boules de liqueur dont, au sens propre, elle s'enivre sans retenue. En picorant elle s'oublie jusqu'à l'imprudence ; elle s'envole lourdement en titubant et en sifflant. En la plaçant dans son carnier le chasseur cueille une feuille de vigne qu'il choisit parmi celles encore tendres et vertes ; enveloppée dans celle-ci, rôtie au feu d'un brasier de sarments, la grive atteint alors le summum de sa gloire. Ainsi, par son dernier festin qui la mène au tombeau, la grive est vouée à la vigne ; l'oiseau, le grain, la feuille et le sarment s'allient dans une même succulence et l'on comprend alors le sens du nom qu'on lui a donné : grive de vigne ou de vendanges.
Un peu plus tard, les gros paquets de grives se tiennent dans les buissons où baies et fruits sauvages offrent à leur appétit une nourriture abondante et de choix.
Cherchons de préférence les buissons les plus joliment colorés ; ceux que les alisiers teintent de rouge sang ou les figuiers de jaune vif. Si les deux chasseurs sont d'égale adresse ils devront longer les buissons en se maintenant rigoureusement à la même hauteur pour avoir des chances égales de tirer. Si l'un est plus adroit que l'autre, il se tiendra légèrement en arrière de son camarade et tous les oiseaux partiront de son coté. Un chien n'est pas nécessaire ; mais il est utile s'il est parfaitement dressé. En ce cas il devra suivre son maître au pied et ne le dépasser qu'à l'ordre ; cet ordre sera donné dans le seul cas où un oiseau blessé s'est faufilé dans le taillis et risque d'être perdu. Mais le chasseur se retournera de temps en temps et surprendra peut-être son chien à l'arrêt d'un lapin.
C'est une chasse très attrayante, offrant de beaux coups de fusil. Jolis petits flocons de plume ! Magnifique gibier ! Est-ce son tir, le plus varié de tous, qui fait la joie de cette chasse ? Ce tir est, à mon avis, plus difficile que celui de la bécassine, car, outre les crochets qu'elle fait en partant, la grive sait admirablement utiliser les obstacles naturels pour les placer entre elle et le chasseur. Souvent elle longe la haie et va se reposer plus loin ; d'autres fois, elle prend un parti, oblique à angle droit, monte et s'enfuit vers la campagne à découvert ; elle donne en ce cas l'occasion de beaux coups de longueur.
Elle est rarement seule et le plus souvent ce sont des bouquets de six à dix fusées qui partent en scillant tout autour du buisson.
Le merle, assez abondant lui aussi, est parfois plus difficile encore à tirer ; il n'a pas le même départ, celui-ci est moins franc ; il nous égare en papotant, nous trompe par un faux départ, court le long de la haie et puis en sort plus loin à vingt mètres, rasant le sol, pour disparaître à peine vu. Mais dans les chemins creux bordés de deux haies parallèles, il sort souvent à l'intérieur et suit droit devant lui le chemin quelques mètres ; une main leste, un coup d'œil prompt et le voilà roulant à terre. Sa robe noire ne déparera nullement le tableau, surtout quand il paraîtra sur la table.
Sans être aussi abondant que dans le Médoc, où, certains jours de passage, grives et merles fusent de toutes parts par milliers, ce gibier nous console de la diminution des cailles et des perdreaux, et, resterait-il un jour le seul qu'il nous soit donné de tirer, je n'en prendrais pas moins le permis avec joie.
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A découvrir aussi
- LA CHASSE, Paul Vialar (Flammarion, T2, 1973)
- GIBIERS DE POCHE, CUISINE ET SAVEURS.
- LE GRAND DICTIONNAIRE DE CUISINE, Alexandre Dumas, Grives et Merles.
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