Mes premiers postes à feu: 1 - Le poste du pérussier.
Le texte qui suit est le tout premier d’une série consacrée aux postes à feu de ma jeunesse.
Je fus initié à ce mode de chasse par mes 3 oncles : Jean-Marie et Michel D. ainsi que mon oncle Jacques B.
Un demi-siècle plus tard, je garde un souvenir intact des lieux et des émotions ressenties et il me semble revoir et entendre encore les voix et les chuchotements de mes oncles.
C’est à, eux que je veux rendre hommage car ils m’ont initié à ce qui allait devenir une des passions de toute une vie.
RG
Sommaire:
1- Le Poste du Pérussié (Morières, 84)
2 - Les 3 Postes (Morières, 84)
3 - Postes de chasse à Montfavet (84)
4 - Poste du Claux d'Abrès (Morières, 84)
1- Le Poste du Pérussié (Morières, 84)
Créé par mon oncle Michel, c’est là que je fis mes débuts et découvris les joies du poste à feu.
C’était un poste très rustique, fait de branches entrelacées et solidarisées avec du fil de fer. De grosses branches de cyprès bien vertes venaient le recouvrir et dissimuler ainsi totalement le chasseur à la vue des oiseaux.
Il était situé sous un poirier sauvage (un pérussié comme on dit en provençal) bardé d’épines ce qui contribuait au mimétisme de l’ensemble.
Les arbres de pose, des ormeaux malingres, étaient peu élevés, mais bien situés, dominant, du haut du coteau une vigne toute en longueur qui appartenait à mon grand-père.
Avantage non négligeable, la relative proximité des arbres me permettait d’utiliser une carabine calibre 12 m/m.
A l’époque, fin des années 60, n’ayant pas encore de voiture, j’utilisais un Solex. Les appelants, je les transportais dans une cagette recouverte d’un vieux sac de jute, arrimée sur le porte-bagage avec des sandows. Carabine et gibecière en bandoulière, je quittais Montfavet très tôt le matin alors qu’il faisait encore nuit.
Tout se passait bien jusqu’à l’arrivée au bas de la colline. A partir de là, le moteur du Solex atteignait ses limites et il me fallait pédaler pour le « soulager » un peu, et parvenir, enfin, au cabanon de mon grand-père, au bas de la vigne. J’y abandonnais alors mon fidèle destrier. Restaient tout de même 200 à 300 mètres de chemin de terre en pente à parcourir à pied jusqu’au poste, chargé et harnaché comme un baudet.
Assez bon pour les premiers tourdres, ce poste s’avérait vite peu productif. Aussi, je tentais d’augmenter l’attractivité de mes appelants à l’aide d’un petit tourne-disques fonctionnant sur piles qui diffusait le ramage de la grive musicienne jusqu’à plus soif (ce procédé était à l’époque parfaitement légal).
Comme il y a prescription, je dois avouer que j’y tirais également des pinsons et des tarnagas (pies-grièches écorcheurs), ce qui était légal en ces temps bénis…
Le sort du poste fut scellé le jour où, malencontreusement, un de mes oncles abattit l’arbre de pose principal.
Aujourd’hui, le remembrement a fait son œuvre. Le vieux poirier sauvage a été abattu, plus aucune trace du rountau (tertre pierreux) où s’élevaient les ormeaux, les sebisso (brise-vents de cannes de Provence) qui bordaient les petites vignes ont disparu pour laisser place à un vignoble hérissé de piquets de fer galvanisé.
Le poste du pérussiè n’existe plus que dans mon souvenir…
RG
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