Mes premiers postes à feu: 2 - Les trois postes.
2 - Les 3 Postes (Morières, 84)
... 2 novembre 2019, bon, c'est reparti pour la deuxième histoire !
En ces temps-là (j’avais 17-18 ans), mon oncle Jean-Marie, mon oncle Jacques et moi-même avions formé une association ayant pour objectif la pratique de la chasse des grives au poste à feu.
Convaincus que l’une des clefs du succès résidait dans la possession d’un grand nombre d’appelants, nous mettions une somme assez importante en commun afin d’acquérir au marché aux oiseaux de Carpentras des tourdres (1), des quines (2), des merles et des kiakias (3), soit, au total, 24 ou 25 oiseaux.
Les appelants étaient « basés » à la ferme, chez mon oncle Jean-Marie qui s'occupait de leur entretien, à charge pour Jacques et moi de payer leur alimentation.
J’utilisais parfois, en semaine, 4 ou 5 appelants seulement au poste du pérussier (*), mais ce n’est que le dimanche matin que nous sortions le « grand jeu ».
Nous étions trois. Il nous fallait donc trois postes, compte tenu de la configuration du terrain.
En effet, les arbres de pose formaient une haie d’une cinquantaine de mètres de longueur. Cette haie était située au fond d’un petit vallon aux pentes douces, en contrebas du poste du pérussier (*). L’un des coteaux était planté en vigne (elle appartenait à mon oncle Jean-Marie), le fond du vallon était légèrement humide (fossé de drainage) et non cultivé.
Le dispositif « stratégique » adopté était le suivant :
- deux postes dans la vigne : celui de Jean-Marie et celui de Jacques.
- un seul poste de l’autre côté de la haie d’arbres : le mien.
Ainsi, nous tenions la totalité de la haie.
Ces postes à feu étaient très rustiques. Confectionnés avec des perches, ils avaient la forme d’un «tipi» indien, la couverture étant assurée par des branches de cyprès qui dissimulaient bien le chasseur.
L’inconvénient, c’était les lendemains de jours de pluie. Douche assurée en entrant et en sortant du poste et en prime, le goutte à goutte sur la tête et dans le cou durant l’attente…
J’ai bien précisé, plus haut, que ce n’était que le dimanche matin que nous sortions le « grand jeu »… Or, dans la famille, aller à la messe du dimanche était une obligation. Impossible d'y couper, même pour la chasse. Comment, alors, concilier les deux, puisque la grand-messe était célébrée à 10 h 30 ?
La solution, c’était mes oncles qui l’avaient trouvée. Oui, il était possible de passer la matinée au poste et d’assister à la sacro-sainte messe ! Et ce moyen c’était d’aller à Avignon, à la chapelle des Franciscains, tout près du Lycée Mistral. Mais il fallait y être vers les 6 h 30 du matin !!!
Donc, tous les dimanches matin, pendant la période de la chasse au poste, rendez-vous était donné à 6 h pile, à la ferme, chez mon oncle Jean-Marie. On mettait les appelants et les fusils à l’arrière de la camionnette Peugeot et on filait à toute vitesse vers Avignon.
En ces temps-là, il y avait très peu de circulation et guère de feux rouges. On garait la Peugeot devant le Lycée, la Maison du Seigneur n’était qu’à quelques pas. Heureusement que cette messe était fort courte. Le « Ite missa est » à peine prononcé, nous étions déjà sur la route, fonçant vers (si je peux me permettre) la Terre Promise…
En cahotant, la camionnette traversait l’emprise de la future autoroute A7, bringuebalait sur le chemin qui serpentait entre les vignes pour enfin s’arrêter au niveau du pérussier .
Vite, vite, on disposait les cages d’appelants, tantôt sur des ceps de vigne, tantôt en les accrochant aux clous prévus à cet effet sur les troncs des arbres puis chacun prenait son fusil et allait s’installer dans son poste.
Le jour se levait, nous étions fin prêts et le Seigneur était avec nous...
RG (© des grives aux merles blog4ever.com)
Notes:
(*) Pérussier: en provençal: poirier sauvage.
(1) Tourdres: en provençal, grive musicienne.
(2) Quines: il s'agit de la grive mauvis.
(3) Kiakias: appelé aussi "chacha", c'est la grive litorne.
Je n'ai pas mentionné le (ou la) serre qui est la grive draine, plutôt rare dans les collines rhodaniennes.
Addenda:
Les jours où les poses étaient rares, je surveillais le poste de mon oncle Jean-Marie. Des pinsons se posaient souvent sur l'arbre qui lui faisait face, je savais que mon oncle guettait le moment où les oisillons seraient assez proches les uns des autres pour que cela vaille la peine de "griller" une cartouche.
Je savais aussi qu'il ne tirerait que s'il y avait au moins 3 oiseaux cote à cote...
"Ah, en voilà deux; mince!, le troisième s'est posé un peu trop loin,... attendons...", se disait-il, "il va se rapprocher". Effectivement, le troisième se rapprochait bien, mais cela déclenchait très souvent le départ de l'un des deux premiers...
RG (© des grives aux merles blog4ever.com)
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