Stendhal et la chasse au poste.
En 1838, Stendhal évoquait déjà la pratique de la chasse au poste dans ses "Mémoires d’un touriste" :
« [Le propriétaire de la bastide] se construit une cabane en fagots d’épines, à vingt pas de son arbre mort ; il s’y tapit dès quatre heures du matin, et il attend patiemment qu’une grive vienne se poser sur l’arbre mort. Quelquefois, de quatre heures du matin à midi, il a le bonheur de tuer jusqu’à trois grives ; il les marque aussitôt sur une ardoise placée dans la cabane. À la fin de la saison, il fait l’addition, et la proclame à la Bourse.
Ce plaisir a beaucoup de rapports avec la pêche à la ligne. Les fusils sont placés artistement à certains petits trous pratiqués dans les fagots qui forment les murs de cette rustique construction. En attendant sa grive, le Marseillais lit son journal, quelquefois un roman. Il jure quand il entend tirer dans les postes voisins. On appelle poste la réunion de l’arbre mort et de la cabane. Voilà M. un tel, s’écrie-t-il, qui m’enlève le gibier ! […]
Il faut convenir qu’on jouit délicieusement du beau climat dans ces cabanes de bois mort, que la brise de mer pénètre dans tous les sens. Il règne là un délicieux silence ; de ces silences qui font qu’on entend son âme ; on y goûte une liberté complète ; les soucis ne pénètrent point dans ce paisible réduit. Quand on donnerait des millions à un Marseillais pour habiter Paris, je suis convaincu qu’il regretterait son poste, et je me trouve presque de son avis. »
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