Une légende qui a la vie dure...
Régulièrement, au détour d'une conversation ou sur les forums spécialisés chasse ou tir, resurgit LA légende qui voudrait que la carabine 9 mm Flobert à percussion annulaire soit interdite à la chasse...
"...je peux me tromper (je ne suis pas sur du tout) mais il me semble que ce calibre est interdit à la chasse..." (Passion La Chasse).
"...il me semble que ce calibre est interdit pour la chasse, car le gibier peut ne pas être tué net et aller mourir plus loin..." (Forum Air-gun).
"...j'ai lu dans un forum que seules les carabines à percussion centrale étaient autorisées pour la chasse car elles sont classées en 5e catégorie, alors que la percussion annulaire est classée en 7e catégorie donc interdit..." (Grives.net).
"J'ai toujours entendu dire que le 9 "Flobert" était interdit à la chasse!!!
Maintenant,trouver un texte de loi qui parle de CE calibre et qui dit précisément "autorisé ou interdit",c'est plus difficile !!! Mais ça doit exister et donc se trouver.... (Grives.net)
Quelle est donc cette arme redoutable entre toutes, arme surpuissante, de destruction massive qui aurait attiré les foudres du législateur ?
Et, d'abord, faisons connaissance avec l'inventeur de cette carabine :
Louis, Nicolas, Auguste FLOBERT.
Armurier parisien.
1819-1894
Inventeur de la cartouche métallique à percussion
annulaire (brevet 1849).
Produite initialement en 6 et 9 mm, elle sera par la
suite copiée et déclinée dans divers calibres:
5,5 mm, .22 Short et Long, Long Rifle, 22 mag., etc...
Ainsi que dans des calibres actuels beaucoup plus
puissants: 4M2, 17mach2, 17 HMR, etc...
Toutes ces munitions étant destinées à être tirées
dans des armes à canon rayé (tir sportif ou tir des
nuisibles).
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Photo. années 1850.
Pour en revenir à la 9 mm Flobert, l'appellation désigne de nos jours toutes les carabines de jardin du calibre de 9 mm à percussion annulaire, quel que soit le système de fermeture employé: à verrou, Warnant, pliantes, etc...
Ces armes sont toutes munies d'un canon lisse (pas de canon rayé, à ma connaissance).
Les munitions disponibles sont les suivantes:
- 9 mm Flobert, balle ronde.
- 9 mm Flobert, balle ogive ceinturée.
- 9 mm Flobert, balle conique.
Appelées également "bosquettes", ne contenant
que peu ou pas de poudre, ces balles sont propulsées
par le fulminate de l'amorce.
Portée utile ? 20-25 m...
Données Rottweil:
-Poids de la balle : 3 grammes.
-V0: 200 m/s; V50: 128 m/s; V100: 97 m/s.
-E0: 152 joules; E100: 43 joules.
- 9 mm Flobert, cartouche double charge, grenaille de plomb n° 6 à 10
La charge simple, de triste mémoire, ne se fait
plus.
Aujourd'hui, double charge et étui métallique.
Portée utile: 15 m maximum.
V0: 200 m/s
Poids de la charge: 10,5 g
A la lecture des données ci-dessus, on constate que l'on a bien à faire à une arme d'une puissance exceptionnelle !!!
A coté, le 50 BMG fait pâle figure !!!
Plus sérieusement, "le calibre 9 mm Flobert est une survivance du XIXe siècle, qui n'en finit pas de ''mourir'', parce que des armes qui le chambrent ont été vendues par tonnes, sont tellement simples et rustiques qu'elles sont quasi indestructibles". J'ajoute que, pour beaucoup d'entre nous, il existe un lien "affectif" avec cette carabine de jardin : arme du père ou de l'oncle ou du grand-père. Qui n'a jamais tiré avec cette carabine avant même que d'avoir l'âge légal ?
- La 9 mm Flobert et la loi :
La carabine 9 mm Flobert est classée dans la catégorie D-1, cette catégorie comprend toutes les armes de chasse à canon lisse tirant un coup par canon. Le régime d'acquisition est le suivant : libre si l'arme a été acquise avant le 1/12/2011; enregistrement si l'arme a été acquise après le 1/12/2011.
Maintenant, que dit la législation quant à l'emploi des armes à percussion annulaire en général et de la 9 mm Flobert en particulier ?
L'Article 3 de l'Arrêté du 1er Août 1986 (version consolidée du 26/9/18) est très clair:
"... Est interdit l'emploi pour le tir des ongulés (je souligne intentionnellement, car c'est de là qu'est né le quiproquo) de toute arme à percussion annulaire ainsi que celui d'armes rayées à percussion centrale d'un calibre inférieur à 5,6 millimètres ou dont le projectile ne développe pas une énergie minimale de 1 kilojoule à 100 mètres..."
D'aucuns souhaiteraient s'appuyer sur un texte de loi énumérant les calibres des armes à feu de chasse autorisés...
Un tel texte n'existe pas en France (contrairement à la Belgique par exemple). Par contre, il est une règle en matière législative : tout ce qui n'est pas interdit ou stipulé par la Loi est considéré légal aux yeux des tribunaux.
Autrement dit, à défaut de texte de loi interdisant l'utilisation d'une carabine chambrée en 9 mm Flobert son usage est légal en action de chasse (sauf bien sur le tir des ongulés...)
Faute de texte clair, il faut se référer à ce principe.
Ouf ! Démonstration terminée, n'en déplaise à mon ami G. qui a eu l'heureuse idée de déterrer ce "serpent de mer".
RG
Quand la météo n'est pas au rendez vous...
Matinée du 29 novembre 2017.
Deuxième séance de capture des grives à la glu avec J.S.
Cette fois-ci, je suis bardé de piles et de batteries, histoire de ne pas tomber en panne sèche comme la fois précédente.
Mais, aujourd'hui, le froid et un épais brouillard sont de la partie.
C'est très défavorable: les verguettes recouvertes d'une fine pellicule d'eau gelée risquent d'être inopérantes.
Néanmoins, les gluaux sont posés et les appelants disposés dans les cages anti-rapaces.
Une faible lueur dans le ciel, les oiseaux commencent à ramager:
Il fait grand jour maintenant, mais le brouillard s'est densifié.
Les arbres ont perdu beaucoup de feuilles, ce qui génère des "fausses poses" comme ci-dessous:
Sur les verguettes gelées, chachas (lirornes) et quines (mauvis) peuvent se poser sans danger, ça ne "colle" pas du tout !!!
Le bilan de la matinée sera extrêmement maigre: 1 chacha et 1 étourneau aussitôt décollé et relaché.
Matinée intéressante toutefois car riche d'enseignements.
Merci à toi J.S. et à la prochaine fois.
RG
La chasse de la grive musicienne à poste fixe en Italie.
Le texte ci-dessous est une traduction de l'article intitulé "CACCIA AL TORDO BOTTACCIO DA APPOSTAMENTO FISSO" publié le 04/05/2012 sur le site italien CACCIA PASSIONE.
RG
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La chasse de la grive au poste, le soin du détail, de bons appelants, l’expérience et un bon poste à feu peuvent vraiment faire la différence.
La grive musicienne est un oiseau passionnant qui réveille l’imaginaire cynégétique de nombreux chasseurs. Les techniques de chasse qui lui sont propres sont très nombreuses.
La plus pratiquée est certainement la chasse à poste fixe avec appelants vivants. Celui qui utilise cette technique doit disposer de mâles car, si la femelle est un excellent chiqueur (elle émet un cri similaire à un « tsic-tsic » en séquence rapide) utile normalement pendant la migration hivernale, elle est moins efficace après la « mise au noir ».
Maintenant, question évidente que la plupart des chasseurs se posent : comment diable distinguer le mâle de la femelle ? En effet, ce n’est pas chose facile puisqu'il n’y a quasiment pas de différence ni de taille ni de plumage entre les sexes. Les vieux chasseurs, toutefois, prétendent reconnaître le sexe des oiseaux par des techniques, selon eux, infaillibles…
Certains sont convaincus que le mâle a une taille plus importante que la femelle, un bec plus jaune et qu’il bat des ailes avec davantage d’énergie. Pour d’autres, le mâle émet des cris plus stridents ou sa tête est plus grosse ou les plumes centrales de sa queue sont de longueur identique. En outre, d’aucuns pensent que si l’on fait tourner la femelle rapidement elle ouvrira la queue en éventail, ce qu’un mâle ne fera jamais.
En vérité, le secret infaillible est tout autre : se procurer un bon nombre d’oiseaux de capture (et non d’élevage), choisir ceux qui seront mis au noir et ce n’est qu’au printemps que vous pourrez différencier, par le chant, le mâle de la femelle. Ceci dit, il importe de rappeler que l’installation des appelants est un facteur à ne pas négliger. Il est bon que l’appelant se familiarise avec les lieux où se déroulera la chasse. C’est seulement de cette façon qu’il pourra s’habituer aux bruits insolites éventuels et que vous éviterez ainsi le risque d’avoir des oiseaux muets au moment le plus important !
Pour choisir l’endroit où vous installerez vos appelants lors de la partie de chasse, il vous faudra reconnaître avec précision le terrain quelques jours auparavant. Quoi qu’il en soit, il vaut mieux que les appelants ne soient pas trop proches les uns des autres : ils risqueraient de se gêner mutuellement.
La question des appelants étant résolue, et encore y aurait-il beaucoup à dire sur ce sujet, lorsque l'on parle de la chasse des grives au poste, il reste un élément essentiel : celui de la construction du poste lui-même.
Le soin à apporter à l’habillage du poste est vraiment important et concerne essentiellement les installations fixes. Bien sûr, il n’est pas interdit d’utiliser un poste « mobile », mais en règle générale, cela ne permet pas de soigner le détail et les grives remarquent justement tous les détails !
Autrefois, surtout dans le nord de l’Italie, les postes étaient construits en dur, ils comportaient deux pièces pour y loger les appelants. L’entretien des lieux demandait et demande encore aujourd’hui un soin constant toute l’année durant. Les alentours doivent être taillés, aménagés avec des arbustes particuliers, plantés et entretenus pour faire le plus naturel possible et favoriser ainsi la pose des grives en migration.
En outre, trouver le bon endroit où installer le poste n’est pas chose facile. Il importe qu’il soit situé à l’abri des crêtes vu que c’est dans ces zones que les grives, en arrivant, préfèrent se poser.
Parfois, il est bon de construire le poste au cœur d’un bois ou dans un sous-bois. Auquel cas, il devra être entouré de haies, de genévriers, de sureaux mais aussi de raisin d’Amérique, etc…
Il faut garder à l’esprit que la grive musicienne se pose rarement en hauteur mais qu’elle préfère plutôt se poser sur les branches basses. D’où l’importance des haies et arbustes de hauteur réduite. En outre, la végétation sera indispensable pour camoufler poste et meurtrières, lesquelles devront être les plus fonctionnelles possible.
A ce stade, il ne reste plus qu’à se lancer dans cette technique séduisante qui fait s’affronter chasseur et grives.
"Turdus ipse sibi malum cacat."
La grive draine (Turdus viscivorus) est également appelée grive du gui car elle ingère les baies de cette plante dont elle raffole.
Les graines, non digérées, sont expulsées avec les fientes et germent là où elles tombent, contribuant ainsi à la dissémination de cette plante parasite.
Or, les baies du gui étaient autrefois utilisées pour fabriquer la glue.
D'où ce proverbe de l'Antiquité: "Turdus ipse sibi malum cacat".
Ce qui signifie:"la grive chie elle-même son propre malheur".
RG
Chasse de jadis dans les Alpes de Haute Provence, les lecques.
Belle découverte que ce blog: "Corbières - Alpes de Haute Provence ".
Tout entier consacré aux Alpes de Haute Provence en général et au beau village de Corbières en particulier, l'auteur, Christian REMY y aborde des aspects aussi divers et variés que la géographie, l'histoire, la faune, les personnages historiques régionaux, etc... sans oublier une très belle collection de cartes postales anciennes illustrant Corbières sous tous ses aspects.
Pour toutes ces raisons et pour ce qui va suivre, ce blog mérite bien plus qu'un détour.
Je tiens à remercier ici Christian REMY qui m'a aimablement autorisé à publier un extrait d'un article de son blog.
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Le texte ci-dessous est tiré du chapitre 2 consacré à quelques aspects de la vie dans les Alpes de Haute Provence au début du XXe siècle, dont un article particulièrement intéressant consacré à la chasse et à la pêche.
L'extrait qui suit traite de la chasse à la lecque ou tendelle, mode de chasse aujourd'hui interdit (il survit encore et à grand peine dans l'Aveyron et en Lozère).
Les auteurs de l'article sont Lucien et Maryse MOST.
RG
...La chasse aux grives constituait dans nos régions un fait de société et un appoint de revenus parfois fort important. Il s’agit presque uniquement bien sûr de la chasse à la lecque. La lecque est une pierre plate tenue par quatre bâtonnets en équilibre instable, ce que nous montre la photo.
Les grives, attirées par des grains de genièvre, bousculent les bâtons et restent prisonnières sous la pierre rabattue. La chasse aux lecques, qui ne nécessite aucun investissement sinon de bonnes chaussures pour faire le tour des pièges pourrait remonter au paléolithique. Peut-être un jour la découverte d’une grotte locale, comme à Lascaux, nous livrera une chasse à la grive peinte à l’ocre ou au noir de fumée au milieu de bisons, d’ours ou d’antilopes.
D’après une tradition orale, Louis XIV aurait accordé le privilège de poser des lecques à l’époque d’une grande disette, privilège renouvelé jusqu’au début du siècle où il se transforma en simple tolérance.
Les chasseurs posaient leurs lecques dans des quartiers, parfois loués à la commune au cours d’une adjudication aux enchères.
Nous avons vu dans les villages les quartiers de lecques importants, qui allaient jusqu’à plusieurs milliers de pièges, particulièrement au Lauzet, à Pontis, à Revel, à Auzet et à Barles.
Cette chasse exigeait un permis, que personne ne prenait. Il fallait donc se méfier des gendarmes. Les femmes cachaient les grives dans des poches cousues sous leurs jupes, au milieu des fronces très amples de la taille. Les gendarmes, en effet, ne fouillaient pas sous les jupes des femmes! Malgré la règle d’or exigeant le respect des lecques d’autrui, malgré les cartouches chargées d’ers parties vers quelques postérieurs, les tentations étaient parfois bien fortes. Il fallait donc souvent aller relever les pièges et même un bon marcheur n’en visitait pas plus de trois à quatre cents par jour.
Les anciens nous ont tous raconté les pleins sacs portés au Lauzet chez MM. Brun, Tron ou Bosse, à Barles chez Milon Faure, à Verdaches chez Angelin Reynier, et bien d’autres qui les expédiaient sur Marseille.
Vendues suivant la saison entre deux et cinq francs, elles nourrissaient parfois une famille, permettaient d’acheter un cheval ou un mulet et payaient tout le superflu. Les grives figuraient à l’affiche de tous les restaurants locaux et au menu des jours de fête des familles de la région. Nous ne résistons pas au plaisir d’indiquer notre recette.
Les grives sont évidemment des siffleuses au genièvre étouffées sous la lecque et non tuées au plomb. Vos grives plumées et flambées, bardez-les non vidées et introduisez à l’intérieur une brindille de thym, éventuellement un ou deux grains de genièvre si vous n’avez trouvé que des chachas ou des césaires. Faites-les rissoler dans une cocotte pendant 10 à 15 minutes avec deux gousses d’ail non épluchées. Assaisonnez. Dressez-les ensuite sur des tranches de pain légèrement rôties imbibées du restant de cuisson et en étalant sur le pain l’intérieur de la grive. Normalement, vous ne laisserez que les pattes et le bec!
Dans la région d’Auzet et Barles, on nous a parlé de grives prises au piège métallique à ressort, accroché par une ficelle dans les viornes ou les genévriers. Un chasseur nous a même dit qu’après un passage important vers Auzet, les grives prises aux pièges étaient tellement nombreuses qu‘ils allaient les cueillir aux arbres comme les prunes à un prunier.
Le même grand chasseur de grives avait posé quelques pièges à ressort près de la route du Fanget et il voulait les relever malgré une foulure au pied qui lui faisait porter béquilles. Empêtré dans la neige profonde, il n’entendit pas arriver la patrouille des gendarmes. Ceux-ci, obligeamment, firent le tour de ses pièges, moyennant la moitié des grives ramassées, pour fêter dignement l’anniversaire du brigadier.
Depuis le début du siècle, une règle internationale prohibait la chasse à la lecque, qui était toutefois tolérée dans nos contrées, grâce à une action virulente des élus bas-alpins. Depuis 1983, la réglementation européenne a fait son œuvre : les pièges sont interdits. Quelques anciens annoncent donc des jours sombres pour la jeunesse, qui n’ayant plus l’aiguillon des lecques pour courir la montagne, s’avachit désœuvrée dans les bars, en attendant bien pire! Nous livrons ce bon argument à nos hommes politiques, pour qu’ils exigent le retour au régime de tolérance. Si d’aventure au cours d’une balade vous trouvez quelques pierres plates en équilibre instable sur quatre bâtonnets, ça ne peut en aucun cas être des pièges à grives puisqu’ils sont prohibés… Mais repassez tout de même par hasard une ou deux heures après, car on ne sait jamais.
Sources:
Le blog: https://christianremycorbieres.wordpress.com/
L'article: https://christianremycorbieres.wordpress.com/category/les-alpes-de-haute-provence/