Les chasses traditionnelles des grives et des merles.
C'est un jardin extraordinaire ...
Non, cela n'a rien à voir avec la chanson de Charles Trenet, si ce n'est le titre...
Il s'agit en fait d'une fantastique installation de capture des grives à la glu située ...quelque part en région PACA.
Je tiens à remercier Alain13, membre de ce blog, qui, avec l'accord du propriétaire de l'installation, m'a aimablement communiqué quelques unes de ses photos.
Et maintenant, séquence admiration.
RG
La tenderie aux grives dans les Ardennes.
Mode de chasse traditionnel et ancestral, la tenderie aux grives est spécifique au département des Ardennes et plus précisément, à certaines communes du nord de ce département.
Strictement encadrée et contrôlée, cette chasse met en oeuvre des savoirs locaux qui font la richesse de notre patrimoine cynégétique.
Je tiens, avant tout, à remercier ici la mairie de Thilay (Ardennes) qui m'a aimablement autorisé à reproduire, in extenso, l'excellent article intitulé " Une tradition locale: La tenderie aux grives " paru dans son Bulletin Municipal n° 14 de Décembre 1996 ( http://www.thilay.fr/page/139/tenderie.html ).
RG
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La tenderie aux grives est une chasse traditionnelle qui se pratique sans fusil. Elle s'exerce essentiellement au nord des Ardennes, au moment de la migration des grives, de septembre à novembre.
L'entretien d'une tenderie est un travail important, mais la passion du tendeur lui fait oublier sa fatigue.
"- Vous êtes des sauvages ! hurla-t-elle. Tout est sacrifié à votre coutume. Même une fois, une fois seulement, vous n'y feriez pas exception. C'est horrible, abominable.
- Les grivières connaissent trop d'ennemis ! murmura-t-il."
Jean Rogissart, Passantes d'Octobre.
Le présent article n'a pas pour but de soulever une polémique entre les partisans et les opposants à cette technique de chasse ; il vise simplement à décrire une tradition purement ardennaise qui existe depuis des siècles.
Relief et climat :
Le plateau de l'Ardenne est situé sur l'axe de migration des grives (nord-est, sud-ouest). Son altitude, de 300 à 500 mètres, et l'orientation générale du relief (nord-ouest, sud-est) réalisent une barrière naturelle envers les vagues de migrations.
Les conditions météorologiques automnales de la région (brouillard, pluie, ciel couvert, températures fraîches ...) agissent en dissimulant les repères topographiques et astronomiques qui semblent permettre l'orientation des migrations et contraignent les grives à séjourner quelque temps dans les taillis.
Quatre espèces de grives et une espèce de merle sont les gibiers des tenderies :
- la grive draine
- la grive musicienne ("blanche" ou "grive de pays")
- la grive mauvis (roussette)
- la grive litorne (tcha-tcha)
- le merle noir (appelé grive des "hayes").
Alimentation :
Le régime alimentaire des grives est très varié. Il comporte de nombreuses baies et fruits (houx, aubépine, gui, sorbier, if, genévrier, sureau, ronce, cornouillier, lierre, troène, prunelles, pommes ...). Mais les grives ne sont pas pour autant uniquement baccivores et fructivores : elles s'accommodent aussi de vers, de limaces, d'escargots (dont elles brisent les coquilles sur des pierres plates appelées enclumes), d'araignées, d'insectes et de larves.
A la vérité, c'est surtout pendant l'été que leur régime est essentiellement d'origine animale ; l'hiver, il est en revanche à base de baies et de fruits.
Migrations :
La migration est une véritable adaptation au milieu et à ses fluctuations. Elle conduit les oiseaux à aller chercher au loin ce qui fait défaut à une certaine époque et en certains lieux.
C'est un déplacement régulier, cyclique entre deux zones : l'aire de reproduction et l'aire d'hivernage.
LA TECHNIQUE DE LA TENDERIE :
• LE SORBIER
Appelé localement "branzière", c'est un arbre de la famille des Rosacées.
Le sorbier des oiseleurs est une variété de sorbier. Ses fruits sont d'un rouge corail. On le rencontre abondamment en Ardenne. Les fruits (ou sorbes) sont utilisés comme appâts pour amorcer les pliettes ou pièges à l'arbre.
Autrefois, les sorbiers étaient évalués en bottées.
Hotte à sorbes (boutons) pouvant contenir 10 à 12 kg de baies
LES LACS
La tenderie se pratique en automne, à l'époque où les grives ont entamé leur migration.
Le dispositif essentiel de capture est le lacs (on prononce lasse). C'est un collet en crin de cheval qui est "tendu à la branche" ou "à terre". Son mécanisme consiste en un nœud coulant ayant charge de strangulation.
Le lacs ou lacet est un collet en crin de cheval hongre ou étalon.
Le crin de jument, altéré par l'urine, a mauvaise réputation.
Le lacs est confectionné par l'assemblage de deux crins de 30 centimètres de longueur.
Ces deux crins sont juxtaposés, dégraissés à l'eau tiède, noués en leurs milieux puis roulés entre le pouce et l'index enduits de cendre de bois ou de cigarette (pour mieux glisser sur le lacs) afin de former une torsade de quatre brins arrêtés par un double nœud. Au moment de la pose, l'extrémité nouée est enfilée dans la boucle ( "œil" ou "lumière du lacs") aménagée à la pliure de la torsade.
A Revin, vers 1966, les 90 grammes coûtaient 10,80 F (2,15 € actuels), soit 120 F le Kilo (23,85 € actuels). 100 grammes de crins permettent la fabrication d'environ 5 à 600 lacs.
• LE FER A TENDRE :
C'est un instrument de fabrication artisanale. Fondé sur le principe du levier, il fait pénétrer un ergot coupant dans la périphérie du support et le traverse.
Le fer à tendre se compose d'un fer et d'un manche en bois naturel ou en bois de cerf.
Son extrémité, courbée, est arrondie en un étrier. La lame ou ergot est soudée ou rivetée au corps. De fabrication artisanale, chaque fer a son individualité.
Des fers de toute beauté.
Il existe trois types de fers à tendre (ou fers à lacets).
Dans le type "vallée de la Semoy", le corps est légèrement incurvé afin d'éviter que la main ne vienne heurter l'écorce au moment du fendage.
Pour cette même raison, dans la vallée de la Meuse, le manche du fer est déporté par rapport à l'axe du corps (les tendeurs de la vallée de la Meuse arguant de leurs connaissances métallurgiques plus développées que celles de leurs voisins pour expliquer cette petite différence de conception).
Notons l'existence d'un fer à tendre particulier d'origine belge (ce n'est pas un gag ...), dans lequel la lame est dans le prolongement du corps, l'étrier parallèle au plan de ce dernier. Il nécessite une force d'action verticale.
- LA TENDERIE A LA BRANCHE :
La tenderie à la branche est aménagée tout au long d'un sentier sinueux, tracé dans le taillis, appelé "trait de grivière" ou "voyette".
Dans le tronc des jeunes arbres qui bordent la voyette, le tendeur (griveux ou griveleux) va, à l'aide de son fer, fixer les pliettes. La pliette (ployette, plierette ou ploperette) est une petite branche d'une longueur variant de 30 à 40 cm, de la grosseur d'un fort crayon. Elle est taillée en biseau à ses deux extrémités et fixée au support grâce à deux incisions faites au fer à tendre.
La pose des pliettes et tout particulièrement des lacets est une opération minutieuse qui relève de l'art. Elle nécessite une bonne vue et une dextérité d'horloger alliées à une grande rapidité d'exécution.
• LA TENDERIE A TERRE : Les "Hayettes"
Le piège à terre ne nécessite ni un outillage, ni un temps de pose comparable à celui du piège à l'arbre. Il est préparé après fauchage et nettoyage du trait de grivière.
Tous les 6 pas, à environ 4,50 m d'intervalle, le sentier est barré à l'aide de deux rameaux feuillus et droits (il s'agit le plus souvent de noisetier ou de charme) que l'on pique solidement en terre sur un axe perpendiculaire à celui de la voyette et en son milieu.
Ce type de piège est connu sous le nom de musco dans la vallée de la Semoy, de mousettes en Ardenne belge.
L'oiseau, cheminant à terre, ne pourra s'engager que par l'ouverture centrale ménagée entre les deux rameaux.
SUR LES PAS DU TENDEUR :
Divers éléments semblent intervenir pour favoriser l'abondance des captures.
Les coupes de 6 à 15 ans sont connues pour être les meilleurs lots. Les versants exposés au nord et au nord-est présentent de meilleures conditions que les versants exposés au sud et à l'ouest. De plus, les grives "prennent" généralement mieux "sur les hauteurs qu'en bas".
Les endroits où l'on avait autrefois coutume de fumer le charbon de bois et que les gens du pays appellent "aires di faut", ainsi que les places encombrées de ronces sont autant d'éléments attractifs pour les grives.
Tout bien considéré, pour le tendeur, c'est la ruse, la finesse du tracé, l'habileté à confectionner les pièges et à poser les lacs qui, plus que la situation géographique, sauront garantir le "rendement" de la tenderie.
Les installations techniques des grivières sont permanentes et chaque année, les tendeurs procèdent à leur révision et à leur entretien.
Cela représente de nombreuses heures de travail passées aussi à la réparation des dommages causés par le gibier (chevreuils, cerfs, sangliers) et les méfaits du temps.
Lorsque tout est prêt, le tendeur abandonne ses pièges, non pas à la grâce de Dieu, mais au hasard et aux surprises du vol des oiseaux.
• Le parcours de la grivière : la relève des captures
Pendant la durée des tenderies, la grivière est visitée chaque jour, de préférence le matin. C'est en effet à l'aube, lorsqu'elles sont en quête de nourriture, que les grives "prennent". S'il ne veut pas les abandonner à quelque prédateur, le tendeur doit les relever rapidement.
Ainsi, chaque jour, le tendeur emprunte le trait de grivière qui, après maints détours dans la forêt, le ramènera quelques heures plus tard à son point de départ.
Dans la région, on dit : "courir la tenderie" ou "rebattre la tenderie".
Le tendeur prend soin de se munir de son "bodet" qu'il porte en bandoulière. Il s'agit d'un panier en éclisses de coudrier partagé en deux cases : l'un reçoit les grives, et l'autre contient les baies de sorbiers pour le réamorçage des pièges.
• Le cahier du tendeur
Chaque jour, les captures sont soigneusement consignées dans un cahier. Les cahiers de tendeurs sont riches d'informations. Méthodiques et méticuleux, certains inscrivent, en regard des jours, les conditions météorologiques (ciel, vent, température) et les phases des cycles de lunaison.
Tenu au jour le jour, ce carnet doit pouvoir être présenté à tout instant sur les lieux de la grivière, ainsi que l'autorisation préfectorale et le permis de chasse.
Durée légale de la tenderie : du 15 septembre au 1er novembre, avec des crins de 30 cm maximum au nombre de deux par lacs, dans des bois supérieurs à 20 hectares.
LA TENDERIE EN CHIFFRES
Le nombre des tendeurs - hommes et femmes - dans les Ardennes a été très variable au fil des décennies : 100 tendeurs en 1900 ; 179 en 1978 avec une "pointe" de 285 en 1929 (influence de la crise et des problèmes de nourriture ?). Aucun tendeur n'a été recensé entre 1939 et 1945. La tenderie a été en effet interdite en 1939 par les autorités françaises, puis pendant l'occupation par les autorités ... allemandes.
EVOLUTION DU NOMBRE DES TENDEURS A THILAY EN 40 ANS |
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1931 |
1936 |
1946 |
1950 |
1954 |
1958 |
1962 |
1965 |
1968 |
1971 |
5 |
4 |
2 |
1 |
- |
1 |
3 |
2 |
2 |
1 |
• Le prix des grives :
De tous temps, la grive a été un gibier fort prisé et assez onéreux. Les Romains pratiquaient l'élevage des grives en grandes volières. Elles coûtaient à l'époque trois deniers pièce, soit environ 2,75 F de 1912, date à laquelle on les trouvait à 0,50 F ou 0,75 F.
Sous le Second Empire à Monthermé, il fallait débourser 10 centimes pour obtenir une grive.
En 1965, la grive se vendait en Ardenne environ 2 F pièce ( 2,63 €). En 1971, environ 2,30 F (2,32 €) et vers 1980, huit à dix francs (3,33 à 4,16 €).
• Les charges d'exploitation :
II convient de faire figurer les frais suivants :
- la location annuelle du lot de tenderie
- l'enregistrement
- l'acquisition d'un permis de chasse
- l'acquisition d'une police d'assurance
- l'achat des baies de sorbier
- l'achat des crins de cheval.
Selon les statistiques opérées sur une période de 10 ans vers 1980, le nombre moyen de captures pour 1 000 lacs est de 110 grives ou merles.
DE L'ORIGINE DES TENDERIES :
Les grives ont fréquenté la vallée de la Meuse à des époques très reculées. E. DUPONT, dans les grottes voisines de Dinant, a trouvé des restes datant de l'âge du renne. Dans le Trou du Frontal, près de Furfooz, il a pu recueillir les ossements de 6 draines, 4 mauvis, 3 musiciennes et 3 litornes. Ceci prouve que nos ancêtres, il y a quelques millénaires, savaient déjà tuer ou capturer ces oiseaux comestibles.
C'est à l'époque des XIIIe et XIVe siècles que date la tolérance des tenderies. "Elles sont accordées comme une aumône, comme une obole, aux "manants" des forêts qui meurent de faim et qui seraient trop tentés de se procurer, par le braconnage, la viande qu'ils envient, un peu de la même façon qu'on leur accorde ailleurs le droit de glaner les épis tombés pour qu'ils ne volent pas les gerbes". Quelle aubaine pour ces pauvres diables que les"Passantes d'Octobre" comme les appelle fort justement Jean ROGISSART dans son roman !
Les tendeurs d'aujourd'hui perpétuent un usage vieux de plus de sept siècles. Ils se limitent à quelques centaines de lacs, alors que les plus grosses tenderies des environs d'Hargnies en comptaient jadis plusieurs milliers.
Cette tradition, non lucrative si l'on tient compte des charges d'exploitation et du grand nombre d'heures passées, s'est transmise de génération en génération.
Actuellement, 4 tendeurs "subsistent" à Thilay, 10 à Hautes-Rivières, 16 à Monthermé et 1 à Deville.
La réglementation en vigueur cette année est la suivante :
"Les personnes n'ayant jamais tendu ou ayant interrompu cette activité pendant une ou plusieurs années auront la possibilité de solliciter une autorisation en préfecture. Leur demande sera enregistrée sur une liste d'attente et sera satisfaite dans la limite :
- des communes "à tenderie" dûment répertoriées dans l'arrêté ministériel du 17 août 1989 (cf dernières pages du carnet de prélèvement)
- du quota départemental (20 000 grives pour l'ensemble du département). Les autorisations seront délivrées en fonction de l'ordre d'arrivée des demandes.
Lorsque le quota départemental (20 000 grives) sera atteint, les demandes en attente ne pourront être prises en compte que lorsque des tendeurs abandonneront leur activité.
Dans le cas d'une autorisation accordée à un nouveau tendeur, le quota sera limité à 50 grives".
La tenderie aux grives, technique de piégeage qui se pratique exclusivement sur le plateau ardennais, constitue l'une des nombreuses facettes insolites de notre pays.
Les lacs de crin et les "ployettes" nous mènent bien loin en arrière. Les tendeurs eux-mêmes ont la conviction de se rattacher par là à un passé. Le privilège de la tenderie lié à l'histoire conforte ce sentiment, sentiment partagé par tous les passionnés habités par la "fièvre des bois".
Documentation :
- "Images de la Semoy avant la grande guerre" (Jean CLERC - Editions Terres Ardennaises).
- "La tenderie aux grives chez les ardennais du plateau" (Jean JAMIN - Institut d'Ethnologie 1979).
- "La tenderie aux grives dans les Ardennes" (R. GOFFETTE - Thèse pour le doctorat vétérinaire - 1983).
- Matériel et témoignages obtenus auprès de tendeurs locaux.
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Nota: la conversion francs-euros (en bleu dans le texte) a été faite à l'aide du convertisseur de l'INSEE.
Une prédilection très nette ...
Je pratique, bien sûr, en début de saison, la chasse le long des haies, le tir à la passée du matin et surtout celle du soir.
La capture des grives et merles à la glu ? Cela me plairait bien, mais voilà, les deux territoires de chasse où j'opère, dans les Bouches du Rhône, ne figurent pas dans la liste des communes où ce mode de chasse ancestral est autorisé.
Mais, autant le dire d'emblée, mon mode de chasse préféré, celui qui, au cours des ans a pris une place prépondérante dans mon esprit et dans mon coeur, c'est la chasse des grives au poste à feu.
Au point qu'il a supplanté les autres modes, devenant en quelque sorte une obsession.
Je ne puis désormais observer une haie, un arbre remarquable par sa taille, sa position, l'épaisse "fourrure" de lierre sur son tronc et ses branches, sans penser "poste"!!!
J'ai même contaminé mon entourage! Ainsi, un jour, j'ai été très surpris d'entendre mon épouse parler "d'arbres à quines" en désignant une rangée d'ormeaux caractéristiques.
Mais, pourquoi cette préférence ?
A l'analyse, cette prédilection est la résultante d'une foule de raisons convergentes.
Tout d'abord, le plaisir commence avec le choix des arbres, de l'emplacement et de l'orientation du poste.
Viennent ensuite la construction, le camouflage, l'emplacement des meurtrières, les aménagements intérieurs.
Le nettoyage des extérieurs, le débroussaillage, la taille des arbres, le choix des emplacements où seront disposées les cages des appelants.
Et cet entretien est un souci de tous les instants.
Au poste à feu, on y va tout au long de l'année. Même hors chasse, pour surveiller les conséquences des intempéries, réparer les dégâts éventuels causés par la nature ou les malveillants et préparer la saison future. Et même sans aucune raison "utilitaire", pour le plaisir de le voir d'y entrer, s'y asseoir et revivre quelques instants des saisons passées...
Deuxième raison: l'action de chasse se prolonge avec les soins à administrer aux oiseaux appelants. Veiller à ce que les mangeoires soient bien garnies, les abreuvoirs remplis d'une eau exempte de déjections. Procéder au nettoyage des cages et abris des oiseaux.
Troisième raison de ma dilection: l'atmosphère magique qui entoure ce mode de chasse. L'arrivée de nuit, le cheminement jusqu'au poste à la lueur de ma lampe frontale, l'installation des appelants et du matériel et enfin, accoudé aux meurtrières, je peux assister au spectacle du lever du jour et de l'apparition du soleil, de la vie qui s'éveille et qui anime de nouveau les cieux, les arbres, les buissons. Je suis bien sûr à l'affût de mon gibier, vue et ouïe aiguisées, observant le comportement de mes appelants, scrutant cette boule de lierre là ou ce groupe de petits chênes; à l'écoute du moindre indice sonore ou visuel...Et cette sensation, toujours renouvelée et dont je ne me rassasie jamais, de la vision de l'oiseau posé là où une seconde auparavant il n'y avait, se découpant sur le ciel en ombres chinoises, que les branches dégarnies de feuilles des "cimeus"...
Enfin, je considère la chasse au poste à feu comme une chasse "éthique". Ici, pas de tirs inconsidérés d'oiseaux en limite de portée, pas de mitraillages, donc un minimum de perturbation de la faune et du voisinage. L'emploi fréquent d'armes de petit calibre, le tir à coup sûr d'oiseaux bien identifiés et puis, le caractère malgré tout aléatoire des poses des grives (il y a des jours avec et des jours sans) font que ce mode de chasse est particulièrement respectueux de la nature.
Au poste à feu, le chasseur trouve son émotion par l'acte de chasse et non par l'acte de tir qui n'est que la conclusion des efforts et moyens qu'il a mis en oeuvre.
RG
"La chasse n’est rien si elle n’est d’abord poésie."
14 octobre 2022,
Affût des Platanes.
...La nuit se fait jour, lentement...
Arbres et buissons émergent de l'obscurité, ombres chinoises sur fond de velours bleu foncé.
A l'horizon, une teinte plus blanche...
... et enfin, apparaît, majestueux, vêtu d'or et de pourpre, celui "sans qui les choses ne seraient que ce qu'elles sont." *
Echarpes de feu et de mauve, sur fond de ciel d'un bleu si pâle
Le dieu soleil émerge lentement, que précède un halo doré
Le ciel pommelé se teinte de rose, de feu et de violet.
Tandis que le plan d'eau luit comme du vif-argent.
Me revient alors en mémoire cette phrase de Maurice Genevoix:
"La chasse n’est rien si elle n’est d’abord poésie."
* E. Rostand (Chantecler)
RG
Communiqué glu du 6 octobre 2022
La Fédération Régionale PACA et l'ANDCTG communiquent:
Après que le Sénat ait cru bon de recommander l'alcootest pour les chasseurs, voilà qu'on propose aux gluteurs la solution "bouilleurs de cru"...
On peut appeler ça de l'humour, si on veut !
On ne peut pas accepter cette solution, c'est la mort programmée de notre passion.
RG