Des grives aux merles

Des grives aux merles

La chasse des petits migrateurs.

Redécouvrez le patrimoine culturel de la chasse au petit gibier migrateur en France : grives, merle, alouette, étourneau. Une somme sur tous les modes de chasse, tous les petits migrateurs.  Quelles armes et munitions utiliser ? Chasser avec quelles races de chiens ? Quels sont les modes de chasse par région ? Qu’en est-il des chasses traditionnelles aujourd'hui et pour l'avenir ? Telles sont les questions auxquelles les auteurs apportent des réponses documentées. Ce livre complet et richement illustré comblera les attentes de tous les chasseurs qui souhaitent mener une autre quête, ludique, rustique et buissonnière, génératrice des plus belles émotions.

 

Date de parution prévue: 12 Septembre 2024.

 

 

 

 La Chasse des petits migrateurs..jpg

 

 

 

 

Les auteurs:

A l'instar des 3 mousquetaires d'Alexandre Dumas, ils sont 4:

 

- Jean-Claude Ricci (auteur et directeur scientifique de recherche de l'Institut Méditerranéen du Patrimoine Cynégétique et Faunistique, IMPCF)

- Pascal Durantel (auteur et journaliste cynégétique du Chasseur français

- Kevin De Rorre (auteur et éditorialiste de la Revue Nationale de la Chasse)

- Aurélien Legrand (auteur et journaliste cynégétique et halieutique)

 

192 pages; format 19,00 x 23,00 cm, illustrations: couleur; broché

Editions du Gerfaut (collection: Petits Gibier).

Prix: 29,50 €


14/08/2024
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Baguage des appelants grives (5) - suite.

2 articles sur "La Brève du Chasseur du 13"

(FDC Bouches du Rhône, vendredi 23 Août 2024)

 

- Le premier s'intitule: 

 

 

PETIT RAPPEL SUR LA GLU, LES APPELANTS ET LA CHASSE AU POSTE

 

 

" Début mai, le Conseil d’Etat, en annulant les arrêtés cadre proposés en 2022 pour la chasse traditionnelle des alouettes, réduisait quasiment à néant les espoirs d’obtenir des arrêtés-cadre pour toutes les autres chasses traditionnelles. Pourtant, pour les alouettes, les arrêtés assuraient le caractère sélectif de la pratique, l’encadrement et le contrôle et un quota de prélèvement faible au regard du bon état de conservation des populations. C’est encore une position dogmatique qui prenait le pas sur les arguments rationnels proposés par la FNC.

 

Nous aurions pu penser que pour la glu, les choses en resteraient là mais, début juillet, après la dissolution de l’Assemblée nationale et en recherche de soutiens politiques, le Ministre BÈCHU a fait publier au Journal officiel un arrêté imposant que les appelants de grives utilisés pour la chasse soient issus d’élevages.

 

Nous avions eu connaissance de ce projet d’arrêté dans le courant de l’hiver. La FNC et son Président, W. Schraen, nous avait assuré être intervenu auprès du Ministère pour le bloquer. Sa publication légale n’était pas d’actualité. Nous étions intervenus, avec le Collectif glu, auprès du Président du groupe chasse de l’Assemblée nationale, lors de notre rencontre du mois de Mars, pour faire la même demande.

 

Ce nouvel arrêté, par cette disposition, portait une double attaque. L’une contre la glu et l’autre contre la chasse au poste. Les fédérations, sur le conseil de la Fédération nationale, ont fait le choix de défendre au mieux la chasse au poste. Ainsi, elles n’ont pas attaqué cet arrêté et elles ont demandé des modifications pour que les appelants détenus par les chasseurs puissent continuer à être utilisés.

 

Les Fédérations des chasseurs ont pour mission de défendre la chasse dans son ensemble et l’intérêt de tous les chasseurs ou, au moins, du plus grand nombre. C’est en ce sens que leurs missions diffèrent radicalement des missions des associations de chasse spécialisées.

 

Pour la chasse à la glu, rappelons qu’à ce jour, elle est dans la même situation que toutes les autres chasses traditionnelles à l’exception des chasses à la palombe aux pantes et aux matoles. La défense de ces chasses se poursuit tant au niveau national que local. Pour toutes, il faut obtenir des arrêtés d’expérimentation pour espérer pouvoir rédiger de nouveaux arrêtés cadre.  La question que nous nous posons tous est de savoir quel gouvernement, dans la situation politique actuelle, les prendra.

 

Dans tous les cas nous restons optimistes en étant conscients que le retour à une pratique de la chasse à la glu ne sera possible qu’à la suite de profondes modifications qui garantiront la sélectivité de la capture."

 

 

D'où il ressort, si je comprend bien, que:

 

- Les Fédérations PACA (hors la Fédé Vaucluse), sur les conseils de la FNC (?), en n' attaquant pas l'arrêté ministériel, ont sacrifié la capture des grives à la glu pour "mieux défendre la chasse au poste" (sic !)...

- Cette chasse au poste sera, dans les faits, tellement "mieux défendue" que seuls pourront continuer à chasser au poste ceux qui possèdent déjà des appelants ou qui auront le moyens financiers d'acheter, à prix d'or, des oiseaux nés et élevés en captivité et de les entretenir dans des installations adéquates...

En clair, sous le prétexte de "défendre la chasse dans son ensemble et l’intérêt de tous les chasseurs ou, au moins, du plus grand nombre" les Fédérations Départementales, n'ont fait que reculer la mort inéluctable de la chasse au poste populaire !

 

- Le second article s'intitule:

 

ARRETE APPELANTS 

 

" Concernant les appelants, nous n'avons pas à ce jour des précisions techniques du Ministère permettant le baguage des oiseaux. Une CERTITUDE, vous pourrez utiliser vos appelants détenus avant le 01 octobre pour chasser la grive, sans que celle-ci soit baguée car ce baguage devra être fait pour le 01 janvier 2025, mais toutes les Fédérations sont d'accord pour demander un report de cette date. Si certaines personnes ou associations ne sont pas d'accord avec les décisions prises par les responsables fédéraux, rien ne les empêche de saisir la justice pour demander l'annulation de cet arrêté qui apparemment, à leur sens, est largement contestable. Il est indubitable que pour certains la critique est facile, par contre l'action est plus difficile ! Pour cette même catégorie de personnes qui racontent n'importe quoi sur les réseaux, sachez que leur seul intérêt est la commercialisation de la grive. Il est vrai que la vente d'un appelant qu'ils affichent à 390€ est motivant...!!! Voici l'annonce ci-dessous mise en ligne sur leur site, avec cette pratique de prix, nous sommes très loin de notre chasse traditionnelle et populaire..."

 

Et voici les tarifs annoncés:

 

- Ramageurs:

    Grives litornes (chachas): 350€

    Grives musiciennes (tourdres): 390€

    Grives siffleuses (quines): 330€

    Grives draines (serres): 270€

    Merles:300€ 

- Non ramageurs: 200€

 

On notera que la FDC 13, déplore ces prix astronomiques (faites le calcul du coût d'une petite batterie d'appelants, même non ramageurs ...)

La FDC 13, déplore, mais se désolidarise, simultanément, des associations spécialisées:

Si certaines personnes ou associations ne sont pas d'accord avec les décisions prises par les responsables fédéraux, rien ne les empêche de saisir la justice pour demander l'annulation de cet arrêté qui apparemment, à leur sens, est largement contestable."

Donc, les Fédérations (à l'exception de la FDC Vaucluse) ont, d'une part, renoncé à attaquer l'arrêté glu et d'autre part, elles s'élèvent contre les tarifs exorbitants des éleveurs !
En clair, avec le baguage "ouvert" des appelants détenus avant le 1er Octobre, les Fédérations Départementales ont opté pour le sursis avant la mort de notre passion.

 

Morale de tout cela: 

Quand on a des amis comme ça, on n’a pas besoin d’avoir d’ennemis !!!

 

RG

  

- Dernière pièce essentielle au dossier:

 

 

Communiqué de l’ANDCTG - 30 juillet 2024

 

"Le 02 juillet 2024 une modification a été apportée à l’arrêté du 04 novembre 2023 par la directrice de l’eau et de la biodiversité relatif à l’usage des appelants. Cette modification a pour but de restreindre l’utilisation d’appelants stipulant dès le premier article que désormais les appelants devront être nés et élevés en captivité. Ne nous leurrons pas, cette modification est clairement un levier pour mettre définitivement un terme à la pratique de la chasse traditionnelle à la glu Suite à cette publication la FRC PACA a réuni le lundi 15 juillet toutes les fédérations concernées, la FNC et l’ANDCTG afin de réagir au plus vite. Suite à cette réunion il a été décidé d’attaquer cet arrêté intolérable et inacceptable Le mercredi 17 juillet le Ministère s’est dit prêt à négocier et à réaliser des modifications à cet arrêté Entre la FNC, la FRC, les fédérations Paca et l’ANDCTG, des désaccords sont apparus. L’ANDCTG et la Fédération Départementale des chasseurs du Vaucluse maintenaient leur position d’attaquer l’arrêté. Malgré ce désaccord, la Fédération Régionale des Chasseurs a décidé d’accepter la négociation avec le ministère en s’abritant uniquement derrière une majorité des votants et en écartant l’ANDCTG qui ne partageait pas la façon de penser et donc qui dérangeait. Or, face une décision aussi importante qui concerne l’ensemble des chasseurs au poste, choisir de s’abriter seulement derrière une majorité sort totalement du cadre de toute éthique où l’unanimité devrait être représentée par respect pour la démocratie et pour demeurer solidaire face aux attaques incessantes du ministère. Accepter de transiger avec le ministère, certes permettra de continuer d’utiliser nos appelants capturés précédemment à la glu, mais cela aura pour grave conséquence les points suivants : - Abolition définitive de notre chasse traditionnelle - Baguage et recensement obligatoires de nos appelants - Bien que le ministère propose, pour l’avenir, une solution d’utilisation d’appelants issus de l’élevage, il va de soi, d’une part, que pas tous les chasseurs seront en capacité de le mettre en pratique (problème d’infrastructure extérieure) et d’autre part, la commercialisation étant à ce jour interdite, la plus grande partie des chasseurs ne pourra plus s’en procurer. - Ainsi, plus aucune alternative ne sera possible pour les chasseurs.

Si nous avons souhaité communiquer cette information c’est avant tout pour crier notre refus de devoir nous résigner à assister, impuissants, à la mort d’une de nos pratiques. D’autre part, nous avons tenu également à manifester notre désaccord face à cette négociation entre le ministère et certaines fédérations qui dans tous les cas représentera qu’une solution à très court terme ne garantissant pas la pérennisation de notre pratique de la chasse au poste. Et enfin, il nous semblait pertinent de communiquer, au plus grand nombre, un éclairage réaliste de la situation afin que chacun puisse être au même niveau d’information et puisse éventuellement réagir auprès de leur fédération pour leur faire part de leur avis. Loin de nous l’idée de vouloir créer une scission entre tous les intervenants mais nous ne pouvons pas nous plier à une décision qui est loin d’être partagée par tous et qui va à l’encontre de la défense de nos pratiques ancestrales."

 

Source: ANDCTG, ww.chasse-grives.fr

 

 

 

 


24/08/2024
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Les grives de l'Etoile.

Réécrire, pour la publier, une thèse de doctorat d’histoire sur “Mémoire et imaginaire d’une pratique cynégétique dans le terroir marseillais” est l’aboutissement d’un long cheminement...

 

L’auteur croise la description d’une pratique de chasse très particulière que l’on appelle en Provence la chasse au poste à la grive, avec un ensemble de sources très variées et une démarche de recherche en histoire.

Il s’agit de mettre, ou remettre, en perspective des pratiques dans la durée, de chercher des références, des repères de temps et d’espace sans négliger pour autant ce qui est finalement l’essentiel, c’est-à-dire l’émotion des petits matins d’octobre quand les premiers “tchick tchick” s’échangent entre les “appelants” et les migratrices, qu’un petit Mistralet juste ce qu’il faut fait frémir les "arquets" et les "povadous", que l’on sent que ça va passer.

La chasse au poste relève d’une culture spécifique, elle revendique le registre des “traditions”.

 

 

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Allez, en guise de mise en bouche, quelques passages de ce livre unique en son genre:

 

" La première invitation à participer à une matinée de chasse au poste à la grive et toutes les sensations ressenties dans cet espace clos, réduit et, au moins pour celui-là, édifié de façon très rudimentaire, demeurent gravés dans ma mémoire. L'exclamation d'un de mes témoins lors de mes entretiens prend tout son sens : "les grands aussi font des cabanes... ".

La promiscuité, le froid vif, l'attente avec les yeux rivés sur le ciel et les arbres, tous les sens en éveil représentent autant de repères affectifs et de projections potentielles qui conditionnent des comportements, des choix et des attitudes... "

 

ou encore:

 

 " quelle drôle de chasse, où parfois, on capture le gibier comme on cueille un fruit ou comme on décroche un poisson de l'hameçon...

Curieuse technique où l'on utilise des mots, des savoir faire et des outils de pratique de cueillette ou de pêche, curieuse chasse où l'on parle oiseau, curieux chasseur qui se poste et attend que sa proie réponde à ses appels, à ses invitations pour se poser là où il le désire. "

 

 

La suite ? Hé bien pour la connaître il faudra vous procurer ce livre qui part à la découverte des racines de notre passion !

 

 

 

- De l'auteur :

Guy Piana, est né à Marseille en 1947 (tiens, la même année que moi !).

Ancien élève de l'Ecole Normale d'Aix en Provence, successivement instituteur, professeur d'histoire, chef d'établissement, principal de collège et proviseur, il a soutenu une thèse de doctorat d'histoire en 1992.

 

- Editeur: Vial B 

 

- Format: 16×22 cm – 280 pages

 

 


09/07/2024
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Baguage des appelants grives (4) - suite.

Fédération Départementale des Chasseurs du Var

Vendredi 9 Août 2024, 13h52

 

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Source: Page Facebook de la FDC 83 ( https://www.facebook.com/federationdeschasseursduvar )

 

Apparemment le Var est à la pointe de l'information !

On en apprend chaque semaine un peu plus !

 

Quid des grives blessées et soignées ? Pourront elles être conservées (et baguées) comme appelants ou bien faudra t'il les achever ?

Est ce un oubli ?, mais la FDC 83 écrit "... tout nouvel appelant devra obligatoirement être né et élevé en captivité... " sans préciser né et élevé en France ou ailleurs...

 

Quelle usine à gaz on est en train de mettre en place quand on sait que les 5 espèces de turdidés chassables (musiciennes, siffleuses, litornes, draines et merles noirs) sont classées LC (préoccupation mineure, espèce pour laquelle le risque de disparition est faible) dans la liste rouge de l'UICN.

 

A suivre...

 

RG


10/08/2024
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Chasses à la grive autrefois dans le bas Bugey.

Bon, c'est un fait, ce texte est particulièrement long comme me l'a fait remarquer mon aimable co-lectrice !

On dira que le style est "daté" (XIXe siècle) ... Et encore, j'ai épargné le lecteur en supprimant les très très longs hors sujets qui mis bout à bout doublent la longueur du texte.

Tel quel, il présente un intérêt documentaire certain sur les pratiques de chasse traditionnelles dans l'Ain dans les années 1800. 

RG

 

Blason famille Vingtrinier.png
 

 

Si  la  poursuite  du  gibier  a  ses  charmes,  l’attente immobile  ne  manque  pas  non  plus  de  douceurs.  La  pipée a  ses  fanatiques,  l'affût  ses  martyrs,  le  miroir  ses  amateurs, surtout  quand  de  jeunes  dames  viennent  en  souriant s'asseoir  sur  un  coussin  et  consentent  à  tirer  la  ficelle;  la traînasse,  la  tomberelle  et  la  longue  série  des  filets  auraient leurs  sectateurs  si  l'autorité  ne  veillait  pas,  et  si  le  garde n'était  pas  chargé  d'apprendre  aux  profanes  que  la  chasse est  simplement  une  distraction  et  un  plaisir  et  non  une spéculation  et  un  ravage.

Tous  les  filets,  cependant,  ne  sont  pas  défendus.  On  les emploie  à  prendre  les  pigeons  dans  les  Pyrénées,  on  les autorise  dans  certains  pays,  pour  la  grive  et  la  bécasse.

Cette  dernière  chasse  est  populaire  dans  le  département de  l’Ain  ;  il  n’est  pas  de  vigneron  qui  n'ait  sa  pantière; beaucoup  de  fils  de  famille  qui  chassent  au  fusil  dans  la journée,  s'empressent,  le  soir  avant  la  tombée  de  la  nuit, ou  une  heure  ou  deux  avant  l'aurore,  de  charger  leur  sac sur  le  dos  et  de  gagner  la  montagne  où  leur  poste  est  préparé.

Pendant  les    longues  soirées  d'hiver,  quand   la  neige tombait,  quand  le  vent  sifflait  et  que  la  famille  assemblée travaillait  autour  du  feu,  on  a  raccommodé  et  mis en  état toutes les  mailles de la  pantière. Voilà  l’automne, les  raisins sont  mûrs,  les  grives  arrivent: c'est  le  moment  de s'établir.

 

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On  choisit  à  bord  de  bois,  dans  un  sentier, une  clairière, non  loin  des  vignes,  un  endroit  propice, ni  trop  vide ni trop  ombragé. On  plante,  à  cent  pieds  de  distance,  deux hautes  et  fortes  bigues ou  perches  dont  le  haut est  fourchu ; parfois,  on  se  sert  d'une  forte  branche  dépouillée faisant  crochet  à un  arbre  élevé; l'essentiel  est  que  le support  soit  solide et  que  la  corde glisse rapidement dans la  fourchette qui  sert  à  hisser  le  filet.

Une  perche  longue,  légère  et  fourchue  sert  à  élever  le cordeau  et  à  le  passer  à  la  fourchette  Immobile.

On  tire  sur  la  corde,  et  le  filet  monte  lentement  jusqu'à la  hauteur  de  la  bigue  ou  de  l'arbre  qui  sert  de  premier support.

On  attache,  par  un  nœud  simple  et  facile  à  défaire,  la corde  à  hauteur  d'appui  et  l'on  court  à  la  seconde  bigue faire  la  même  opération.

Le  filet  est  tendu  ;  une  haute  muraille  verte  dont  le  tissu se  confond  avec  le  feuillage,  sépare  la  partie  du  bois  où l’oiseau  a  dormi  de  la  vigne  où  il  va  prendre  son  repas  matinal.

On  jette  sur  le  sol  un  dernier  coup  d'œil;  on  coupe  les branches  qui  pourraient  gêner  ou  déchirer  le  filet,  on  aplanit les  herbes  de  la  clairière,  on  nettoie,  on  est  inquiet,  on revient.  La  forêt  tout  entière  murmure,  les  chasseurs  occupent tous  les  passages  ;  il  y  a  là,  de  distance  en  distance, toute  la  jeunesse  du  village;  l’un  emprunte  une serpette,  l’autre  a  égaré  sa  perche,  un  autre a cassé  sa cheville  ;  puis  chacun se  range  debout  et  attentif  au  pied de  sa  bigue;  un  immense  silence  se  fait,  on  croirait  être dans  une  forêt  vierge,  dans  un  monde  vide  et  désert;  on attend.

 

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Chaque  chasseur  tient  sa  corde  dans  sa  main,  l’oeil  fixé vers  la  sortie  du  bois,  à  la  hauteur  de  la  pantière.  Le  cœur bat  d'espérance,  les  rêves  les  plus  roses  éclosent  et  s'épanouissent :  on  pense  que  les  grives  vont  être  abondantes  et pressées,  que,  pour  descendre,  une  bécasse  pourrait  bien choisir  ce  passage;  qu'une  compagnie  de  perdrix  est  dans le  canton  et  que  rien  ne  l’empêcherait  de  venir  se  jeter toute  entière  dans  le  filet.  Quelle  nouvelle  dans  le  pays!

Quelle  aubaine !  quel  triomphe  pour  le  chasseur !

Nous  avons  fait cette  chasse,  sur  les  collines  qui  bordent la  rivière  d’Ain  et  nous  avons  rarement  éprouvé  de moment  plus  délicieux  que  celui  qui  précédait  le  réveil  du gibier.

Les  dernières  heures  de  la  nuit  s'écoulaient  ainsi.  Puis les  étoiles  pâlissaient  ;  la  nuit  devenait  d'un  bleu  doux  et tendre,  l'air  fraîchissait  ;  sous  ce  souffle  imperceptible  du matin,  les  habits  devenaient  plus  légers.  Alors, l'attention redoublait;  la chasse  allait  commencer.

Le  premier  être  qui  s'agitait  dans  le  silence  des  bois était  le  faux-bourdon (1).  Son  grondement  ailé,  le  bruissement rapide  et  continu  de  ses  ailes,  ce  bourdonnement  sonore qui  lui  a  fait  donner  son  nom  était  le  premier  signal du  réveil  de  la  forêt  Le  faux-bourdon,  désireux  de  déjeuner, quittait  son  arbre  et  volait  sans  idée  bien  fixe  et  bien arrêtée;  arrivé  devant  les  mailles  du  filet,  il  trouvait  un obstacle  inconnu,  insolite  qui  l'inquiétait  et  piquait  sa curiosité  ;  il  passait  et  repassait  à  travers  les  fils  invisibles, en  haut  et  en  bas, à  droite, à  gauche,  étudiait  ce mystère  qui  dépassait  les  bornes  de  son  intelligence, puis donnant  sa langue  au  chat,  s'éloignait  sans  avoir  compris ce que pouvaient  être ces fils tendus  sur  son  passage  et dont ses  amis ne lui avaient  jamais parlé.

Le  second par ordre, le  second  aussi  par  la  taille et la curiosité, était  le  roitelet, qui  passait  fier  et  gai,  l’estomac vide  et  déjà  joyeux  et  de  bonne  humeur !

Aussi pour lui, ces  mailles étaient un  problème;  les fils verts échappaient à sa  vue;  il  les  heurtait  de  l'aile, mais  ils  ne l’empêchaient pas de traverser. Inquiet, vivement  intrigué, il  allait, venait, revenait, se  faisait  un jeu de passer et de repasser à travers  les  mailles;  puis l’appétit  parlant plus  haut, le roitelet  partait à son tour laissant ce  mystère incompris.

Après  le  roitelet,  venait  le  rouge -gorge.  Courageux, hardi,  confiant,  le  rouge-gorge  se  heurtait,  revenait  se frottait  aux  mailles  en  faisant  entendre  un  petit  cri  de  méfiance  et  d'étonnement.  Rien  n'est  gracieux  comme  l'éclat métallique  de  son  chant;  ce  jeu  répété  plusieurs  fois,  le rouge-gorge  fuyait,  aussi  curieux,  aussi  ignorant  du  mystère que  ses  devanciers.

 

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Voilà  que  dans  la  forêt  éclate  la  trompette  du  merle.  Il se  réveille,  moqueur  et  sauvage;  il  fait  claquer  son  bec et  s'avance,  non  en  volant  comme  un  étourdi,  mais  en  sautant  de  branche  en  branche,  écoutant,  éclairant  sa  route, sondant  le  terrain  et  se  méfiant  de  tous  les  dangers.

Voilà  le  merle  ;  le  silence  est  plus  profond  encore,  le  gibier est  rusé;  toutes  les  respirations  s'arrêtent,  tous  les mouvements  sont  suspendus.

Il  s'approche  en  zigzag,  et  son  cri  moqueur  indique  le scepticisme  et  l'égoïsme  de  son  esprit;  son  œil  plonge  au loin,  il  écoute,  il  raille,  il  se  moque  ;  il  va  déjeuner,  là-bas, dans  la  vigne,  avec  des  vers  et  du  raisin  ;  il  se  réjouit, mais  ne  se  presse  pas;  les  bois  sont  si  peu  sûrs;  mais bien  fin  qui  le  surprendra.  Il  s'approche,  fait  un  saut, tressaille  et  s'arrête.  Tout  son  être  est  immobile;  sa  prodigieuse sensibilité  l'a  prévenu,  le  fluide  magnétique  du filet  vert  lui  a  envoyé  ses  effluves, quel  est  ce  danger qu'il  soupçonne,  qui  l'effraye  et  qu'il  ne  connait  pas ?

Il  saute  en  arrière,  rien;  il  saute  en  avant  et  frémit.  Il monte   au   sommet  des  taillis,  le  danger  existe  encore. Il  saute  à  droite,  il  saute  à  gauche,  partout  l’effluve  l'impressionne ;  il  regarde  et  ne  voit  rien  ;  il  écoute  et  n'entend rien.  Il  crie,  s'impatiente,  claque  du  bec,  s'irrite,  creuse  sa mémoire,  sonde  son  cerveau,  se  demande  si  ce  danger  lui a  déjà  apparu?  Il  ne  se  souvient  de  rien. Ses  parents,  dans  son  enfance,  ne  lui  ont  pas  révélé  ce danger.

Est-ce  une  bête  féroce  qui  est  devant  lui?  Il  la  provoque comme  il  fait  du  loup,  du  renard,  de  la  fouine;  rien  ne  répond. Est-ce  la  chouette?  Il  la  verrait,  et  d'ailleurs,  il  la connaît,  il  l'a  combattue  et  poursuivie  assez  souvent.

Il  se  rassure,  s'encourage;  il  crie  plus  fort  pour  n'avoir pas  peur;  son  estomac  le  tiraille;  il  faut  en  finir,  le  déjeuner est là-bas  et les autres auront  bientôt  tout  pris ;  c'en est  fait, il  vole  en  avant...

Au  premier  coup  d'aile,  il  est  dans  les  mailles  du  filet; il  est  captif,  le  filet  tombe  et  un  poids  immense  pèse  sur  lui.

Alors,  il  pousse  des  cris  déchirants,  le  désespoir  inonde son  coeur.  Voilà  donc  ce  danger  qu'il  pressentait;  il  aurait dû  le  deviner,  fuir  en  arrière,  faire  un  grand  contour,  au besoin  attendre  sous  bois.  Ah!  le  malheureux  qui  s'est laissé  surprendre,  ah!  l'infortuné  qui  va  mourir,  mourir, lui,  si  fin  et  si  rusé,  pris  au  piège,  lui  si  méfiant.  Au  secours !  vous  autres,  au  secours  !

Mais  c'est  bien  pis,  voilà  le  chasseur  qui  se  précipite en  se  baissant  ;  les  cris  et  les  sauts  redoublent  à  son  approche;  il  essayerait  volontiers  les  coups  de  bec,  mais  il est  trop  gêné.  Une  main  leste  le  saisit,  et  du  pouce  et  de l'index,  lui  écrase  la  tête;  il  a  vécu.

Le  chasseur  retourne  en  courant  à  sa  bigue  ;  le  filet  est rapidement  relevé  ;  un  grand  silence  se  fait  à  nouveau.

Voilà  qu'un  coup de  sifilet  retentit  dans  le  bois;  c'est  un cri  aigu  comme  celui  de  la  balle  sur  le  champ  de  bataille, et  au  même  instant  passe  droite  et  rapide  une  masse  qui donne  dans  le  filet.

C'est  une  grive  gourmande  qui  allait  picorer  et  qui, folle,  imprudente,  quoique  nerveuse  et  sauvage,  se  confiant dans  la  rapidité  de  son  vol,  est  venue  piquer  la  tête au  beau  milieu  du  danger.

Le  filet  tombe,  le  chasseur  se  précipite,  la  ramasse, L’étouffe  et  relève  son  filet.

Quatre,  cinq,  six  grives  la  suivent  à  peu  de  distance.

Quelquefois, une  d'elles  franchit  le  pas  avant  que  le  perfide engin  ne  soit  relevé ;  quelquefois,  une  autre  passe  à  deux doigts  plus  haut  que  la  cordelle,  et  voilà  que  les  étoiles  sont complètement  effacées,  qu'une  ligne  grisâtre  paraît  au dessus  des  montagnes,  et  que  la  bise  qui  fraîchit  annonce que  bientôt  l'aurore  va  se  lever.

Alors,  parfois,  une  ombre  passe  dans  la  forêt.  L'apparition est  rapide;  ni  cri,  ni  coup  d'aile  ne  l'ont  fait  pressentir.

C'est  un  boulet  de  canon  qui  passe  sans  sifflement  et  qui s'est  jeté  à  votre  insu  dans  vos  mailles.

Ouvrez  l'œil,  lâchez  la  corde,  ayez  la  main  légère  et prompte,  car  c'est  une  bécasse,  un  morceau  de  roi  qui  est venu  se  faire  capturer.

On  commence  à  distinguer  les  objets  dans  la  forêt;  les oiseaux  ont  fini  leur  passage,  on  peut  détendre  les  cordes et  faire  joyeusement  son  paquet.

Alors,  la  forêt  silencieuse  qui  semblait  vide  est  tout  à coup  pleine,  animée  et  bruyante  ;  tout  le  monde  s'appelle, se  reconnaît,  s'interroge,  s'interpelle  ;  un  voisin  en  causant a  fait  manquer  un  coup  superbe;  une  fourchette  a cassé,  une  corde  n'a  pas  glissé,  une  bécasse  a  passé  trop haut;  l'un  a  son  carnier  plein,  l'autre  n'a  pas  eu  de  chance; on  se  cherche,  on  se  groupe,  on  discute  en  descendant,  on se  donne  rendez-vous  pour  le  chien  d'arrêt  ou  les  chiens

courants,  et  on  va  rejoindre,  à  Ambérieu,  à  Jujurieux  ou  à Poncin,  le  déjeuner  qui  vous  attend.

 

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Ici  se  pose  une  question.

Est-il  vrai  que  la  grive  soit  un  oiseau  ivrogne  et  qu'elle boive,  s'abrutisse  et  tombe  dans  tous  les  excès,  dans toutes  les  dégradations  des  buveurs  de  profession ?

Les  anciens  l'ont  regardée  comme  un  oiseau  de  mauvaise vie.  On  l’avait  consacrée  à  Bacchus,  et  un  proverbe calomnieux  comme  beaucoup  de  proverbes,  dit  insolemment : saoul  comme  une  grive.

D'abord,  parce  que  le  vin  fermenté  peut  enivrer,  est-ce une  raison  pour  qu'une  graine  de  raisin,  cueillie  et  picorée  sur  le  cep,  puisse  troubler  la  raison  et  monter  à  la  tête ?

J'aurai  de  la  peine  à  en  convenir.

Soyons  justes,  même  avec  les  pauvres  grives  qui  elles auraient  bien  d'autres  choses  à  nous  reprocher.

c'est  la  calomnie  impure qui  a  souillé  la  grive  et  non  la  médisance,  sa  non  moins dangereuse  sœur.

Rendons-lui  donc  justice  à  cet  oiseau  charmant;  ne  lui prêtons  pas  un  de  ces  vices  honteux  qui  dégradent l'humanité  ;  c'est  bien  assez  de  l'ivresse  de  l’homme  dans  le monde  sans  y  ajouter  celle  de  cette  aimable  créature.

A  la  pantière  ou  au  fusil,  la  chasse  à  la  grive  est  charmante,  qui  pelote  ce  gibier  dans  une  vigne  à  échalas  est un  fin  tireur,  un  maître.

La  grive  est  élégante  de  forme,  jolie  de  couleurs,  vive  et enjouée  de  caractère,  délicieuse  au  goût.  Allons,  de  grâce, confrères  en  saint  Hubert,  mangeons-la,  mais  ne  la  calomnions pas.

 

Aimé  VlNGTRINIER.

 

(1)   Faux-bourdon: abeille mâle

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Source: Archives de l'Ain; "Fantaisies lyonnaises : Chasse à la grive, avec une introduction de Joséphin Soulary ; Pêche à l'alose ; la Statistique à Lyon ; la Damnation de Gounod, etc.

 

 

 

 


07/07/2023
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