La tenderie aux grives en Belgique, région spadoise.
Petite trouvaille sur le net, cet article de Jean Lecampinaire, publié dans le mensuel belge Réalités, mensuel de Spa et de sa région. (http://www.sparealites.be/)
Article reproduit ici in-extenso avec l’aimable autorisation de M. Eric PALLA.
RG
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Alors qu’elle est interdite en Belgique depuis les années soixante (1967-1968), la tenderie aux grives est encore pratiquée de nos jours dans le nord des Ardennes françaises (le long de la frontière belge), au moment de la migration, de la mi-septembre jusqu’à la mi-novembre.
Cette tradition existait dans les Ardennes belges depuis des siècles, elle daterait même de l’époque préhistorique, plus précisément de l’époque de l’âge du renne. Des archéologues ont en effet trouvé des ossements de grives dans des grottes proches de Dinant. Nos lointains ancêtres en consommaient donc. Les Romains, eux, pratiquaient l’élevage des grives dans de grandes volières.
C’est, semble-t-il, au Moyen Age que dans notre région le droit de tenderie est accordé aux « manants ». Il fait partie des droits d’usage qui leur ont été octroyés par le prince-évêque de Liège. Il faut savoir que du Moyen Age jusqu’à la fin du 19e siècle, la forêt sera souvent pour nos aïeuls le complément nécessaire du champ et du pré. Ils y cultivent après l’essartage, ils y coupent leur bois de chauffage, ils y trouvent les matériaux nécessaires à la construction de leur maison, leur bétail y trouve sa nourriture sous la garde d’un « herdier ».
Dans nos campagnes, la tenderie aux grives a été pratique courante jusqu’en 1967-1968 ; elle se transmettait de génération en génération et était dénommée la chasse du pauvre. Les espèces concernées par ce mode de capture étaient : la grive musicienne, la grive mauvis, la grive litorne, la grive draine et le merle noir.
Cruel pour certains, traditionnel pour d’autres, ce mode de « chasse », qui consistait à capturer le volatile au moyen de collets (lacets) faits en crin de cheval, se pratiquait de deux manières : à la branche ou à terre (méthode interdite en Belgique dès 1929). Alors que le piège à terre ne nécessitait aucun appât, le piège à la branche (la pliette et son lacet représentée en fin d’article) était amorcé avec des baies de sorbier (sorbes) dont les grives sont friandes.
Entre les deux guerres, la tenderie aux grives fut réglementée car elle se pratiquait de plus en plus à des fins commerciales. En effet, les grives capturées partaient pour les grandes villes et se retrouvaient dans les assiettes des meilleures tables verviétoises, liégeoises et même bruxelloises. A Spa, elles étaient vendues chez Oscar Heinen (magasin de gibier). Dès les années trente, chaque citoyen fut donc en droit d’acheter un permis de tenderie valable un an, comme il en est de même aujourd’hui pour la pêche. Ci-après, le permis de tenderie aux grives délivré au Creppelain Ferdinand Joseph Dohogne.
A Creppe, la tenderie aux grives se pratiquait dans les bois de Mambaye et de Lébioles. Parmi les tendeurs, on peut citer : Ferdinand Joseph Dohogne, Ivan Pottier, …
A Nivezé, elle s’effectuait dans les futaies des Basses-Nivezé ou encore dans le bois du Hatrai. Emile Jérôme et Octave Goblet étaient des fervents défenseurs de cette pratique ancestrale.
A Winamplanche, c’est le long du ruisseau de l’Eau Rouge dans la vallée de Tolifaz et dans le bois de Vequeterre, situé entre Creppe et Winamplanche, qu’Henri Starck, Louis Goffin et Albert Goffin posaient leurs lacets.
A Desnié, Raymond Schmitz tendait dans le bois de Fagne Maron et Lucien Leroy plaçait ses pièges au Vieux Pazé.
A Sart-lez-Spa, les tendeurs portaient leurs grives chez Marcel Pauly. Elles étaient ensuite amenées à la gare du village pour partir le lendemain au premier train. Quelquefois, plusieurs centaines de grives étaient ainsi expédiées à la capitale.
Le principe du piège était simple : la grive venait sur le perchoir de la pliette, passait son cou dans le nœud coulant du lacet pour atteindre les baies de sorbier et se pendait en prenant son envol.
Jean Lecampinaire
Sources : La tenderie aux grives (Jean Jamin – 1979 – CNRS Paris)
Les gestes oubliés (Nos r’prindans rècène – Comité culturel de Jalhay/Sart) Messieurs Raymond Goffin, Georges Ledoyen, Raymond Schmitz, Jacquy Dohogne, Paul Gernay, André Pottier, Jean Jérôme et Joseph Laurent
http://www.sparealites.be/la-tenderie-aux-grives-en-region-spadoise
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