Des grives aux merles

Des grives aux merles

Eloge du fusil à un coup.

Le fusil à 1 coup n'est plus guère utilisé aujourd'hui à la chasse à l'avant, supplanté par les armes à 2 canons ou les semi-automatiques.

Au poste à feu, il reste toujours d'actualité. Il a nom: Simplex, Baïkal, voire encore un de ces vieux Gras, tel le fusil de Marquette, dans ce passage, extrait du livre « Souvenirs de chasse pour Christian ».

L'auteur, René Chambe (1889-1983), général, aviateur, écrivain, était aussi un grand chasseur.

Il fait ici l'éloge du fusil à 1 coup.

 

La scène se déroule en 1899-1900, le jeune René (l’auteur) présente les chasseurs de son village, Vaulx-Milieu, en Isère. Parmi eux, Marquette, passionné exclusivement par la chasse au gibier d’eau, à l’affût, la nuit.

 

RG

 

 

 

-       M’sieu Marquette, pourquoi qu’il a qu’un coup, votre fusil ?

Il était en effet possesseur d’un fusil à un seul canon, comme je n’en avais jamais vu ; tous les autres chasseurs se servaient de fusils à deux coups. Il se l’était acheté, dès qu’i l’avait pu, chez l’armurier Baret, à Bourgoin, bien connu de tous les nemrods de la région. C’était un de ces fusils qu’on dénommait alors fusil Gras transformé, lequel était un fusil de guerre modèle 1874, du nom de son inventeur, le général français Gras, polytechnicien. Dans mon ingénuité, je pensais que ce fusil était ainsi appelé pour sa nécessité d’être toujours enduit de beaucoup de graisse. Pour le rendre utilisable pour la chasse, on en avait simplement remplacé le canon, tout en conservant sa crosse, son fût et sa culasse. Il n’avait évidemment qu’un seul coup.

A ma question Marquette avait fait une réponse que je n’ai jamais oubliée. Elle dénotait un réel esprit de réflexion et de bon sens :

-       Pourquoi que mon fusil, il n’a qu’un coup ? C’est parce que c’est le meilleur. Je vas vous dire pourquoi c’est très mauvais d’en avoir deux, de coups.

« Ecoutez-moi : Si vous en avez deux, vous tirez vite le premier, parce que vous vous dites que ça n’a pas d’importance, puisque vous en avez un deuxième. Alors vous tirez vite et souvent au hasard et vous manquez. Alors vous tirez vite et souvent au hasard et vous manquez. Alors vous vous affolez d’avoir manqué et, résultat, vous tirez encore plus vite votre second coup, pour vous rattraper. Et vous manquez encore, d’autant plus sûr que le gibier, il est plus loin.

« Tandis que si vous n’avez qu’un coup, vous vous appliquez finement, parce que vous savez qu’il n’y a pas de quartier. Vous prenez votre temps, vous tirez ni trop vite, ni trop tard, juste ce qu’il faut, à bonne distance et vous manquez pas. Le fusil à deux coups, c’est idiot ! ça vous fait manquer.

-       Mais s’il vous part deux perdreaux, M’sieu Marquette, vous pouvez pas faire le doublé ?

-       Ouais, le doublé ! Moi, j’aime mieux un mien sûr que deux tu les auras pas. Et puis, le deuxième perdreau, ça va, je le retrouverai toujours à la remise ! ça presse pas.

 

 

 

Fusil GRAS cal 24 (Copier).jpg



29/04/2016
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