Des grives aux merles

Des grives aux merles

Turdidés.


Le Big 5... en Provence.

Big 5 en Provence.jpg

 

 

 

Les 5 espèces, en chassant "à l'avant", dans la même sortie!!!

De gauche à droite: mauvis, musicienne, litorne, merle noir et draine.

Bravo Alain et merci pour la photo.

 

RG


09/08/2017
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La grive musicienne "isabelle".

Alain 13 g (Copier).JPG

 

 

En voilà un bel exemplaire!!!

Je n'en ai personnellement jamais vu. Renseignements pris, le terme isabelle serait impropre.

Première précision: il ne s'agit pas d'une espèce à part, mais du résultat d'une mutation génétique.

On ne connait, à ce jour, chez la grive musicienne que 3 types de mutation: brune, satinée et albinos.

La grive ci-dessus est donc classée "mutation brune", bien que, personnellement, je trouve le terme "brune" impropre pou désigner cette belle couleur tirant sur l'orangé...

 

RG


07/08/2017
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Trois espèces de grives éteintes.

En biologie et en écologie, une espèce disparue est une population réputée n’avoir plus aucun représentant vivant, ni dans la nature, ni en captivité (* cf renvoi bas de page).

 

 ξ

 

Les 3 espèces de grives ci-dessous sont considérées comme définitivement éteintes:

La Grive de Kittlitz, le Merle de Grand Caïman et le Merle de Raiatea.

 

 ♦

 

- La Grive de Kittlitz ou Grive des Bonins (Zoothera terrestris) :

 

Cette espèce était endémique de l'archipel d'Ogasawara (Japon), appelé aussi Iles Bonins et plus précisément de la seule île de Chichi-jima.

Cet oiseau a été découvert en 1828 par Von Kittlitz. L'espèce est connue par seulement 5 spécimens dispersés aujourd'hui dans 4 musées (Francfort, Saint Petersbourg (2), Leyde et Vienne).

On possède peu d'informations sur son comportement  ou sa biologie reproductive.

Habitat: forêts dans les basses terres côtières. Il semblerait que la grive de Bonin restait et nichait au sol.

On pense qu'elle a été détruite par les rats et les chats introduits dans l'île.

 

Zoothera_terrestris.jpg

 

 Spécimen conservé au Naturalis Biodiversity Center (Leyde, Pays Bas),  

 

cliquer:                   Grive de Bonin specimen

 

 ♦ ♦

 

 

- Le Merle de Grand Cayman (Turdus ravidus) :

 

 

Grand-Cayman-Thrush (Copier).jpg

 

Autrefois endémique de l'île de Grand Cayman (Iles Caïman, Caraïbes), ce merle ou grive de couleur grise a été vu vivant pour la dernière fois en 1938.

Il était considéré comme commun lorsqu'il a été décrit en 1886, mais a décliné rapidement et en 1911 n'a été trouvé que dans des étendues de forêt isolées à l'extrémité est de l'île. La perte d'habitat, aggravée par les dommages causés par les ouragans, est responsable de la disparition de la grive de Grand Cayman.

 

Description: 

Dans l'ensemble gris ardoisé foncé, avec du blanc sur le bas du ventre et le croupion, des taches blanches à l'extrémité des plumes extérieures de la queue et des pattes, Le bec, les pieds et le cercle oculaire nu étaient rouges. La longueur des ailes était de 13,5 centimètres et la longueur de la queue était de 11 centimètres. Le bec atteignait une longueur de 2,4 centimètres et les pattes mesuraient environ 3,8 centimètres. 

 

Sources: Birdfinding.info & thewebsiteofeverything.com

 

 

 - Le Merle de Raiatea :

 

Bay-Thrush_crop.jpg

 

  

Cet oiseau vivait autrefois sur l'île de Raiatea (Iles de la Société, Polynésie Française.

Sa position taxinomique (**) est incertaine. Il est appelé tantôt merle, tantôt grive ou encore étourneau...

Cette espèce n'est connue que par une aquarelle de 1774 de G. Forster, naturaliste, le seul et unique specimen ayant disparu.

L'aquarelle est annotée " Raiatea, femelle, 1er juin 1774 "

  

Description: 

Le naturaliste J. Latham qui avait pu examiner le spécimen avant sa disparition le décrit ainsi: 

 « Taille de la grive musicienne: longueur huit pouces et demi (21-22 cm). Bec d'un pouce et quart (environ 3 cm), échancré à l'extrémité, et d'une couleur perle rougeâtre. Couleur générale du plumage brun roux, plumes bordées de sombre, queue de forme arrondie et sombre, pattes d'un noir sombre."


Description complétée par J. Greenway (ornithologiste: 

"Tête sombre marquée de brun. Au-dessus, sombre, toutes les plumes bordées de brun rougeâtre; ailes sombres, les primaires bordées de brun, comme les couvertures alaires et les plumes de la queue. Dessous ocre. Iris jaune foncé. Douze plumes de la queue. Tibias comprimés et à sept écailles. Langue bifide à l'extrémité et ciliée." (Forster et James Greenway)

 

Comportement: 

Les seules observations enregistrées de l'oiseau vivant proviennent de Forster, qui a noté qu'il avait un chant doux et flûté et qu'il vivait dans

les fourrés des vallées de son île natale. 


Il semble qu'il ait disparu entre 1774 et 1850, presque certainement en raison de l’introduction accidentelle de rats noirs ou bruns dans l’île. 

 

Sources: Raiatea starling - Wikipedia; deadasthedodo.com; planetofbirds.com; speciestinte.wordpress.com; mariomairal.com

 

 

  

* Si les techniques de conservation de tissus ou de gamètes se perfectionnent, le clonage permettra peut-être de dupliquer le dernier individu connu d’une espèce mais non de retrouver la diversité génétique de l’espèce, et sans garantie que l’espèce puisse survivre dans la nature (par exemple si son habitat a disparu).

 

** Position taxinomique: position dans la classification des organismes vivants.


23/03/2023
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La liste rouge de l'UICN.

L'UICN est une organisation non gouvernementale mondiale consacrée à la conservation de la nature.

Le sigle UICN signifie: Union Internationale pour la Conservation de la Nature.

La Liste rouge nationale dresse un bilan objectif du degré de menace pesant sur les espèces en métropole et en outre-mer. Elle permet de déterminer le risque de disparition de notre territoire des espèces végétales et animales qui s’y reproduisent en milieu naturel ou qui y sont régulièrement présentes.

 

La Liste Rouge ne signifie pas que toutes les espèces répertoriées  sont menacées.

 

Ainsi, la quasi totalité des turdidés chassés en France métropolitaine, sont classés LC (Préoccupation mineure), la grive mauvis est, quand à elle, classée NT (quasi menacée).

 

Donc, quand une association animaliste et anti-chasse (aujourd'hui c'est devenu un pléonasme !) souligne que telle ou telle espèce figure sur la liste rouge cela ne signifie pas obligatoirement que cette espèce est menacée.

RG 

 

 

 

La Liste rouge de l’UICN est un indicateur privilégié pour suivre l’état de la biodiversité dans le monde. Grâce à cet état des lieux, on sait aujourd’hui qu’une espèce de mammifères sur quatre, un oiseau sur sept, plus d’un amphibien sur trois et un tiers des espèces de conifères sont menacés d’extinction mondiale.

 

QU’EST-CE QUE LA LISTE ROUGE ?

 

La Liste rouge de l’UICN constitue l’inventaire mondial le plus complet de l’état de conservation global des espèces végétales et animales. Elle s’appuie sur une série de critères précis pour évaluer le risque d’extinction de milliers d’espèces et de sous-espèces. Ces critères s’appliquent à toutes les espèces et à toutes les parties du monde.

 

Fondée sur une solide base scientifique, la Liste rouge de l’UICN est reconnue comme l’outil de référence le plus fiable pour connaître le niveau des menaces pesant sur la diversité biologique spécifique. Sur la base d’une information précise sur les espèces menacées, son but essentiel est d’identifier les priorités d’action, de mobiliser l’attention du public et des responsables politiques sur l’urgence et l’étendue des problèmes de conservation, et d’inciter tous les acteurs à agir en vue de limiter le taux d’extinction des espèces.

 

La Liste rouge permet de répondre à des questions essentielles, telles que :

• Dans quelle mesure telle espèce est-elle menacée ?
• Par quoi telle ou telle espèce est-elle spécialement menacée ?
• Combien y a-t-il d’espèces menacées dans telle région du monde ?
• Combien a-t-on dénombré de disparitions d’espèces ?

 

QUELQUES CHIFFRES CLEFS:

 

Dans la dernière édition de la Liste rouge mondiale (version 2021.3), sur les 142 577 espèces étudiées, 40 084 sont classées menacées.

 

Parmi ces espèces, 41% des amphibiens, 13% des oiseaux et 26% des mammifères sont menacés d’extinction au niveau mondial. C’est également le cas pour 37% des requins et raies, 33% des coraux constructeurs de récifs et 34% des conifères.

 

Dans cet état des lieux, la France figure parmi les 10 pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées : au total, 1 889 espèces menacées au niveau mondial sont présentes sur son territoire, en métropole et en outre-mer.

 

COMMENT LA LISTE ROUGE EST-ELLE ÉTABLIE ?

 

Le système mis au point pour l’établissement de la Liste rouge est le résultat d’un vaste processus de concertation, d’élaboration et de validation de plusieurs années, mené par les experts de la Commission de sauvegarde des espèces de l’UICN.

 

Avec le système de la Liste rouge de l’UICN, chaque espèce ou sous-espèce peut être classée dans l’une des neuf catégories suivantes : 

 

- Éteinte (EX), 

- Éteinte à l’état sauvage (EW),

- En danger critique (CR),

- En danger (EN),

- Vulnérable (VU),

- Quasi menacée (NT),

- Préoccupation mineure (LC),

- Données insuffisantes (DD),

- Non évaluée (NE).

 

La classification d’une espèce ou d’une sous-espèce dans l’une des trois catégories d’espèces menacées d’extinction (CR, EN ou VU) s’effectue par le biais d’une série de cinq critères quantitatifs qui forment le cœur du système.

 

Ces critères sont basés sur différents facteurs biologiques associés au risque d’extinction : taille de population, taux de déclin, aire de répartition géographique, degré de peuplement et de fragmentation de la répartition.

 

Sources:

- UICN, Comité Français.

 

 

LISTE ROUGE TURDIDÉS DE FRANCE MÉTRO._crop.jpg
 

 

Etablie conformément aux critères de l'UICN, la Liste Rouge des espèces menacées en France vise à dresser un bilan objectif du degré de menace pesant sur les espèces de la faune et de la flore à l'échelle du territoire national.

- Statut LC: préoccupation mineure, espèce pour laquelle le risque de disparition de France métropolitaine est faible.

- Statut NA d: espèce non soumise à évaluation car régulièrement présente en métropole en hivernage ou en passage, mais pour laquelle le manque de données disponibles ne permet pas de confirmer que les critères d'une présence significative sont remplis.

- Statut DD: données insuffisantes.

- Statut NE 2: espèce non évaluée, non confrontée aux critères de la Liste Rouge mondiale.

- Statut NT: espèce quasi menacée, proche du seuil des espèces menacées ou qui pourrait être menacée si des mesures de conservation spécifiques n'étaient pas prises.

- Tendance: stable.

 

Statuts établis en 2016 pour les oiseaux nicheurs et en 2011 pour les oiseaux hivernants et de passage.

Citation des résultats UICN France, MNHN, LPO, SEOF & ONCFS (2016). La Liste Rouge des espèces menacées en France - Chapitre Oiseaux de France Métropolitaine? Paris. France

 

Remarque au sujet de la grive mauvis: statut NA d (France, passage) et NT (liste rouge mondiale).

 

"La grive mauvis est, des 5 espèces concernées, celle qui se reproduit le plus au nord. La Russie accueille 75% des effectifs européens et les 3 Pays scandinaves en rassemblent 22%. Plus que toute autre, l’avenir de cette espèce notamment en ce qui concerne ses habitats de reproduction dépend donc de 4 pays. Elle est considérée en légère diminution et représente 14 % des prélèvements." 

 

Source: Effectifs Européens et tendances de 2004 à 2015 des populations de merle noir et de 4 grives chassables. Dr J-C RICCI, Directeur scientifique IMPCF, Septembre 2017

 

♦ 

 

 Pour information:   La Grive à gorge noire (Turdus atrogularis), qui figure dans le tableau plus haut, si elle est très commune en Russie est une espèce rare en France.

 

Grive à gorge noire.jpg


25/06/2022
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Grives, le dossier historique.

 

Publié en novembre 2000, le livre "Thrushes" de Peter Clement et Ren Hathway est une véritable bible et une référence pour les amateurs de grives . Il couvre 162 espèces de turdidés, soit la quasi totalité des espèces et il comporte 540 illustrations.

Malheureusement il n'existe pas de version française de l'ouvrage.

Ceci m'a conduit à effectuer moi-même la traduction du chapitre ci-dessous.

RG

 

 

Archaeorynchus spatula (Copier).jpg

 Archaeorynchus spatula

 

Le registre fossile des grives du Pléistocène (1) (entre 12000 et 1,8 millions d’années) est, comme pour la plupart des passereaux, extrêmement limité et il existe très peu de choses qui se rapportent spécifiquement à l’un des principaux genres de grives. Ceci est dû, essentiellement, au fait que des os si fins et si fragiles sont incapables de résister à la fossilisation et laissent donc très peu de traces de leur existence. La plupart des connaissances proviennent des travaux entrepris sur les fossiles dans le Paléoarctique occidental, principalement en Europe ; à minima, quelques informations sur les grives primitives (Turdus) existent, mais pratiquement rien n’est connu des origines, du développement et de la distribution des autres espèces. La première découverte semble provenir du milieu du Pléistocène Européen et désigne une espèce du genre Turdus, éventuellement un Merle primitif ou un Merle à plastron (Turdus torquatus):

 

Merle à plastron (Copier).gif

Il existe, cependant, de nombreux cas d’espèces de Turdus découverts dans des dépôts du Pléistocène à l’occasion de fouilles archéologiques, mais, malheureusement, beaucoup de ces découvertes n’ont pas été vérifiées et pourraient se référer à n’importe quelle période à partir du Pléistocène inférieur.

La famille des Turdidés, dans son ensemble, est représentée, principalement, dans les régions tempérées et tropicales de l’Ancien Monde (2) d’où elle venait probablement.

Olson (1971)*, à partir de restes fossiles découverts en Bavière, postulait que les ancêtres des passereaux suboscines (3) ont surgi dans les tropiques du Vieux Monde, au début de la période Tertiaire (env. - 60 millions d’années) et se sont largement répandus à travers le monde. Ces premières formes ont plus tard été amplement remplacées par des oscines plus évolués (espèces dotées d’un syrinx (4) hautement développé : les oiseaux chanteurs) dans toutes leurs zones de présence, sauf en Amérique du Sud qui se trouva isolée durant la période Tertiaire.

L’isolement des oiseaux d’Amérique du Sud a permis le développement et la propagation des suboscines (sous ordre des passereaux avec un syrinx peu développé) tandis que, dans le Vieux Monde, les oscines remplaçaient leurs anciens parents.

Cela a eu pour conséquence l'apparition d'un groupe diversifié et répandu d’environ 1000 suboscines spécialisés, vivant de nos jours en Amérique du Sud. Toutefois, l’invasion du Nouveau Monde par des passereaux oscines dût se produire probablement très tôt puisque un grand nombre d’espèces du Nouveau Monde (y compris l’espèce Turdus) sont maintenant particulièrement bien répandues partout dans les Amériques et les Caraïbes.

Le tableau ci-dessous montre la répartition des grives entre régions tempérées et tropicales dans l’Ancien et le Nouveau Monde.  

 RÉPARTITION DES VARIÉTÉS DE GRIVES DANS LE MONDE_crop.jpg

 

Les grives (genre Turdus) étaient certainement présentes en Europe du Nord il y a environ 500.000 ans, avec plusieurs autres espèces (ex. Merles, Musiciennes, Mauvis). Toutes ayant laissé quelques traces de leur existence dans la période interglaciaire entre les plus récentes glaciations. Les grives du genre Turdus proviennent probablement d’Asie, où 12 espèces sont encore largement répandues, dont 6 espèces ont migré vers l’ouest  et colonisé l’Europe et neuf autres résident en Asie de l’Est et du Sud. La colonisation du Nouveau Monde, probablement suite à plusieurs invasions, a été considérable : 15 espèces résidant actuellement ou se reproduisant en Amérique Centrale (y compris le Mexique) et 18 autres en Amérique du Sud.

Il est intéressant de constater que tant d’espèces Turdus se sont développées à une telle distance de leur zone d’origine et en particulier une espèce du genre Turdus - le Merle d’Amérique - qui s’est répandue dans toute l’Amérique du Nord, rendant peu probable leur arrivée par le « pont » du détroit de Béring.

 

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Merle d'Amérique

 

Par contre, si ces espèces sont arrivées par cette route il semble que les forêts tempérées du nord (semblables à celles de l’est de l’Asie) n’étaient pas en mesure de les nourrir. L’expansion et la diversité actuelle des grives en Amérique du Sud tropicale indique clairement que ces espèces sont davantage adaptées aux forêts denses et humides, certaines, même, ont développé une préférence pour l’habitat montagnard le long de la chaîne des Andes.

L’ Afrique compte seulement six espèces Turdus, dont, parmi elles, trois - le Merle Africain (Turdus pelios), le Merle Olivâtre (Turdus olivaceus) et le Merle Kurrichane (Turdus libonyana)- sont très semblables et avec le Merle à Lunettes (Turdus nudigenis) montrent tous les signes de la descendance d’un ancêtre commun.

 

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Merle Africain                            Merle olivâtre

 

 

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Merle Kurrichane                                                                      Merle à lunettes

 

 

Les trois premières espèces sont particulièrement bien dispersées en de nombreuses sous-espèces au sud du Sahara, chacune mettant en évidence leur dépendance aux différents types de forêts.

Le Merle Olivâtre est le meilleur exemple d’évolution convergente des grives dans l’Ancien et le Nouveau Monde, il en est de même pour le Merle à Ventre roux (Turdus rufiventris) qui vit dans une zone qui va de l’est du Brésil à l’Argentine. Il est si similaire qu’il pourrait être considéré comme con-spécifique si les deux espèces partageaient le même continent.

 

Merle à ventre roux.jpg

                                                                                     Merle à ventre roux

 

 

Comme le faisait remarquer Moreau** (1966), « cela pourrait être considéré comme une preuve de la colonisation récente de l’autre coté de l’Atlantique sud, mais compte tenu du répertoire limité des couleurs et des motifs dans le gène Turdus il semble préférable de considérer que la ressemblance entre ces deux grives est due à la convergence. Ceci est également renforcé par le fait que plusieurs autres grives en Amérique du Sud, du genre Turdus, particulièrement le Merle à ventre fauve ou Grive à ventre ocré (Turdus fulviventris) et jusqu’à un certain point le Merle austral (Turdus falklandii) partagent ce plumage caractéristique orange vif ou roux sur le ventre et les flancs.

 

Merle à ventre fauve.jpg Merle austral (Copier).jpg
Merle à ventre fauve                                                                        Merle austral

 

En outre, il semble que différentes nuances de rouge se produisent sur les parties inférieures de plusieurs espèces Turdus non apparentées, allant de la couleur fauve pâle chez la Grive obscure (Turdus obscurus) et la variété méridionale confinus du Merle d’Amérique, jusqu’au rouge-roux profond du Merle des Izu (Turdus celaenops), plusieurs espèces de Merles des îles (Turdus poliocephalus), le Merle de La Selle (Turdus swalesi) ainsi que toutes les autres races de Merle D’Amérique.

 

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             Grive obscure                                Merle des IZU                  Merle des Isles                     Merle de La Selle

Immédiatement à l’Est et à l’Ouest du continent africain il y a deux espèces Turdus endémiques à deux iles : le Merle olivâtre (Turdus olivaceus) et le Merle des Comores (Turdus bewsheri).   

Le premier vit sur les îles Sao Tome et Principe situées dans le Golfe de Guinée, le second sur trois des quatre îles de l’archipel des Comores dans l’Océan Indien. Alors que ni l’un ni l’autre ne montre d’affinité morphologique particulière ou de ressemblance avec n’importe quelle autre espèce Africaine, ils partagent entre eux deux des points de similitude (principalement des barres sur le dessous, caractéristique rare chez les grives du genre Turdus) Et ceci, en dépit du fait que les deux espèces soient séparées par plus de 4000 km et par le continent Africain. Il est facile de supposer qu’elles peuvent avoir dérivé d’un ancêtre commun, peut-être d’Afrique continentale, dont la souche s’est éteinte depuis. Cependant, cela soulève la question de savoir pourquoi un ancêtre commun du continent n’a laissé aucun lien à travers une espèce existante, puisque le continent africain dans son ensemble n’est pas inhospitalier pour l’espèce...

 

ξ

 

Notes du traducteur:

  

* Storrs L. OLSON, biologiste et ornithologue américain (1944-2021), Smithsonian Institution.

 

** Reginald E. Moreau, ornithologue britannique amateur (1897-1970) et Président du British Ornithologist’s Union.

 

 

(1) Le Pléistocène est une époque de la préhistoire, faisant partie de la période du Quaternaire. Il s'étend d'il y a environ 2,8 millions d'années à 11 700 ans. Il est précédé par le Pliocène et est suivi par l' Holocène, qui est l'époque actuelle. Les premières espèces du genre Homo sont apparues au début du Pléistocène.  Homo Erectus a domestiqué le feu, il y a environ 700 000 ans.

 

(2) L’Ancien Monde se réfère à la partie du Monde connu par les Européens depuis l’Antiquité avant les voyages de Christophe Colomb : l'Europe, l'Asie et l'Afrique (Afro-Eurasie). Par distinction au Nouveau Monde: les Amériques et l'Océanie.

 

(3) Suboscines : désigne des passereaux non chanteurs ayant une anatomie et un comportement plus primitifs que les passereaux chanteurs (oscines) qui ont un meilleur contrôle vocal.

 

(4) Syrinx : organe du chant des oiseaux, situé à la bifurcation de la trachée ou sur la trachée elle-même qui leur permet de faire des vocalises.

 

 

 


14/03/2022
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